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The road to Guantanamo de Michaël Winterbottom***

   Michaël Winterbottom continue son tour du monde des indignations, ses voyages au bout de l’enfer (« Welcome to Sarajevo » en 97).
3 jeunes amis anglais, d’origine pakistanaise, en rejoignent un quatrième au Pakistan où ce dernier doit se marier. De là, ils souhaitent se rendre en Afghanistan, pour aider les populations en détresse et profiter de leur séjour pour se rendre utiles… Quelle idée de faire du tourisme à Kandahar en plein fief taliban en octobre 2001 ??? Se trouver au mauvais endroit au mauvais moment est l’histoire de ces quatre garçons. Grimpés par erreur dans le mauvais camion, ils se retrouvent raflés par les soldats de l’Alliance du Nord, considérés comme combattants puis membres d’Al Qaïda, leur cauchemar peut commencer. Trimballés de camp en camp sans explication, les tortures morales et physiques : humiliations, viols, coups se succèdent. Au terme de quelques semaines, ils enfilent la fameuse combinaison orange que plus personne n’ignore, un sac sur la tête, enchaînés, numérotés, étiquetés les voilà en route pour Guantanamo/Cuba, zone de non droit de notre monde occidental et civilisé…
A genoux, toujours enchaînés, interdits de parler, de bouger, de prier ils sont bousculés, maltraités, insultés, interrogés, punis, humiliés toujours.

Et brisés, à jamais.
Au milieu de cette atrocité, une embellie : une nuit dans sa cage, un prisonnier dort. Un soldat s’approche et lui dit : «bouge pas il y a une tarentule près de toi ». Le soldat entre, écrase l’araignée, le prisonnier dit «merci» : 15 secondes d’humanité dans ces deux années d’épouvante, dans cette heure et demi à la limite du soutenable pour le spectateur.
Winterbottom reconstitue l’horreur comme une fiction avec de jeunes acteurs amateurs épatants mais ponctue son récit des interventions des vrais protagonistes libérés après deux ans d’ignominie, et toujours sans explication.
Est-ce la force ou l’insouciance de leur extrême jeunesse (20 ans) qui leur fait dire qu’ils sont plus forts à présent, qu’il ne faut par regarder en arrière ? En tout cas, cheveux courts et rasés au début, on les retrouve barbus et plus religieux à la fin… avec dans le regard une expression de terreur et de méfiance qui ne les quitte plus.
700 hommes sont passés à Guantanamo. Il en reste 400 aujourd’hui. 10 ont été jugés. Aucun n’a été reconnu coupable de quoi que ce soit.
Est-ce que ce monde est sérieux ?

P.S. : Winterbottom est vivement critiqué car il ne prendrait aucun recul vis-à-vis de cette histoire et surtout de ces personnages dont à aucun moment il ne met en doute le témoignage. Certes. Mais peut-on mettre en doute l'existence de Guantanamo ?

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