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12 YEARS A SLAVE

de Steve McQueen ****

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Solomon Nothup est un noir américain libre. Il vit à New-York avec femme et enfants et  fréquente

la bonne société blanche américaine. Il est musicien et commence à acquérir une petite notoriété. Sa rencontre avec deux hommes cupides va le mener droit en enfer. Cela se passe en 1841, la Guerre de Sécession n'a pas encore commencé pas plus que la rivalité entre les "anti" (Etats du Nord yankee abolitionnistes) et les "pro" (Etats du Sud confédérés) esclavage. Drogué puis vendu comme esclave, Solomon est emmené de force en Géorgie où il perd jusqu'à son identité. Il comprend vite que clamer son nom et son statut d'homme libre  ne peut lui amener  que des coups. Il décide de faire profil bas, de cacher son érudition mais refusera toujours de céder au désespoir comme certains, ou à la soumission comme la plupart. Douze années d'un cauchemar fou l'attendent.

Et le réalisateur nous agrippe tout en douceur. La réalisation n'est pas frénétique et les plans larges et longs se succèdent. Après Hunger, éprouvante observation du calvaire de la grève de la faim de Bobby Sands (militant de l'Ira emprisonné par Mme Thatcher) et Shame, récit implacable d'une addiction peu commune, Steve McQueen cesse de  torturer le corps de Michaël Fassbender pour faire souffrir Chiwetel Ejiofor et plus encore la frêle Lupita Nyong'o. Il prouve encore, bien que de façon beaucoup plus classique que les deux précédentes fois, quel grand réalisateur désormais incontournable il est.

Le chemin de croix de Solomon va le confronter à des personnages, le plus souvent tordus à différents titres et quelques rares autres, lumières dans une vie de ténèbres. D'abord le fourbe et inquiétant Freeman (Paul Giamatti, méchant délectable) incapable de la moindre empathie et vénal à souhait. Quand on lui demande : "n'avez-vous pas de cœur ?", sa réponse est : "mon cœur ne dépasse pas la taille d'une pièce de monnaie", fin de la discussion. Car l'esclavage s'il servait à faire prospérer les grandes exploitations était aussi un commerce juteux. A la plantation de Ford (Benedict Cumberbatch), homme froid mais relativement humain, tiraillé entre sa bonne conscience d'homme blanc et sa compassion acquise par sa bigoterie (Ford rassemble chaque jour ses esclaves pour leur lire la Bible), Solomon découvre aussi Tibeats (Paul Dano) petit tyran indécrottable, illuminé et monstrueux. C'est en s'opposant physiquement à ce lamentable Tibeats que Solomon est puni et vendu à une autre plantation. Scène terrible et plan séquence hallucinant de l'homme pendu une journée de façon à ce que seule la pointe de ses pieds touche terre alors qu'autour de lui la vie continue, les enfants jouent, ses autres compagnons d'infortune poursuivent leur travail comme insensibles, indifférents ou impuissants, sans intervenir.

C'est ainsi qu'il se retrouve chez Edwin Epps, grand malade mental qui tire sa jouissance de la souffrance des autres. A ce titre Michael Fassbender donne corps et vie à un méchant pervers d'envergure. Ivre de sadisme, il ne peut résister à ses pulsions et lorsqu'il ne cogne pas, il réveille tous ses esclaves en pleine nuit pour les faire danser au son du violon de Solomon. Marié à une tordue aussi irrécupérable que lui, les deux époux s'acharnent avec une cruauté sans nom sur la pauvre Patsey, jeune beauté délicate mais travailleuse increvable. Et ce dégénéré de Ford épris de la jeune fille, tellement honteux d'aimer une esclave noire, la punit elle. Les scènes de torture sur Patsey sont particulièrement insupportables. Et Patsey bouleversante supplie Solomon, contraint de la battre à son tour, de mettre fin à ses jours...

Chiwitel Ejiofor dans le rôle de Solomon, calme, doux, tout en rage contenue est impressionnant. Et le film tout entier, œuvre forte, dérangeante, émouvante nous met une fois encore face à face avec ce que l'humaine condition à de plus détestable. Et l'on sort éprouvé, sonné, incrédule. Comment des êtres humains ont pu faire subir ça à d'autres êtres humains ?

Commentaires

  • 4 étoiles ! Je vais le voir ce soir ... j'ai un peu peur d'être déçue j'ai lu du bon comme du moins sur ce film je ne sais qu'en penser... Reste à le voir.
    Bises et bonne soirée

  • Alors, ça a donné quoi ?

  • Un peu moins enthousiaste que toi car j'attendais une mise en scène plus subversive de la part de Steve Mac Queen. Mais les plans que tu cites sont impressionnants et la photo remarquable. C'est surtout le jeu de Michael Fassbender en être pervers et pathétique qui m'a marqué.

  • Oui c'est très classique.

  • J'irais le voir car Mac Queen et que le thème de l'esclavage m'est insupportable : par respect et douleur pour ces humains qui ont subi la cruauté d'autres "humains" comme si on pouvait les qualifier d'"humains"

  • Toujours militante !! :-)

  • Et même pas tu causes de Bradounet ? faut dire que ahem ah ah ah

  • Tu l'as vu ???
    I r'semble à un vieux mormont non ?
    Mais bon, c'est Bradounet. Je l'aime.

  • Euh... "Shame", pas "Fame", ma poule!!!
    Mais sinon, ça a l'air top en effet.

  • Rrrrrrrrrro cte honte..
    ça prouve que tu ne lis pas que le titre.
    Je m'en vais corriger de ce pas alerte.

  • D'après mes collègues qui l'ont vu, excellent, mais trop dur dans certaines scènes pour que nous n’emmenions nos élèves (suite à ta proposition). Le parent d'élève est prompt à l'attaque ces temps-ci.

  • N'importe quoi, c'est la première fois qu'on ne voit pas la bite de Fassbinder...
    Et oui c'est vrai l'esclavage parfois c'est dur !

  • Bonsoir,
    ça a donné un contretemps (mes pommes de terre n'étaient pas cuites...) séance repoussée ...
    Bisous

  • aïe... fuc.... patates !
    Et comment vont les carottes ?

  • Bien elles étaient bien cuites ce midi ;-)
    Bises et bonne soirée :O)

  • je dois dire, que malgré la présence de mon Michael chéri d'amour, je n'ai pas aimé ce film. Parce que j'en attendais beaucoup, que Mc Queen a un oeil différent, un ton toujours très personnel et que là, sa mise en scène est enrobée de sauce hollywoodienne un brin collante et donc j'ai été déçue parce que je n'ai pas vu de mise en scène qui me scotche...même la scène finale manque d'émotion, c'est tellement attendu ! la scène où il est pendu dure des heures, c'est à la limite de la complaisance...les acteurs en revanche sont tous formidables. Tous. Même Brad. C'est dire.

  • C'était un film important. Je pensais être larmoyante mais non, le sujet est trop grave pour qu'on s'apitoye au contraire, c'est trop dur. Difficile l'idée de voir que les esclaves n'étaient rien - rien du tout (scène du lancé de la carafe de whisky sur Patsy ...) J'ai aimé ces plans longs, ses gros plans sur le visage de Solomon (la douleur est palpable, viscérale) sur fond de champs, de paysage "tranquille" presque "rassurant". Film dérangeant et c'est tant mieux !!!

  • Ben le lancer de carafe c'était autre chose. De la jalousie non ?

  • certes de la jalousie mais la façon dont est traitée la scène (Patsy s'effondre, on voit qu'elle est traînée, les esclaves totalement asservis ne regardent pas, la conversation continue entre les 2 "tortionnaires" comme si de rien n'était ... c'est ce que je voulais dire : l'esclave n'est même pas un humain.

  • ah ben c'est évident, s'ils les considéraient comme des humains ils ne les traiteraient sans doute pas ainsi. Enfin, j'espère...

  • Vu dans l'avion au retour
    Ce film m'a filé une grande claque dans ma gueule même si je le savais déjà :-( Sachant que je rentrais des US et que mon chauffeur de bus était Black d'une gentillesse infinie Il s'appelait Emilius habitait Los angeles et j'ai pleuré quand je l'ai quitté
    La banane Le sourire permanent sur son visage
    Putain Mais comment cela a-t-il été possible
    Chaque être humain devrait VOIR ce film

  • Surtout les connards qui croient encore à l'esclavage...
    mais je crois que ça leur en toucherait une sans faire bouger l'autre !

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