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jour de colere de carl theodor dreyer

  • JOUR DE COLERE (Dies Irae) de Carl Theodor Dreyer (1942) ***

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    En 1623, dans un village du Danemark, le pasteur Absalon vit avec sa mère, Merete, et la très jeune Anne, qu'il a épousée au prix d'un odieux chantage. Lorsque Martin, fils d'Absalon et du même âge qu'Anne revient chez son père, l'amour est rapidement partagé entre les deux jeunes gens. Par ailleurs, Marte, une vieille femme qui soigne les paysans avec des plantes est arrêtée pour sorcellerie après avoir tenté de se réfugier auprès d'Anne. Tous ces événements vont se retrouver peu à peu intriqués et bouleverser toutes les existences.

    J'imagine qu'évoquer ce vieux film de 1942 ne va pas intéresser les foules mais je tenais à vous en parler un peu car j'ai décidé (depuis que j'ai trouvé mon prof en cinéma) d'essayer de me rendre le plus régulièrement possible au ciné-club de mon Art And Try pour parfaire mon éducation cinéphile. Je ne sais comment je vais faire pour y traîner le warrior par les cheveux étant donné qu'il n'en a plus... mais revoir des films oubliés, en découvrir d'autres (comme celui-ci) auquel je n'aurais eu accès autrement, c'est tout simplement PASSIONNANT. Mais en plus du film exhumé, le débat qui s'ensuit est lui aussi très intéressant parce que le Monsieur qui l'anime est un puits de science cinéphilique et que je m'aperçois devant la multitude des interprétations, à quel point un film est un objet abandonné aux spectateurs...

    Ici il est question d'une jeune femme frustrée de tout, d'amour, de tendresse, de sexe mais aussi privée de sa jeunesse. Face à Martin elle imagine l'évidence du coup de foudre réciproque. Or, il n'y a rien qui ressemble plus à un père que son fils. En s'offrant à Martin, elle met en place une tragédie alors qu'elle n'aspire qu'au bonheur. Martin se révèlera aussi bigot que son abruti et hypocrite de père. Et même si Anne trouvera également le courage de s'opposer à son impitoyable belle-mère, son existence comme celle des femmes de cette époque sera niée. Victime de l'hypocrisie, de la religion (et surtout de l'hypocrisie de la religion qui préfère considérer les femmes comme des sorcières dès lors qu'elles n'entrent pas dans le rang...), elle finira par renoncer, découragée persuadée de n'avoir fait qu'un rêve, mais un beau rêve.

    Le noir et blanc sublime permet à Dreyer de composer de véritables tableaux entre ombre et lumière. Plus méconnu que sa Passion de Jeanne d'Arc considéré comme son chef d'oeuvre (alors que définitivement je préfère et de loin ce film ci... les yeux de Falconetti, mouais bon !), Dies Irae dénonce l'intolérance et le fanatisme et démontre que les hommes ne parlent qu'en termes de péché et que les femmes sont toujours les éternelles sacrifiées.