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magne havard brekke

  • UN AMOUR DE JEUNESSE de Mia Hansen LØVE *

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    Camille 15 ans et Sullivan 19 ans s'aiment de toute la force éternelle de leur premier amour, celui qu'on oublie pas et qui peut marquer à tout jamais. Et c'est bien ce qui va arriver aux deux tourtereaux marqués à tout jamais par cette relation intense vécue sans entrave comme des grands. Mais ils vont être séparés à la fin de l'été, Sullivan ayant choisi d'abandonner ses études et de partir pour un périple de plusieurs mois en Amérique du Sud sans sa chérie. Camille s'étiole (mais on ne voit pas beaucoup de différence avec les moments où elle prétendait être heureuse) sous le regard incrédule de ses parents qui ont souvent la tête ailleurs et considèrent cette amourette sans importance. Sullivan écrit puis n'écrit plus. Camille tente de se suicider. Les années passent. Camille fait des études, tombe amoureuse de son prof, devient architecte, fait une fausse couche, retrouve Sullivan qui l'abandonne à nouveau...

    Et moi je vais sans doute faire une grosse tache dans le concert de louanges et autres dithyrambes enflammées que j'ai lues partout. En effet, le miracle de "Tout est pardonné" où l'on découvrait une ado magnifique, et plus encore du "Père de mes enfants" où il était impossible de ne pas se pâmer devant un acteur sublime, les deux premiers films de Mia Hansen Love, ne se reproduit pas. "Un amour de jeunesse" est un gentil et joli petit film qui se regarde un peu trop et très délicatement le nombril (si tant est qu'un film ait un nombril) et finit par provoquer un léger bâillement contemplatif et l'envie de bousculer les bobines finales en implorant "va falloir penser à conclure Madame Love !"

    Ce qui ne va pas du tout dans ce film c'est que dès le début Camille boude... et elle boudera pendant toute la durée de l'histoire, c'est-à-dire pendant plus de 10 ans. Parfois, elle ira un peu plus loin : elle pleurera mais mollement, doucement, tranquillement, sans un mot. Camille parle très peu et lorsque ça lui arrive, elle parle très bas. Rarement il est donné de voir au cinéma un personnage qui n'évolue pas d'un iota. Fidèle à elle-même bien sûr et à son grand amour, Camille reste la même. Et il m'a été impossible de la trouver touchante voire crédible et j'ai eu bien du mal à comprendre comment ce garçon, égoïste certes, mais sincèrement amoureux, bohême et en quête réelle de "quelque chose" pouvait s'accrocher à cette petite qui l'accable sans cesse de reproches en pleurnichant et remettant constamment en cause ses sentiments. Tout en clâmant évidemment qu'elle ne peut vivre sans lui. Ce qui effraie grandement Sullivan qui, plus adulte que son âge affirme que personne ne peut être "tout" pour une autre.

    Evidemment il n'y aurait pas eu de film si Camille s'était contentée d'attendre son Roméo qui lui promettait de revenir après quelques mois mais son comportement n'a fait qu'éloigner Sullivan encore plus qu'il ne l'était déjà par la distance. C'est certain, le plus difficile c'est toujours pour celui qui reste, et Sullivan avait forcément le beau rôle en allant découvrir l'Amérique, mais l'apathie et la nonchalance de Camille ont eu raison de ma patience (aussi).

    Une coupe de cheveux plus tard, la voilà étudiante en architecture. Toujours solitaire mais avec un but. La scène où un prof décortique son ouvrage/maquette est l'une des plus exaspérantes que j'ai vues depuis longtemps. Sans un mot et avec une petite bouille de bête traquée, elle écoute sans moufter et le prof d'analyser à n'en plus finir la combinaison de quatre planches avec un arbre au milieu. Pontifiant comme jamais. Puis Camille devient brusquement le soleil qui se met à illuminer la vie d'un architecte de trois fois son âge... Et on n'y croit pas plus qu'à son amour pour Sullivan. Car une fois encore elle se montre tout aussi triste, absente et silencieuse.

    Puis Sullivan revient et ce qui va se passer là est tellement saugrenu que je vous le laisse découvrir. Comment faire du surplace pour que la vie soit une succession d'épreuves ?

    Par contre, il y a dans ce film un personnage tout à fait intéressant, j'irai preque jusqu'à dire fascinant et c'est bien celui de Sullivan. Bohême, désordonné, insouciant, instable mais en soif permanente d'autre chose ailleurs, il semble fuir constamment. Fuir Camille qui lui en demande trop malgré l'amour qu'il lui porte, fuir Paris qui lui fait peur et tenter de se trouver lui-même. C'est un garçon différent qui croise la route d'une fille ordinaire mais qui malgré tout est foudroyé par un sentiment qui le dépasse. Car c'est souvent comme ça l'amour. Inexplicable. Et tant mieux. Face aux silences (sans éloquence) de Camille, il y a les longues lettres de Sullivan qu'il lit en voix off. Elles sont belles, subtiles, cruelles et parfois infiniment lucides quant aux comportements et attitudes négatives de Camille. Le jeune acteur Sebastian Urzendowsky, allemand comme son nom ne l'indique pas vraiment et déjà vu dans un film de 2005 "Ping Pong" est LA révélation de ce film.