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le scaphandre et le papillon -

  • Le scaphandre et le papillon de Julian Schnabel ****

    Jean-Dominique Bauby, rédacteur en chef au magazine « Elle » se réveille d’un coma de trois semaines. Les médecins lui apprennent –plus ou moins délicatement- qu’il est à l’hôpital maritime de Berck atteint d’un « locked in syndrome » (syndrome d’enfermement : le scaphandre), séquelle rarissime (500 cas en France) d’un accident vasculaire cérébral. Paralysé de la tête aux pieds, incapable de bouger, de parler et de respirer sans assistance, le seul lien qui lui reste avec le monde est sa paupière gauche (le papillon). Le mental et l’intellect sont également indemnes…

    Passé le choc violent de la stupeur consternée puis de l’accablement impuissant, Jean-Do découvre qu’il n’y a pas que son œil qui soit intact : il lui reste son imagination et sa mémoire. Jusque là, cet homme pressé plutôt égoïste, va, contraint et forcé, laisser errer son esprit libre et se rêver aux quatre coins du monde. Pour survivre. Il ne va pas renoncer à son projet d’écriture. Il devait se consacrer à la vengeance au féminin en revisitant « Le comte de Monte Cristo », il va choisir de raconter l’emprisonnement de son corps qui laisse néanmoins l’esprit libre. Grâce au mouvement de son œil gauche et à l’aide de Claude patiente et dévouée (magnifique Anne Consigny), il va dicter son roman (dont est tiré ce film) en clignant la paupière alors que l’alphabet lui est dicté.

    Dès lors, presqu’en fond sonore, le film sera rythmé par cette séquence : E.S.A.R.I.N.T.U.L… répétée inlassablement. Quand la lettre convient, Jean-Do cligne de l’œil ! Travail colossal, monumental, fastidieux. Jean-Do décide de ne plus jamais se plaindre…

    Filmé d’abord en caméra subjective, tout ce qui est montré est l’angle de vue de cet homme immobile qui ne voit plus que d’un œil. Le seul moment insupportable (qui aurait pu être évité ?) étant celui où l’on coud l’autre paupière… alors que « nous » sommes à l’intérieur de l’œil… Julian Schnabel évite absolument le pathos et à aucun moment ne vient chercher nos larmes de force. Si l’émotion est là, la dignité aussi. Je craignais le moment où l’on découvre le corps et le visage du malade. Là encore, il n’est pas présenté comme un monstre mais approché, intelligemment sans convoquer les violons du dolorisme. Les scènes les plus bouleversantes reviennent au père (Max Von Sidow : immense) lui aussi emmuré d’une certaine manière.

    Mathieu Amalric que l’on peut voir en quelques flash-backs, valide, charmeur, séducteur, hyper actif, prête son corps et son visage martyrisés à Jean-Do. Mais c’est aussi ou surtout sa voix, assez unique, aux accents traînants qui rythme ce beau film et nous rend toutes l’expression, les émotions et les sensations d’un homme immobile qui reste un homme intelligent, plein d’humour, parfois grivois, triste ou en colère… VIVANT.

    Je crois que le message, si message il y a, est que la vie et la santé sont fragiles et précieuses, qu’il faut en prendre soin et ne pas attendre qu’un grand malheur frappe pour le réaliser.

     

    P.S. : ma cannoise de choc prévoit une palme d'or pour ce film... J'aimerais aussi un prix pour Mathieu Amalric.