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Une lettre oubliée…

 

Cher Guillaume,

Savoir que tu ne souffres plus n’est pas une consolation. Pour personne. Et ce matin, je pense à Gérard qui t’aimait, qui n’a jamais réussi à t’en convaincre, à Elisabeth si discrète, à Julie qui s’illuminait quand elle prononçait ces deux petits mots « mon frère ». Je pense à tes parents et à ta sœur, sans aucun doute terrassés.

Tu étais « programmé pour la guerre » disais-tu et au-delà de tout ce que tu lui as fait subir, alcool, drogue, prostitution, prison, accidents, multiples opérations… ton corps supplicié, couturé de partout criait sa souffrance, son désarroi et ses luttes. Et pourtant tu te relevais de tout, toujours. Aujourd’hui, on est un peu stupéfait d’apprendre qu’un jeune homme peut encore mourir d’une pneumonie… foudroyante.

Tu étais doué, surdoué pour la musique, le chant, tu composais aussi, tu allais réaliser ton premier film, tu avais écrit un opéra et chacune de tes apparitions au cinéma était un émerveillement. Mais pour la vie tu étais inadapté, mutilé à tout jamais. Tu ne sembles jamais avoir réussi à te relever vraiment de l’ombre du géant qui pesait sur tes larges épaules toujours un peu voûtées. Il émanait de toi beaucoup de rage, de colère et de fièvre mais aussi dans ta voix, dans ton regard une infinie douceur fascinante, ensorcelante. Beaucoup de tristesse aussi. Tu étais si beau, si ténébreux, si mystérieux.

Quand tu es apparu au cinéma, tu avais l’air d’un ange dans « Tous les matins du monde » à 20 ans. Tu as toujours gardé au-delà des épreuves, cet aspect et ce visage juvéniles et je t’ai toujours associé à l’image du Petit Prince.

Tu semblais pour mon plus grand bonheur, redonner un grand coup d’accélérateur à ta carrière cinématographique, et artistique en général ces derniers temps avec une foule de projets en cour. Tout s’interromp mais j’ai encore bien en tête l’un de tes derniers films que tu as littéralement embrasé de ta ténébreuse présence et pour lequel je t’avais « traité » d’acteur phénoménal, « Versailles » et ton rôle d’homme des bois solitaire. Douloureux toujours, mais vivant encore.

Mais non, savoir que tu ne souffres plus n’est pas une consolation, mais je te jure de ne jamais t’oublier.

Commentaires

  • ...
    (moi aussi il y a des jours où je reste sans voix...)

  • Effectivement c' est à peine croyable qu' il ait finalement été terrassé comme ça ! Il est magnifique sur cette photo !!! M' autoriserais- tu à te l' emprunter ? J' aimerais lui dédier une pensée sur mon blog ! Et merci pour cette lettre avec Juliette que je ne connaisais pas ...

  • superbe hommage à ce corps à coeur à vif

  • tu m'as piqué ma photo :) chippeuse !

    je suis justement en train de télécharger le mp3 de cette chanson, je la cherche depuis hier soir mais ma mule a peiné à la trouver...

  • La Pyrénéenne : la photo ne m'appartient pas, mais je trouve que c'est l'une des plus belles. J'ai entendu cette chanson ce matin sur France Inter. Une merveille en effet.

    Marie-net : un écorché dans tous les sens du terme.

    Loreal : j'ai l'impression qu'elle va devenir "la" photo officielle.
    Qu'il est beau !

  • merde merde merde et merde... et en plus, tu m'fais larmicher !
    on a pas fini de le regretter, le ténébreux diaphane.

  • Superbe et émouvante lettre!On ressent toute ta tristesse et l'admiration forte que tu éprouvais pour cet "écorché" de la vie, une sorte d'Arthuur Rimbaud des temps modernes!
    Superbe photo aussi! Je te la pique aussi!
    Personellement je reste sur la vision terrible de la souffrance affichée sur son visage, blafard, suppliant de le laisser tranquille, en mai dernier pour le Festival de Cannes.D'ailleurs je n'ai pas pu- et surtout pas voulu- le photographier- par pudeur.
    Même si je le connaissais peu au cinéma, à part "Tous les matins du monde" où il était magique et beau, et les films de Salvadori, je n'ai pas vu "vERSAILLES", malgré ses frasques (qui cachaient un profond mal de vivre), il ne pouvait laisser indifférent. Qu'il repose- enfin - en paix.

  • Merci de parler comme ça de ta peine de cinéphile, mais aussi de la peine de ses parents, et de sa soeur. Les journalistes, qui ne savent jamais dans quelle plaie retourner leur couteau quand il s'agit de vendre, ne peuvent s'empêcher de dire du mal du père, alors qu'eux-mêmes, ont-ils su ? Est-il possible de savoir ? avoir une relation sans faille entre des parents et des enfants ?...

  • Agla : c'est que c'est larmichant comme nouvelle.

    geoges : j'ai vu ta belle photo d'il y a 10 ans. Il avait l'air d'un gamin.
    Pour le connaître un peu mieux il FAUT voir "Versailles" où il était humain et solitaire, et "Aime ton père" et "Pola X"...

    Ed : oui je suis triste car je ne cessais de dire que c'était le meilleur acteur (de sa génération) français qu'on avait eu depuis longtemps et je me réjouissais qu'il se remette à tourner. Il m'a toujours émue...
    Quant aux relations parents/enfants, nous savons à quel point c'est difficile et que parfois faire pour le mieux n'est pas suffisant.

  • J'avoue que j'ai mis pas mal de temps à l'apprécier. Et là, juste quand je me mets à l'aimer, il se barre. Salaud.

  • Tout est dit, c'est très beau, merci.

  • Merci pour cet hommage, le cinéma a perdu un immense acteur, il n'était qu'au début de ce qu'il aurait pu devenir.

    J'espère qu'il a enfin trouvé la paix ...
    Le plus dur est pour sa famille, ses parents, sa soeur, et sa petite Louise qu'il aimait tant

  • Rob Gordon : bon ben il est temps de te rattraper alors. Il était évidemment très drôle et délicieusement maladroit chez Salvadori mais ces rôles dans "Pola X", "Versailles" "Tous les matins du monde", "Aime ton père", "Ne touchez pas la hache" étaient quand même d'un haut niveau.

    Guimauve : non sans rire ? T'as rien à contredire ???

    Lenaig : oui, c'est moche à plus d'un titre.

  • Les réactions des anonymes sont vraiment contrastées, une chose revient souvent cependant : " un pourri de moins sur terre " - à voir, pour s'en dissuader, le reportage diffusé sur M6, réalisé peu avant son amputation, on y voit un Guillaume profondément humain, trop humain peut-être...

  • Je me demande quel genre de tarés peut dire ce genre de choses !!! Heureusement, je n'ai rien entendu, sinon j'aurais sûrement bouffé le poste !

  • @Marine la Bretonne : malheureusement beaucoup ne retiennent que les plus mauvais moments passés dans les medias, comme tu le dis, il suffisait de voir ce reportage d'M6 ou un "sept à huit" sur TF1 vers la même période. J'avais lu son autobiographie "Tout donner", il ne se cache pas de ses problèmes, mais surtout, sa volonté de s'en sortir. Il allait tellement au bout de son travail qu'il a sans doute négligé les premiers symptômes de virus qui l'a emporté, mais ça restera un "et si..." Et s'il avait été rapatrié plus vite, et si...parfaitement inutile maintenant

  • Why god took such a talented actor away from this world just like my favorite director Krzysztof Kieślowski.

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