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l'histoire d'un mec

  • Coluche, l’histoire d’un mec d’Antoine de Caunes *(*)

    Coluche, l'histoire d'un mec - François-Xavier Demaison

    En fait, ce n’est pas l’histoire d’un mec, c’est juste l’histoire d’une année dans la vie d’un mec, mais pas n’importe quelle année de n’importe quel mec. L’année c’est 1980, juste avant les élections du 10 mai 1981 où l’on crut dur comme fer que quelque chose allait changer. Le mec c’est notre « enfoiré » préféré, Coluche qui, alors qu’il triomphe tous les soirs en spectacle, décide de se présenter aux élections présidentielles « pour leur foutre au cul »… Il invite donc tous les « les fainéants, les crasseux, les drogués, les alcooliques, les pédés, les femmes, les parasites, les jeunes, les vieux, les artistes, les taulards, les gouines, les apprentis, les Noirs, les piétons, les Arabes, les Français, les chevelus, les fous, les travestis, les anciens communistes, les abstentionnistes convaincus, tous ceux qui ne comptent pas pour les hommes politiques à voter pour » lui. En fait, Coluche n’obtiendra jamais les 500 signatures nécessaires à sa canditature qu’il retirera en mars 81, terrifié par l’ampleur que prend ce qui avait commencé comme un canular (16 % d’intentions de votes !), son éviction des chaînes de télé et de radio, des menaces de mort…

    La reconstitution est impeccable mais je reproche à Antoine de Caunes de ne pas s’être « concentré » sur son sujet. On ne sent pas suffisamment l’angoisse monter, l’ampleur que prend le phénomène et surtout comment cette ascension fulgurante et cette chute vertigineuses ont détruit Coluche et sa famille. Un jour ça l’amuse, puis il prend peur et ça ne l’amuse plus. Par contre, on nous affirme sans nous le démontrer que la prise de pouvoir par la gauche en 1981, nous la devons à Coluche…

    Par ailleurs, on est accablé de scènes sur la vie de la star et sur le fait que la notoriété donne beaucoup de désinvolture… Entouré d’une cour de parasites pique-assiettes, la maison de Coluche avec piscine et billets de 500 francs qui traînent à disposition, ne désemplit jamais. Si on ne connaît pas (comme c’est mon cas) la vie de Coluche dans le détail, on n’a aucune idée de ce que ces gens font là, qui ils sont, lesquels « travaillent » réellement pour lui ou sont ses amis. Evidemment, ce qui saute aux yeux, c’est que le fait d’être constamment entouré, avec de rares moments d’intimité (entre la cuisine et le salon) avec sa femme Véronique, étrangement passive, qui finira par le quitter parce qu’il ne la fait plus rire, n’empêche pas l’infinie solitude de cet homme. Mais cela n’émeut jamais. On comprend l’amour démesuré du réalisateur pour son personnage et son acteur mais il ne le nous transmet pas. Il parsème son film des meilleurs bons mots du comique et finalement la prestation la plus tordante est celle, quasi silencieuse de Georges Marchais.

    Par contre, le sans faute, l’idée de génie est d’avoir dégoté et vu en François-Xavier Demaison LE Coluche indiscutable. Si ce rôle écrasant risque de lui coller aux basques un certain temps c’est qu’il y est tout simplement génial, prodigieux, étourdissant. Le moindre de ses gestes, sa voix, sa démarche, tout est là et c’est parfois même très troublant. Pour lui, ce film est une vraie curiosité.

    Cela dit, on se prend quand même à rêver ou simplement à se demander quel pourrait être le clown qui aujourd’hui ferait obstacle à la farce actuelle…