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INDIGENES de Rachid Bouchareb ****

 

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- « Ne les appelez pas les indigènes, mon capitaine !

- Ben, les musulmans alors ?

- Non, ils n’aiment pas non plus.

- On doit les appeler comment alors ?

- Les Hommes mon capitaine !!! ».

Il y a toujours des scènes ou des répliques chocs dans les films. Ce film est un choc à lui tout seul. Des « africains » se sont engagés pour libérer la France, ici, Rachid Bouchareb s’intéresse aux algériens et aux marocains qui viennent pour la première fois fouler le sol de la « mère patrie », chanter « La Marseillaise » et libérer la France du nazisme. Le périple commence en Italie, se poursuit en Provence pour se terminer dans les Vosges puis en Alsace où quatre hommes résistent en attendant l’arrivée de la troupe… Quatre hommes dans la tourmente, transformés en « chair à canon » destinés à monter à l’assaut en première ligne ! Des hommes qu’on a utilisés, à qui on a menti et qu’on a oubliés.

Vive la France !

Rachid Bouchareb souhaite simplement que justice leur soit rendue en leur donnant une place dans les livres d’histoire, c’est peu, c’est énorme. Rendons dès à présent au moins hommage à son très très beau film, vibrant et bouleversant, qui alterne les scènes de bravoure militaire et les moments intimes. Mais ici, une fois encore, les soldats ne meurent pas dans des ralentis esthétisants et déplacés. Les hommes même s’ils sont solidaires et fraternels ne sont pas en colonie de vacances, comme parfois dans certains films, où entre deux combats, ils semblent être dans une fête entre potes. La guerre pue, les hommes crèvent de trouille, le temps s’étire, les injustices pleuvent (permissions pour les « métropolitains » et pas pour les « indigènes » par exemple…). Pratiquement deux ans à libérer un pays qui les ignorera, les rejettera, alors qu’ils se demandent parfois : « qu’est-ce qu’on fout ici mon capitaine ? ».

Le film est beau, intense, puissant et la dernière demi-heure, beaucoup plus romanesque et spectaculaire est déchirante et bouleversante. Le tout dernier plan, douloureux et poignant vous laisse effondré dans votre fauteuil. Une fois encore, le public ne s’y trompe pas, qui ne peut manifester son adhésion qu’en applaudissant.

Que dire des interprètes, sinon que Wong Kar Wai et son jury ne se sont pas trompés non plus à Cannes, même si Sami Bouajila me semble dominer cette interprétation sans faille. Il faut dire que son rôle est magnifique, et il est époustouflant d’énergie et d’obstination tranquilles ! De Samy Nacéri se dégage une force intérieure inouïe, une rage contenue impressionnante. Roschdy Zem, à la fois calme et tendu est une sorte de colosse tendre et fragile. Jamel Debbouze fait parler ses yeux comme jamais, prêt à tout pour être aimé et reconnu. Bernard Blancan, déchiré, à la fois brusque et humain est parfait.

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Une histoire oubliée, voire méconnue, racontée par des acteurs impliqués, concernés, véritablement « habités »…

faites-leur un triomphe car le film est magnifique !

Commentaires

  • La première, c'etait pour Penelope, et la seconde, pour Bouajila, alors...

  • Je me disais bien que t'étais sortie hier soir...
    Moi, j'y vais bientôt avec mes élèves.

  • Une image, c'est comme un mot, le référent d'un concept. Tant qu'ils n'existent pas , ce qu'ils représentent non plus.
    Ouah, Wenders il me rend philosophe !

  • Ce film est sublime et nécessaire. Courez y!!

    Peut-on juste m'expliquer pourquoi leurs prix d'interprétation à Cannes, là aussi une évidence, ont reçu si peu d'échos médiatiques...? Enfin, je fais la fausse naïve, j'ai quelques idées sur la question!

    Ce film est bouleversant d'autant plus lorsqu'on connaît le parcours du combattant pour qu'il se fasse. J'en ai longuement parlé lors du festival de Cannes sur mon blog, je ne vais pas radoter mais allez le voir, vous ne pourrez qu'être aussi enthousiastes que Pascale et moi!

    Toute la différence entre "Indigènes" et "Président", entre un chef d'oeuvre et un film démagogique: la sincérité. J'y reviendrai.:-) (On ne peut pas être toujours d'accord, ça paraîtrait louche:-))

  • Le seul bémol, c'est qu'il y ait Nacéri dans ce film. Je m'étais promis de ne plus aller voir de film où il jouait, et je vais être obligée de rompre ma promesse. Triste sire.

  • Sandra : je m\'en vais de ce pas retirer une étoile au Président qui effectivement... après le recul de la nuit portant conseil !!! Et oui, pour le prix d\'interprétation j\'ai moi aussi ma petite idée, évidente comme le nez au milieu de la figure d\'un ministre de l\'intérieur : autre débat. Dans \"Première\" de ce mois, il y a même un triste sire (dans le courrier des lecteurs... tu noteras à ce propos que ma prose, bien qu\'ayant subi une coupe de taille est à l\'honneur...) qui s\'indigne que les acteurs d\'\"Indigènes\" aient pu faire la couverture du magazine... \"Première\" le renvoie jouer dans ses 18 mètres de belle façon je trouve !
    Ed. : (impossible de sortir le samedi... c\'était vendredi cette avant-première sublime...).
    Je vois ce que tu veux dire, c\'est pourquoi je me garde toujours bien d\'essayer de ne pas faire de rapprochement entre vie privée des acteurs et ce qui se passe sur l\'écran. La douleur intérieure qui semble ravager le visage de Nacéri ici m\'a fait mal quand même un peu.

    Oui Wim Wenders fait son utopiste : on peut rêver.

    Jojo : oui Pénélope et Samy même combat... sauf que le prix collectif est plus justifié pour Les Indigènes que pour Pénélope.

  • Bon, je fais comment moi ?

    Je voulais aller voir A scanner darkly ou Président demain... Tarif réduit oblige... Alors maintenant que je n\'ai même plus le choix mais que l\'embarras, je choisis quoi ? Hein ?

    Et dire que tu étais sur la liste qu\'on préparait avec Agla en vue d\'un week-end entre bloggueurs au printemps prochain à La Rochelle, si tu me mets dans de tels embarras, tu vas perdre des points !!!

    ;¬)

  • il était temps de leur rendre hommage=))))

  • OK OK... je suis comme le lapin d'Alice... je cours après le temps...
    Mais j'irai !

  • J'ai vu le making-off sur C+, ils ont bien bossés, les ptis jeunes... alors j'irai le voir mercredi :)

  • Franz ?!
    je prépare rien du tout moi !
    je me permettrais pas d\'inviter at your place, quand même…
    et QUOI ? tu nous mets des points ?!?
    … my gode, Jacques Martin is not dead !

    sino, j\'irais le voir ce film, Rascale.
    warkla ! chouma sur moi si j\'le chouffe pas !

  • moi je l'ai vu et je confirme, il est excellent, vraiment ()...courez-y.

  • Demain j'y suis...

    De toute manière...faudrait que les grandes puissances colonialistes lavent un peu leur linge sale...et pas qu'en famille..

  • @ Sandra M. : Dire que "Président" soit un chef d'oeuvre est un peu exagéré... Ah pardon, on me signale que j'aurais mal interprété ton commentaire...

    @ Pascale (hors-sujet) : j'attends ta critique de "Hard Candy", si tant est que tu ailles le voir. Bon, le fait est que j'irai le voir quand même, mais bon, j'aime quand même bien tes critiques...

    Commentaire général : Les critiques que je lis laissent apparaître un film vaguement bien-pensant. Autant j'apprécie Sami Bouajila et Roschdy Zem, autant Jamel et Sami Nacéri me laissent perplexe. Alors que Jamel dise "allez voir ce film pour les idées qu'il véhicule" alors qu'il est dans la production me laisse également perplexe. Mais bon, je pense que j'irai le voir quand même. Un bon film de guerre, même avec une fin chiante (puisque c'est ce que je lis souvent), ça me tente.

  • Christophe : je compte aller (peuu-être) voir "Hard Candy" bien que les films "gore" soient à peu près les seuls que j'évite un peu (faible nature que je suis).
    Pour "Indigènes", malgré mon insistance, je ne fais pas partie de la production et ne toucherait aucune participation... Ils sont 5 acteurs principaux, donc forcément aucun n'est omni-présent. J'y suis allée sans a priori pour l'un ou l'autre... et ils sont tous excellents et S. Bouajila est parfait mais c'est que son rôle est très beau.
    La "fin est chiante" ??? Ah bon. La fin est étourdissante...
    @Osmany : détends-toi, ça va bien se passer.

  • Bon j'irais le voir dans la semaine, y'a pas interêt à que je sois déçu sinon je me fâche tout rouge mdame Pascale!;)

  • @ Christophe: Je n'ai jamais lu que la fin d'"Indigènes" était "chiante"! C'est peut-être dans le journal de Mickey? Et si JAmel a décidé de s'investir dans la production, c'est parce que personne ne voulait produire le film, il avait surtout beaucoup plus de chances de perdre de l'argent que d'en gagner! Eh oui, il y a encore des gens qui font du cinéma par passion...

  • Je rattrape peu à peu mon retard et je viens de voir "Indigènes". Le commentaire élogieux de Pascale (et des autres !) était bien mérité. Un très bon film !

    Juste un bémol : je suis assez d'accord avec les critiques des historiens qui trouvent dommage qu'il n'y ait pas de militaire métropolitain, notamment dans les sous'off et les grades intermédiaires, capable de se montrer sans préjugé ethnique. Le seul à se sentir proche de ses hommes parmi les "non-indigènes" est le sergent Martinez, mais c'est un métis. Le film, qui va servir de référence pour toute une jeunesse, peut ainsi aisser croire que toute l'armée était méprisante à l'égard de ses soldats "coloniaux". Or, si le racisme était bien présent dans la société civile et parmi les hauts-gradés, les hommes de terrain, qui partageaient le même enfer, étaient bien plus enclins à reconnaître la valeur et le sacrifice de leurs frères d'armes, les soldats d'Afrique.

  • … j'en reviens tout juste.
    tu avais raison… un film déchirant.
    indispensable.
    besos

  • Eh bien je suis allé le voir samedi, après avoir lu ce post, c'est tout à fait ça ! :-)

  • 'tain, j'en referais presque une clope, moi.

  • Devoir de mémoire ? OK, mais dans les 2 sens ; sais-tu qu'en Alsace il y a eu d'autres "infigènes" : ceux-ci :

    http://photospalestine.free.fr

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