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THE LUNCHBOX

de Ritesh Batra ***

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Ila est une jeune femme de Bombay mariée à un mufle qui se donne de l'importance et la regarde à peine.

Le matin, le pignouf part au boulot. Ila (Nimrat Kaur, une beauté !) accable sa petite fille de conseils et de recommandations pour se rendre à l'école. Lorsqu'enfin elle est seule, aidée d'une vieille voisine avec qui elle communique par leurs fenêtres ouvertes et un panier qui monte et descend d'un appartement à l'autre, elle prépare une lunchbox pour le repas de son abruti ballot de mari. Un peu plus tard, un coursier vient sonner à la porte et emporte la lunchbox pour la remettre au petit veinard qui ne la mérite pas. Mais ce jour là et tous les suivants, le coursier se trompe d'adresse et remet la lunchbox à Saajan, un veuf, triste, solitaire, à un mois de la retraite. Saajan se régale comme rarement, glisse un mot dans la box et le soir Ila qui attend les félicitations de son idiot de mari comprend qu'il y a eu confusion dans la livraison. Mais elle choisit de répondre à Saajan et chaque jour la jeune femme comme l'homme vieillissant attendent des nouvelles de l'autre.

Quelle erreur ç'aurait été de rater ce film ! J'avais un a priori sur les bollywooderies dont je ne suis pas friande et contre l'acteur Irrfan Khan que je ne connaissais jusqu'ici que pour avoir interprété l'indien de service dans des films hollywoodiens. Ici il est parfait, émouvant. Et personne ne se met brusquement à chanter pour expliquer en chansons ce qui vient de se passer ou qui va advenir.

Et le film fourmille d'originalités, sans doute avant tout parce qu'il nous parle d'un pays qu'on connaît peu. On est tout d'abord stupéfait par le système généré par cette lunchbox qui n'a son équivalent dans aucun pays. Le dabbawallah est un livreur de repas et il paraît qu'à Bombay (ville grouillante, bouillonnante, embouteillée) près de 200 000 repas sont ainsi livrés aux employés sur leurs lieux de travail. Il faut voir le trajet que parcourt la box entre la cuisine et sa destination, à vélo, en camion, en bus, en train... Et pourtant l'erreur de livraison est inconcevable et lorsqu'Ila tente de la signaler, l'employé s'offense, se drape dans sa dignité et affirme que c'est impossible et que des chercheurs de Harvard se sont penchés sur la logistique exemplaire de ce phénomène incomparable. Aucune discussion n'est possible.

Stupéfait aussi par l'ambiance studieuse d'un bureau, immense open space où l'on travaille encore au stylo et à la calculatrice. Et après 35 années de bons et loyaux services, Saajan est chargé de former son successeur, Shaikh, jeune homme euphorique et envahissant. Saajan n'est pas enchanté de côtoyer ce gêneur et ne cesse de lui poser des lapins ou de ne pas répondre à ses nombreuses questions.

La condition de la femme semble se limiter au rôle d'épouse. Ila est délaissée par un mari qu'elle cherche à séduire en renouvellant l'originalité de sa cuisine, tandis que sa mère et sa vieille voisine (qu'on ne verra jamais) sont cantonnées à veiller leur époux malade, voire dans le coma. Certaines se suicident, désespérées par ce manque total d'avenir. Quant au système de santé, il est un goufre financier pour les familles.

Néanmoins, le film n'est ni une enquête sociologique déprimante ni un documentaire désespérant. C'est aussi et avant tout une comédie sentimentale d'un genre tout à fait inédit, une relation épistolaire et culinaire dont on sort le coeur palpitant. Au travers des plats préparés avec soin, dégustés avec délice et gourmandise et de leurs courriers échangés, Ila et Saajan, deux solitudes résignées s'ouvrent à la joie, au monde, aux autres, à la vie. Et c'est beau de les voir ainsi s'éveiller, s'épanouir. Saajan finira par partager ses repas avec Shaikh et apprendre à connaître ce garçon attendrissant et Ila envisagera enfin un ailleurs vivable...

Par touches sensibles, émouvantes (la découverte de la vieillesse au travers d'odeurs et d'une proposition plutôt sympathique dans un bus) et parfois drôles (le mariage où le photographe est obligé de déplacer son appareil pour que la famille de la mariée entre dans le cadre alors que celle du marié se limite à la seule personne du témoin), la réalisatrice maintient nos sens en alerte (il est conseillé de se rendre à la projection de ce film après avoir mangé) et ne laisse pas faiblir notre intérêt à LA question qui hante le film : Ila et Saajan vont-ils se rencontrer ?

Commentaires

  • Tu vois qu'il fallait y aller !!! C'est stupéfiant ce système et j'ai apprécié aussi les conditions de travail au bureau .. et les transports en commun, le cauchemar. J'ai bien aimé avoir une vision de la vie d'un employé lambda, je ne me rendais pas compte.

  • oui tu as bien fait d'insiter. Quel magnifique film, belle histoire !

  • Ahhhhh.... L'Inde.... Bon, tu m'as donnée envie d'aller voir ce film !!!!
    Je vais de ce pas regarder s'il passe par chez moi...

  • Ah oui, maintenant tu veux savoir si Ila et Saajan se rencontrent !!!
    Tu vas ADORER !

  • J'ai mis du temps, mais j'y vais demain ;-)

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