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LE PROCÈS DE VIVIANE AMSALEM de Ronit et Shlomi Elkabetz ***(*)

LE PROCES DE VIVIANE AMSALEM de Ronit et Shlomi Elkabetz, cinéma, Ronit Elkabetz, Menashe Noy, Simon Abkarian

Le mariage de Viviane et Elisha est un échec total. Viviane le pressent depuis toujours. Depuis 10 ans elle envisage sérieusement de se séparer de cet homme. Il y a 5 ans elle a entamé une procédure de divorce. Ce sont ces cinq années de procès et de lutte pour sa liberté que nous suivons.

Mais en Israël, pour qu'une procédure de divorce aboutisse il faut en passer par un Tribunal rabbinique évidemment exclusivement composé d'hommes. Et face à leur vision archaïque du mariage et celle encore plus poussiéreuse qu'ils ont de la femme, le combat de Viviane semble perdu d'avance. Pourtant le couple vit séparé depuis deux ans. Mais à chaque convocation, Elisha s'obstine à répondre "non" à la question : "acceptez-vous le divorce ?" A intervalles réguliers, deux mois, six mois... Elisha et Viviane se présentent devant le Tribunal qui manifeste parfois une certaine lassitude à les revoir comparaître. Et Viviane se plie de bonne grâce aux mises à l'épreuve qu'on lui impose. Car évidemment c'est à elle de démontrer qu'elle a tout fait pour que le mariage ne soit pas dissous.

 

La grande question de ce tribunal est de savoir "Pourquoi ?", pourquoi dissoudre ce mariage ? Pour Viviane la chose est claire. Elle n'aime pas ou plus cet homme. Il lui répugne. Il est dur, froid, dévot pratiquant. Quant à Elisha, il prétend encore aimer cette femme. Mais lorsque Viviane accepte pour contenter le tribunal de retourner vivre sous le même toit, il ne l'approche pas, ne lui parle pas. Viviane énonce les tortures psychologiques. Le tribunal n'y entend rien. Cet homme là est un homme droit, courageux, il ne la bat pas.


Deux heures durant, sans quitter l'enceinte sinistre, glaciale du tribunal on assiste au procès de Viviane Amsalem, car oui, la société israëlienne est ainsi faite que la femme est soumise à l'homme. Et quand le religieux s'infiltre dans le civil et la vie privée, c'est la catastrophe ! Et pour un divorce, c'est l'honorabilité de la femme qui est à prouver. C'est insupportable et donne parfois envie de hurler. Parce qu'elle est belle et élégante Viviane attire la convoitise et le regard des hommes, ses "juges" se mettent alors à douter de sa respectabilité.

 

Malgré l'absurde et l'horreur de la situation, le frère et la sœur Elkabetz parviennent à nous faire rire. Car les témoignages se succèdent et on ne peut effectivement s'empêcher de rire lorsqu'un témoignage qui aurait dû être un soutien pour Viviane, se transforme en charge.

 

On se sent tellement pris au piège par ce grotesque, cette parodie de tribunal, au même titre que Viviane, que lorsqu'elle se met à hurler et à insulter les juges... on se surprend à lui dire de s'arrêter, que cette crise ne l'aidera en rien et en même temps on exulte d'entendre tout ce qu'elle est capable de dire, si juste, à ces vieilles barbes arriérées.

 

Au fond de l'injustice on se demande à quel prix elle va réussir enfin à obtenir sa liberté ! La réponse est saisissante. Et face à la question ultime "Et te voici permise à tout homme", on reste comme Elisha, sans voix !

 

Dire que l'interprétation de Ronit Elkabetz  (tragique, digne et féminine) et Simon Abkarian (impassible, hautain, de marbre) est géniale, phénoménale est en dessous de ce qu'ils démontrent ici.

Commentaires

  • J'ai été drôlement contente aussi quand elle s'est mise à hurler sa rage dans le tribunal, en sachant qu'elle s'enfonçait, mais il fallait que ça sorte. http://legoutdeslivres.canalblog.com/archives/2014/07/02/30178054.html

  • J'avais envie de l'aider à ne rien oublier
    et envie de lui dire de se taire :-)

  • Tout à fait d'accord avec toi Pascale (pour une fois !!!) : un très beau film superbement interprété et dont on ressort sonné. Mon rêve secret : le projeter au prochain Festival d'Annonay (nous aurons une thématique intitulée "Mensonge & manipulation") en présence de Ronit et/ou Simon.

  • Tu essaies de m'allécher ! Mais je ne suis pas sûre de pouvoir retourner à Annonay... :-'(
    Ronit ne me ferait pas me déplacer en tout cas !

    T'as pas aimé
    Kaguya
    Le cœur battant
    Xénia ???

  • Pas vu Xénia ni Le coeur battant mais ai beaucoup aimé La ritournelle, Two faces of January, Kaguya et Under the skin (en même temps je ne suis pas objectif dès qu'il y a Scarlett dans un film :)

  • ah ben quand même on a quelques goûts communs !
    Je me doute pour Under the skin. Dès qu'un film n'a aucun sens tu kiffes !

  • Faudra donc que tu m'expliques le sens de THE FOUNTAIN :)

  • L amour...

  • Imparable :)

  • Ben voilà... alors que pour trouver de l'amour dans ce que tu sais... il faudrait gratter jusqu'à l'os, pour ne pas dire jusqu'à la moelle, mais je n'oserais jamais dire ça !

  • En sortant du film, j'ai essayé de mesurer la chance que j'avais de vivre dans un pays où la religion et l'état, donc la justice, sont séparés. Mais cette chance est tellement immense que je la calcule encore.

  • Cette chance devrait être la normalité !

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