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Whatever works de Woody Allen ***

 Woody Allen dans Whatever Works (Photo) Evan Rachel Wood, Larry David, Woody Allen dans Whatever Works (Photo)

Boris est seul. Il est aussi, est-ce la raison ou la conséquence de sa solitude, misanthrope, sauvage, asocial, irritable, aigri, hypocondriaque, neurasthénique et toute ressemblance avec le réalisateur est tout à fait préméditée.

Tout a échappé à Boris, son mariage, son Prix Nobel en Physique Quantique, et même ses suicides. Il a quand même quelques amis fidèles avec qui il déblatère sur le présent et l’avenir du monde foutu, du foutu monde, de l’humanité irrécupérable et il donne des cours d’échecs à certains moutards du quartier qu’il méprise et maltraite. Ah ! le bonheur de pouvoir traiter un enfant crétin de crétin. Il n’y a que dans les films qu’on peut s’autoriser à le faire (fin de la parenthèse).

Un jour, hasard et coïncidence, Boris rencontre Melody Celestine une très très jeune fugueuse aussi cruche que ses shorts sont courts, qui lui demande asile.

Contre toute attente, Boris accepte de la recueillir pour une nuit. Mais la petite s’installe et malgré leurs différences et oppositions abyssales, malgré l’incontinence verbale permanente et neurasthénique de Boris, Melody reste invariablement joyeuse et optimiste et les deux vont s’attacher l’un à l’autre puis se marier.

Ce n’est que le début. La mère dévote obnubilée par ses rides, puis le père raciste homophobe vont retrouver la trace de leur fille et tenter de la sortir des griffes de ce « mari » qui pourrait être son père, voire son grand-père !

Hosannah au plus haut des cieux, Woody est de retour ! Après des vacances (ratées) en barcelonie, il a réintégré New-York. La ville, SA ville rêvée, fantasmée, toujours ensoleillée, qui ressemble à un village avec ses petits marchés, ses boutiques, ses escaliers, ses terrasses de café… et en fond parfois le fameux pont, comme un regard nostalgique sur le passé de son film le plus chavirant « Manhattan ». Le thème de celui-ci n’est d’ailleurs pas très éloigné de celui de son chef d’œuvre puisqu’il s’agit d’une Lolita qui s’éprend d’un homme de plusieurs décennies son aîné. Sauf qu’ici la jeune fille est une tête de linotte mais néanmoins particulièrement attachante parce que Evan Rachel Wood lui donne infiniment de charme et de présence.

Woody n’est jamais plus à l’aise pour nous servir son exquise loghorrée que lorsqu’il est chez lui.

Deux remarques simplement dont un regret, que Woody lui-même n’ait pas interprété le rôle de Boris. Sans doute s’est-il estimé trop vieux ! Ensuite, Beethoven convient beaucoup moins bien à l’univers allenien que Gershwin, même si les cinq coups du destin de la Vème symphonie donnent lieu à une scène invraisemblable que personne d’autre que Woody Allen n’oserait !!!

Pour le reste, pendant 1 heure 30, c’est un régal de tous les instants, les répliques fusent dont certaines à mourir de rire comme toujours quand Woody est en forme et il l’est le dira t’on jamais assez. Les pensées profondes sur la vie, l’amour, le sexe sont servies par un Larry David qui a pris tous les tics et les tocs du patron, jusque dans la façon nerveuse d’ôter ou de mettre ses lunettes. Il est hilarant, agaçant, touchant. Il interpelle le spectateur face caméra ou l'invite à le rejoindre hors champ pour commenter l'action.

Les autres personnages sont tout aussi savoureux, la délicieuse Evan Rachel Wood bien sûr, mais aussi Patricia Clarkson, la mère déchaînée, dont le personnage de bigote coincée va se révéler être une artiste excentrique et nymphomane, et Ed Begley Jr le père, qui va enfin accepter son homosexualité.

La religion, les racistes, la droite en prennent pour leur grade mais la grande nouveauté, c’est que Woody peut nous déconcerter, nous surprendre et nous éblouir encore en  affirmant que l’amour peut rendre heureux !

Vivement le prochain.

Commentaires

  • Le personnage de Larry David ressemble beaucoup à celui qu'il a joué dans "Curb your enthousiasm". Et je dirais que TOUT le monde en prend son grade, y compris les bobos et gendebien, la mère de Melody reste aussi bête après son changement.

  • Je ne connais pas "Curb your enthousiasm" mais ce Woody est un très très grand cru.
    Tout à fait d'accord pour la stupidité de la mère qui devient une artiste branchée... il suffit que quelqu'un le proclame !

  • Désolée de jouer la prof d'anglais pinailleuse, mais "whatever", c'est pas en un seul mot ???

  • Perso, la bande annonce m'a achever. J'irai pas plus loin...

  • Ed : ben si pourquoi ?

    Mael : Et Omar t'as tuer ???
    t'as tort ! La B.A is just zi apéritif !

  • De l'incompréhension des êtres différents, à l'incompréhension des aspirations propres à chacun...la force de ce film est sans doute dans la prise de conscience de la part de "hasard" ou de "chance" ou encore de "concours de circonstances" qui préside chaque vie.

    Boris hait-il vraiment les autres, pour leur "absence de vision globale" ou hait-il de ne pas être reconnu pour sa vision globale? Plus que l'absence de sens ou la théorie d'Heisenberg, c'est bien sur l'acceptation de soi et le désir de reconnaissance que porte ce film

    Au final chacun finit par accepter ses pulsions : la mère "ex-dévote" devient bi-andre ou polyandre, le père homophobe finit par s'épanouïr avec un homme, et même Boris...trouve sa moitié...après une seconde tentative de suicide. Une voyante.

  • Entièrement d'accord avec la simplicité du troisième paragraphe.
    Pour les deux premiers : je ne creuse jamais si profond parce que c'est moi qui ai le flingue :-)

  • Juste pour le plaisir d'en rajouter une couche : j'ai adoré ! Je vous ai dit que j'ai adoré ? Parce que j'ai adoré (et non les vacances espagnoles de Woody ne sont pas ratées !)

  • Oui, moi aussi j'avais aimé ses vacances à Barcelone, mais ta vision globale du monde était sûrement en veille à l'époque... Peux-tu me dire pourquoi j'ai pensé sans cesse à son alter ego féminin en voyant ce misanthrope pathologique ?
    Un rôle hyper dur en tous cas, multiple : le personnage, plus l'imitation du modèle, sans que pour autant nous n'y croyions pas !
    Bien que tu me dises souvent le contraire, là, ton article dit bcp de choses quand même ! C'est pour ça que je ne commente pas plus tes notes, N'ayant pas vu les films, je me réserve la lecture pour après. Je n'avais pas mis les pieds au ciné depusi trois mois à cause du boulot. Là, en vacances, je vais y aller souvent !

  • Marine : dis nous le fond de ta pensée une bonne fois pour toutes : AS TU AIME CE FILM ?

    Ed : Tu me trouves misanthrope pathologique ??? C'est trop d'honneur.
    Ma vision globalement déformée (ou encore plus juste) de l'époque m'avait quand même fait aimer d'autres films !
    Là j'en suis revenue à ma vision réaliste : pas d'espoir en l'espèce humaine :-)))
    Vive l'amour !

  • Remarque je connais au moins deux misanthropes pathologiques de sexe féminin, puisque je vis avec l'une d'entre elles ! Elle a adoré le film.

  • Si cet opus new-yorkais est beaucoup plus intéressant que sa carte postale catalane, je ne suis pas aussi emballé que toi. J'ai trouvé cela gentillet, avec un sourire de tant à autre (un rire parfois), mais pas de plaisir incommensurable. Un film agréable à voir, avec de bons acteurs, mais qui au final ne dit pas grand chose. Du bon divertissement, en quelque sorte (c'est déjà pas mal !)

  • Déjà pas mal en effet :-)
    Je ne me suis pas tenue les côtes non plus, faut pas pousser !

  • ouf, j'ai enfin retrouvé l'adresse d'un ciné :-)))
    et pour une reprise, un Allen c'est parfait !!!
    d'accord avec toi Pascale, il aurait du assumer et jouer lui-même le rôle de Boris !!!

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