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LE BRUIT DES GLAÇONS de Bertrand Blier **

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Un homme seul marche d'un pas décidé, s'arrête à la grille d'une grande bâtisse et s'annonce comme étant le cancer de Charles, écrivain célèbre retranché derrière ces hauts murs depuis que la gloire, sa femme et son fils l'ont quitté. Il vit là avec Evguénia une très jeune russe qu'il ne va pas tarder à chasser. Sa bouteille de blanc et son saut à glace ne le quittent pas. Dès le réveil il boit des litres et des litres de vin. Depuis longtemps manifestement puisque c'est semble t'il son alcoolisme qui fait fuir tout le monde autour de lui ainsi que son inspiration. Seul Louisa, sa fidèle bonne veille discrètement sur lui ! Malgré la "vie de merde" que lui décrit son cancer, Charles n'est pas du tout prêt à mourir et se montre quelque peu récalcitrant à accueillir les métastases...
Dès que Jean Dujardin et Albert Dupontel sont en présence et commencent à s'échanger leurs répliques, aucun doute ne subsiste, on est bel et bien chez Blier et même du grand Blier puisqu'on retrouve des accents du génial "Buffet froid" et des joutes verbales surréalistes entre Serrault et Depardieu. Il n'est pas aisé de parler de tumeur, de cancer, de métastases, de chimio et de mort et de réussir à faire rire. Evidemment Blier y parvient parce que les deux comédiens face à face s'en donnent à coeur joie au cours de leurs empoignades et altercations. Mais l'émotion survient également à cause de ou plutôt grâce à l'interprétation parfois désespérée d'un Jean Dujardin très à l'aise dans le phrasé et l'absurdité de l'univers de Blier et qui a l'intelligence de ne pas surjouer l'homme ivre qu'il est du matin au soir en titubant ou bafouillant comme il arrive parfois. Les deux acteurs, en harmonie, vraiment parfaits, sont tour à tour la victime et le bourreau, le fragile et le robuste, le dominant et le dominé. Il arrive même que Charles le malade doive réconforter "son" cancer qui a un petit coup de mou face à l'ampleur, à la difficulté et la noirceur de sa tache.
Avec son audace, son irrévérence et évidemment un rien de provocation parfois, Blier nous fait approcher la mort et les angoisses qui doivent forcément l'accompagner lorsqu'elle est annoncée. Mais aussi nous interroge sur notre façon de réagir, de l'affronter, de l'accepter ou de la refuser. Et puis, est-il possible aussi que lorsque tout va vraiment mal, on puisse en arriver à se fabriquer tout seul une maladie ? Blier pousse sa folie (douce) jusqu'à envisager un remède à un mal encore souvent incurable. 
Loin de moi l'envie ou l'idée d'enterrer prématurément Blier évidemment, mais c'est toujours émouvant de découvrir un réalisateur qui vieillit s'interroger aussi précisément sur la faûcheuse !
Alors pourquoi deux étoiles me direz-vous ? J'y viens. Dans ce film il y a deux garçons fabuleux. Qu'ils soient ensemble ou séparés, ils portent chacune de leur scène très très haut. Mais il y a aussi des filles. Je passe rapidement sur Christa Théret qui ne sert à rien, disparaît rapidement et est aussi insignifiante que mauvaise actrice. Ce qui a vraiment, mais alors vraiment gâché mon plaisir... c'est Anne Alvaro !!! Aaaaaaaaaaaaaaannne AAAAAAAAAalvaro ! Seigneur !!! Avec son masque de cire imperturbable, ses allures de corbeau noir (n'est-elle pas d'ailleurs la porte-poisse de cette grande maison dans laquelle elle voit se succéder de nombreux "parisiens" ?), ses grands yeux inexpressifs comme figés sur l'horreur, sa tristesse insondable, son jeu limité et outré... elle justifie à tout jamais l'emploi et l'existence du mot INSUPPORTABLE !  Or, à peu près à la moitié, elle s'empare du film pour ne plus le lâcher et je m'attends toujours à ce qu'elle se mette à déclamer du Racine, du Corneille ou du Shakespeare de sa voix pédante et affectée ! Elle est censée incarner la tendresse, être les bras dans lesquels chacun rêve de se jeter pour être enlacé, réconforté, rassuré... elle est pour moi repoussante exactement, précisément l'inverse, froide et effrayante. Et je trouve que le couple qu'elle forme avec Dujardin ne fonctionne absolument pas.
Il y a une véritable et impardonnable erreur de casting entre elle et l'adorable Myriam Boyer qui aurait selon moi symbolisé à merveille la femme à la fois sensuelle et maternelle voire maternante que réclamait le rôle et que chaque garçon du film semble rechercher. Bref, Anne Alvaro a bel et bien gâché le bruit de mes glaçons par une crise d'urticaire géant.
Blier se fait plaisir avec un groupe de flamenco qui débarque brusquement  sans aucune explication et une scène de provocation gratuite qui n'apporte strictement rien lorsqu'il fait dire à un jeune garçon de 16 ans qui vient de coucher avec la femme (de presque 60) qui l'a élevé qu'il vient de vivre le plus beau moment de sa vie. Mais on ne peut pas lui en vouloir pour ça, il est comme ça Béber.
Mais Anne Alvaro, non et non ! J'pardonne pas.

Commentaires

  • Gné ? Nanard c'était le papa de Bertrand... Appelle le donc TranTran.
    Bon, je suis censée le voir aujourd'hui, je vais essayer d'oublier ce que je viens de lire
    Ciao ! :)

  • OK je vais rectifier. Ce sera Béber, quand... euh, qu'en penses tu ?

  • BerBer(e) ?
    OK je =>
    Bonnes vacances
    C pour bientôt
    Râle pas

  • Dure avec Anne Alvaro mais ça n'est pas tout à fait faux. Elle aurait bien incarné le rôle de Myriam Boyer et est très crédible dans le dévouement à son patron. En revanche, je ne vois pas Myriam Boyer dans les bras de Dujardin.

  • Qu'est ce que tu penses des déclarations de Gerard Depardieu à propos de Juliette Binoche? Il te saoule pas un peu?

  • Fred : Béber ça ira. Bye.

    Ph : même dans le dévouement je trouve qu'elle a l'air faux derche.
    Myriam et Dujardin auraient été 1 000 fois plus crédibles.

    un admirateur secret : je n'ai rien entendu... Mais je sais qu'il aurait souvent intérêt à se taire. Pourquoi s'obstine t'on à le faire parler ?

  • Je me demandais justement ce que tu en penserais, mais tu me laisses dans le doute... Anne Alvaro je ne vois pas qui c'est (apparemment je ne perds rien :-D)

  • Mire donc
    http://blog.lefigaro.fr/theatre/ALVARO%20Je%20meurs.JPG

    mais souvent j'entends dire que c'est une actrice/comédienne fabuleuse, merveilleuse, extraordinaire !!!

    Pis pour les deux DU jardin et pontel...

  • Bon, rien à redire sur Dupontel et Dujardin, qui sont tout deux très bien. Mais je crains que nous n'ayons un point de désaccord irréconciliable : la merveilleuse, la magnifique Aaaaannnnne AAAAAlvaro ! (Bon, je vois déjà des boutons qui apparaissent). J'adore sa voix, et sa présence ne m'a pas paru du tout à côté. C'est la bonniche, qui n'a certainement jamais eu d'amant et qui est peut-être même vierge, et qui aime son "monsieur", comme elle l'appelle. Du coup, cette froideur est pour moi tout à fait justifiée.

    Mais je sens qu'on ne sera pas d'accord ;-)

  • On ne sera pas d'accord en effet... car je ne me fie pas à cette seule interprétation... et je n'ai jamais vu ton Annette jouer autre chose que la froideur de la vierge ! Sa voix me hérisse les poils des bras et son regard fixe les poils de la tête (qu'on appelle cheveux chez certains) !

  • Oh, mais je ne demande pas d'exclusivité sur Anne ! Je ne suis pas fan à ce point-là de la froideur de la vierge ;-)

  • j en sors et j ai bcp mais vraiment bcp aimé ce film
    Du grand BLIER et j ai envie de lui dire MERCI monsieur
    Casting irréprochable à mon gout y compris anne ALVARO Pou moi elle est juste parfaite
    Bien sur la palme c est DUPONTEL décidément celui là je l adore
    ce film nous fait nous poser les vraies questions c est quoi une vie qu est ce qu il en reste finalement lorsqu on est au bout du chemin hein ? hein ? juste les vrais amis la vraie vie quoi
    pour ma part qui ai été très touchée par le déces de B Giraudeau et son courage ce film est dans la lignée OUI nous ne sommes que de passage sur cette terre Alors ayons le un peu plus à l esprit et tout ira mieux
    Merci encore Pascale pour cette tribune et cet échange
    et ta petite-fille grandit ? La mienne devine ? une merveille La famille Là est l essentiel

  • Yohan : ouf, je suis rassurée !

    marijo : Il est vrai que Dupontel est parfaitement à l'aise dans cet univers décalé. Mais Dujardin n'est pas mal non plus.
    MA merveille a 17 mois...

  • D'accord avec Yohan, j'ai trouvé Alvaro très juste dans son rôle, j'étais curieuse comme j'avais lu ta critique avant, je ne la connaissais pas.

    D'accord également avec Marijo : même si j'aime bien dujardin, la palme revient à dupontel. J'ai lu une interview très drôle de blier et dujardin, dujardin expliquait que dupontel a eu moins de boulot à faire sur le film car dupontel est naturellement un cancer dans la vie, il rend les gens mal à l'aise.

    Je ne connais pas trop blier, j'ai seulement vu la fin des Valseuses ("on n'est pas bien là, à la fraîche"...). Avec "le bruit des glaçons" (mauvais titre je trouve) je m'attendais à une comédie, j'ai eu le droit à du théâtre de l'absurde, brillante parabole sur le cancer ! A noter une belle bande son.

  • Oui y'a des beaux skeuds dans ce film.
    M'étonne pas que Dupontel doit être une teigne... un rien mégalo peut-être bien.
    Il FAUT que tu vois "Buffet froid" (son meilleur pour moi). Mais aussi "Préparez vos mouchoirs" que j'avais adoré étant toute jeunette. "Notre histoire" où Delon est prodigieux et "Merci, la vie" qui sont passés plus inaperçus et pourtant !

  • Mais parce qu'il l'ouvre sans qu'on lui demande !

  • Après une première hésitation, j'ai résolu de ne lire la critique qu'après avoir vu le film. Et bien m'en a pris je crois, car à sa première apparition j'ai éprouvé un sentiment assez négatif envers Anne Alvaro. Je me souvenais l'avoir déjà vue mais sans plus. Et si j'avais lu la critique avant, j'aurais continué à être distante.
    Or, finalement, je trouve son personnage intéressant dans sa retenue et son manque de charme justement. Un personnage de tragédie dans ce genre d'histoire c'est assez logique.
    Myriam Boyer est magnifique, mais c'est mieux je trouve qu'elle joue le rôle de la maladie, histoire de dire que le destin n'est pas toujours aussi horripilant que Dupontel !
    J'ai passé un bon moment, et beaucoup apprécié de retrouver les dialogues uniques de Blier mais il m'a semblé que ce film là ne resterait pas dans mes annales personnelles.

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