L'ENFANT D'EN HAUT de Ursula Meier *
En haut, il y a les pistes, les touristes, la neige, le soleil, l'argent. En bas, il y a Simon 12 ans et sa soeur Louise. Ils vivent dans une tour. Tout est gris, sinistre. Ils n'ont pas de parents, pas d'argent, à peine de quoi manger. Louise garde rarement un travail alors pour subvenir aux besoins, Simon vole les riches d'en haut et vient en bas brader son butin. Entre les deux mondes qui ne se rencontrent jamais, ou à peine, un téléphérique que Simon emprunte chaque jour pour son rituel.
Entre Ken Loach et les Frères Dardenne se trouve ce film d'Ursula Meier qui tente de nous raconter une histoire, un drame familial, à moins qu'il ne s'agisse d'une métaphore hardie entre Suisse d'en haut et Suisse d'en bas, ou des deux à la fois. Sauf qu'un film aussi poussif et répétitif (je n'ai pas compté le nombre de fois que Simon vole des skis !) est avant tout ennuyeux. J'hésite entre bonnes intentions sincères (la misère c'est moche, il faut le dire) et narcissisme (regardez comme je filme bien la poissitude de la vie). La réalisatrice semble pousser le réalisme à l'extrême et en même temps oublie quelques éléments. Je n'ai pas pu m'empêcher de me demander comment les deux personnages payaient le loyer de leur appartement par exemple. C'est un détail mais cela paraît impensable que les services sociaux ne leur tombent pas sur le poil. Sans compter que le petit de 12 ans se met brusquement à parler anglais couramment et les anglais du film déclament leurs répliques deux fois (une fois en anglais, une fois en français : RIDICULE !) Lorsque le grand twist familial est révélé (merci encore à Laurent Delmas et Christine Masson d'avoir fait une fois de plus leurs "relous"...), on sent poindre un soupçon d'émotion et le rythme du film s'accélère un peu. Les personnages s'animent tout à coup. Et puis non. C'est l'acharnement qui prévaut, contre Simon, qu'aucun adulte ne cherche à secourir, bien au contraire. Seul le personnage d'une bourgeoise anglaise en vacances avec ses enfants (Gillian Anderson : MAGNIFIQUE !) fera montre d'un peu d'attention mais renoncera... Tant de cruauté contre un enfant finit par mettre réellement mal à l'aise.
Les deux acteurs n'y sont pour rien. Pour une fois Léa Seydoux (beaucoup plus crédible dans un rôle d'exclue paumée que de bourgeoise) a de bonnes raisons de faire la gueule. Et le petit Kacey Mottet Klein est parfait. Mais que c'est long, et froid et ennuyeux !