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les témoins -

  • Les témoins d'André Téchiné ****

    Sarah (écrivain en panne d'inspiration) et Mehdi (flic) viennent d'avoir un bébé qui encombre Sarah. Manu, très jeune homme de 20 ans vit avec sa soeur Julie (artiste lyrique). Il devient platoniquement l'ami d'Adrien (médecin chercheur de 50 ans) après leur rencontre dans un lieu de « drague » pour garçons à Paris. Adrien lui est fou amoureux de Manu.
    Tous ces personnages, amis ou pas, se rencontrent, se jalousent, se manquent, se mentent, se cherchent, se trouvent, se quittent, s'aiment. Nous sommes en 1984 et c'est l'intrusion d'un invité inattendu, d'abord présenté comme un virus exotique qui va réellement sceller le destin et l'avenir de tous. Le nom de ce fléau assassin qui tue d'amour ne sera prononcé qu'une seule fois : le sida !
    Téchiné film avec fièvre et néanmoins sobriété quatre saisons dont une en hiver. Il évite avec virtuosité tous les pièges commodes qui lui étaient tendus avec un tel sujet. Jamais, à aucun moment il ne va nous faire sombrer dans le mélo et nous tirer des larmes faciles, ce qui aurait été si simple avec la tragédie qui se joue. Si les yeux restent secs, le coeur palpite néanmoins devant tant de maîtrise qui écarte d'emblée le pathos. L'épouvante reste encore à ce jour de donner la mort par amour. Le réalisateur nous le rappelle avec vigueur. L'état d'urgence est toujours d'actualité devant les sentiments purs qui s'imposent à nous parfois et qui se trouvent anéantis, ce qui était vu comme une punition par le légitime et tout aussi innocent désir sexuel.
    Mourir d'aimer !!!
    Téchiné répète ce que l'association de ces deux mots a de contradictoire et d'aberrant. C'est insensé et irrationnel. La mort est forcément au bout de ce voyage douloureux mais aussi et curieusement : la vie.
    Les personnages de l'histoire ne sont pas forcément ou immédiatement sympathiques. Sarah (Emmanuelle Béart), solaire dans ses robes jaune éclatant est une femme amoureuse, une amie passionnée qui ne parvient pas à aimer son enfant. Adrien (Michel Blanc) est l'amoureux éconduit, l'ami qui fait parfois défaut mais parvient à dépasser ses propres douleurs par compassion et dévouement. Julie (Julie Depardieu) que l'on découvre peut-être pour la première fois sans doute dans un rôle grave et fort, ne joue plus les farfelues de service ; ça lui va à merveille. C'est un ange ! Le jeune Manu (Johan Libéreau) est la révélation, plein de fougue, de jeunesse et de fraîcheur.
    Et puis, au-dessus de tous ces acteurs pourtant fabuleux, une nouvelle fois c'est Mehdi (Sami Bouajila) qui se montre le champion du monde toute catégorie de l'intensité. Il incarne et matérialise véritablement toutes les facettes de son personnage complexe, mélange d'évidence et d'ambigüité. Un acteur magnifique à tout point de vue.
    Ce film célèbre sans pathos le bonheur d'être VIVANT.

     Merci.