Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

pablo pineda

  • YO, TAMBIEN de Álvaro Pastor y Antonio Naharro ***

    19463619_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20100616_115558.jpg
    19463617_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20100616_115557.jpg
    Daniel obtient son premier boulot dans un centre social à Séville. C'est un événement car il a 34 ans, il vit toujours chez ses parents mais surtout, il est trisomique. Malgré son handicap il a obtenu des diplômes ce qui le rend unique. Ses collègues l'accueillent chaleureusement et ne tardent pas à l'apprécier. Daniel se lie plus particulièrement avec l'une d'entre elles, Laura, jeune femme seule, familière et désinvolte qui noie son cafard dans l'alcool et le tabac et multiplie les rencontres d'un soir. L'amitié particulière de Laura et Daniel va évoluer vers l'intimité et progressivement vers des sentiments qui vont les exposer, provoquer les regards et les jugements des autres, aussi bien dans l'entourage familial que professionnel.
    L'acteur principal Pablo Pineda est réellement trisomique. Il y a des caractéristiques physiques qui ne trompent pas et sont immédiatement visibles. Mais il explique aussi dans le film que le palais des trisomiques est beaucoup plus petit ce qui oblige la langue à se positionner d'une certaine façon et provoque des difficultés d'élocution. Le film s'inspire par ailleurs de sa propre vie puisqu'il est le premier trisomique en Europe à avoir obtenu un diplôme universitaire. Contrairement à ce que j'ai lu ici ou là, le fait que Daniel soit différent d'une part par son handicap, d'autre part parce qu'il est très intelligent mais aussi doté d'un humour solide et irrésistible qui le fait répondre du tac au tac à certaines remarques désobligeantes, rend la rencontre et l'attirance de Laura vraiment plausible. Elle ne se sent pas attirée par lui par compassion mais bien parce que cet homme est intelligent et drôle.
    Evidemment il y a des facilités, des évidences, de bons sentiments de ci de là mais sur un sujet aussi casse-gueule, les réalisateurs réussissent un film vraiment tendre, jamais malsain ou voyeuriste avec de beaux moments de complicité et d'autres parfois plus cruels. Les rapports que Daniel entretient avec ses parents à qui il doit le fait d'avoir développé cette intelligence hors du commun et avec son frère qui l'aime et le protège mais qui refuse de culpabiliser d'être "normal" sont vraiment bien vus et donnent lieu à de belles scènes (celle où son frère lui dit "une femme avec 46 chromosomes ne pourra pas tomber amoureuse de toi"...) qui font réfléchir. Comment réagir lorsqu'on découvre qu'on a un enfant qui ne sera jamais comme les autres ? Mais c'est surtout quand ils deviennent adultes que les vrais problèmes surviennent et que la souffrance se manifeste. Leur apparence les fait toujours ressembler à des enfants, ce qu'ils ne sont plus. On suit d'ailleurs, parallèlement à l'histoire principale, celle de deux jeunes trisomiques de 24 ans, amoureux l'un de l'autre et qu'on cherche à séparer.
    Jamais lacrymal mais toujours honnête et respectueux ce film nous ouvre les yeux sur une douloureuse différence et notre façon de la percevoir et de la tolérer.