Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

paranoïd park - cinéma

  • Paranoïd Park de Gus Van Sant ****

    Paranoid Park - Gabriel Nevins

    Alex ose s’aventurer dans Paranoïd Park, endroit malfamé où se réunissent les skaters quasi délinquants de Portland. En voulant échapper à un agent de sécurité qui le poursuit, il le frappe avec son skate board. L'homme tombe sur la voie ferrée et est littéralement coupé en deux par un train. Alex voudrait oublier, tout simplement, il ne se confie à personne mais il est rattrapé par l’enquête de police…

    Gus Van Sant est réellement un magicien du cinéma. Il le réinvente, bouscule le spectateur et propose toujours une vision unique, inédite et personnelle de ce qu’est un film. Et il réussit à chaque fois le tour de force de re-donner envie de re-voir tous ses films précédents (en ce qui me concerne surtout « Last days » puis « Gerry » puis « Elephant »). Ce Paranoïd Park est une nouvelle aventure fascinante, troublante où on retrouve la patte du maître (flash-backs, mêmes plans répétés, acteurs qui marchent filmés de dos…) et où on s’étonne encore et encore de cette virtuosité et de cette limpidité. Son héros, le jeune Alex est interprété par un ado (non professionnel comme souvent chez Van Sant), Gabe Nevins, qui offre son visage lisse et pourtant étonnamment expressif, ses grands yeux qui s’égarent vers ce qui le ronge de l’intérieur : à la fois la culpabilité et le désir que tout redevienne comme avant. Le réalisateur parvient à filmer l'introspection, l'intériorité et à révéler les sentiments d'un personnage quasi mutique...

    Alex n’est de toute façon pas un ado comme les autres car à la blonde Barbie obsédée par son (dé)pucelage, il préfèrera une autre fille, boutonneuse et beaucoup moins jolie, mais tellement plus intéressante, intuitive et lucide. Comme toujours les parents/adultes sont absents ou de vagues ombres lointaines qui tentent d’entrer en communication avec ces jeunes si seuls. Alex/Gabe est tout simplement extraordinaire et on ne le quitte pas des yeux une seconde, tant son imperturbable calme apparent est impressionnant et troublant.

    Quant à la bande son, comme d’habitude, elle est à tomber par terre.

    Ce qui est réjouissant également c’est de lire ce que le jeune Gabe Nevins dit depuis qu’il a tourné ce film :

    «J’ai répondu à une annonce dans le journal. Je voulais être figurant. Gus m’a proposé le premier rôle. J’hésitais, c’était trop de responsabilités. Ma mère, qui connaissait ses films, m’a fait comprendre que travailler avec lui était un privilège. Je voyais des gens qui mouraient d’envie de le rencontrer sans y parvenir. J’ai fini par accepter. J’ai loué « Elephant », « My own Private Idaho » et « Will Hunting » qui m’ont renversé. Moi qui regardais les blockbusters et les comédies de mon âge, j’ai compris que le cinéma pouvait être un art… Ma vie a changé. Avant j’attendais la fin du lycée pour aller faire du skate avec les potes dans ma banlieue de Portland. Depuis la fin du tournage, j’ai des super notes. Je veux réussir et réaliser des documentaires. Gus a donné une direction à ma vie ».

     

    Gus et le cinéma... sans doute !