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LE TEMPS DE LA KERMESSE EST TERMINE de Frédéric Chignac ***

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Alex doit rejoindre un chantier en Afrique pour y déposer du matériel mais sa voiture tombe en panne au milieu de nulle part. Il va devoir séjourner plusieurs jours dans un "village" en plein désert. D'abord fataliste, il réalise peu à peu qu'il n'obtiendra aucune aide et que son séjour va se prolonger contre son gré. Il boit des bières, se rapproche des quelques habitants de l'endroit mais sans sympathiser pour autant. Il prend peu  à peu conscience de l'enjeu de sa présence dans ce trou perdu oublié du reste du monde. Au milieu de cette étendue de cailloux et de quelques barraques en taules où survivent une vingtaine de personnes, c'est toute l'histoire des rapports entre les blancs et les noirs, les inégalités désespérantes entre le nord et le sud, la navrante certitude de la domination des occidentaux sur l'Afrique qui se jouent.
Que d'audace, que de force et que de désespoir dans ce film qui va sans doute hélas passer inaperçu mais que je vous encourage vivement à aller voir s'il passe encore près de chez vous, car c'est un film qui dérange, qui bouscule et interpelle bien plus qu'un long discours explicatif. Sous un soleil accablant, le blanc sûr de lui, persuadé qu'on lui doit de l'aide va découvrir qu'il est simple pour les africains, non pas réellement de se "venger" du poids et des dégâts du colonialisme, mais d'"utiliser" la présence du blanc et le faire payer, au propre comme au figuré. Tout, même au bout du monde est basé sur le pouvoir de l'argent. Et pourtant lorsqu'il va demander au militaire basé là, on ne sait pourquoi, de l'aider en lui proposant des billets, le soldat (cultivé qui a fait ses études en France) va s'offusquer de sa tentative de corruption !
Alex n'est pas un salaud intégral. Il connaît l'Afrique, semble y avoir vécu. Il est certes cynique mais lucide. Comment peut-il faire pour expliquer qu'un africain qui débarque clandestinement en Europe n'est pas le bienvenu ? et que même s'il parvient à passer en France il sera exploité ? Le chef du village, fier de ses médailles obtenues en combattant pour la France, et qui ne touche aucune pension, réclame son dû. Alex est piégé et finit par se comporter comme le colon paternaliste, autoritaire et méprisant.
Les journées se traînent. Tout le monde a l'air d'attendre mais personne ne bouge. Les enfants sont assis par terre. Parfois ils lancent des cailloux sur la case du mystérieux "banni" du village. Les femmes font cuire le riz. Les hommes tentent de s'abriter du soleil... Alex n'a rien d'autre à faire que fumer des cigarettes, boire des bières, accepter Martina, la jolie fille du village, comme cadeau du Chef mais aussi chargée de se servir de lui, et la rejeter brutalement. "Tu me couches là et tu me frappes" dira t'elle pertinemment. Tout est de cet ordre dans ce film, simple mais direct et efficace. L'ennui et la tension sont palpables. Seul le passage d'un blanc intégré au pays puis l'arrivée de "touristes" lamentables viendront légèrement chahuter la langueur ambiante.
Stéphane Guillon est absolument parfait dans ce rôle du type cynique, insolent et lucide.
La dernière scène implacable est perturbante.

Commentaires

  • Ca me faisait envie, ce film, mais j'ai vu pas mal de promos (le hasard je suppose), et j'ai comme l'impression de l'avoir quasi déjà vu. J'attendrai donc pour ravoir un peu de surprise. Mais ça ne m'étonne pas que ce soit bien vu tout ce que j'ai entendu.

  • Si la télé tue l'envie de voir des films maintenant, c'est vraiment moche.
    Moi je n'en avais strictement pas entendu parler. Je suis tombée dessus par hasard et comme j'apprécie Stéphane Guillon, je n'ai pas hésité.
    C'est un film différent vraiment.

  • J'en ai entendu parler à la radio ET à la télé (la bonne émission Cinémas, le samedi sur la 5ème je crois) et j'ai vu deux fois la bande annonce. La bande annonce tue le film à mon avis.

  • Ah oui des fois les bande annonces, ça fait mal.
    Celle de l'Arnacoeur par exemple est mauvaise alors que le film est super. Cela dit, ça ne l'empêche pas de cartonner alors que celui-ci...

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