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LEVIATHAN

d'Andreï Zviaguintsev ***

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Kolia possède un garage au bord de la mer de Barents (nord de la Russie). Il vit avec sa jeune épouse Lylia et son abruti d'ado de fils Roma issu d'un premier mariage.

Même si les rapports entre Lylia et Roma sont plus que tendus, Kolia tempère la mauvaise ambiance (mais quelle idée aussi de vouloir que son fils appelle sa femme "maman" !!! les hommes sont cons parfois j'vous jure !). Les ennuis vont réellement commencer lorsque le maire de la ville Vadim Cheleviat décide d'exproprier Kolia en vue d'un projet immobilier. A la grande surprise de Vadim, Kolia refuse l'argent puis résiste par voie juridique, aidé de son ami le beau Dmitri, un avocat de Moscou qui va aussi être porteur de bien des tourments et bouleversements.

Pour ceux qui comme moi s'interrogent sur le sens du titre Leviathan, j'ai cherché car l'Internet planétaire sait tout sur tout et que l'explication religieuse donné par un prêtre pendant le film ne m'a pas convaincue. La métaphore biblique n'est pas toujours limpide à mes oreilles... J'ai trouvé ceci qui est beaucoup plus clair : "le Leviathan peut être considéré comme l'évocation d'un cataclysme terrifiant capable de modifier la planète, et d'en bousculer l'ordre et la géographie, sinon d'anéantir le monde". Effectivement, ce qui va arriver à Kolia et sa famille n'est rien à l'échelle mondiale mais bien le chaos pour eux.

On assiste donc au combat du pot de fer contre le pot de terre et l'on comprend que ce film caustique et virulent ait quelque peu déplu aux autorités russes notamment au Ministre de la Culture qui reproche au réalisateur de donner une image négative du pays. Il est évident que s'il était possible de donner un visage à la bêtise, la cruauté, la vulgarité, l'opportunisme et la corruption ce serait sans nul doute celui de Vadim Cheleviat le maire, homme cruel et sans vergogne qui souffle néanmoins à l'oreille de son jeune fils que Dieu le regarde et juge ses mauvaises actions... Car la religion n'est pas épargnée et il ne fait aucun doute que les relations entre la politique et la puissante Eglise Orthodoxe prête à fermer les yeux sous conditions, ne sont pas étrangères au sort réservé à Kolia.

Ce qui a également dû déplaire au pouvoir c'est que le russe est présenté ici comme ataviquement accroché à sa bouteille de vodka. Vrai ou pas, tout est  clairement prétexte pour les personnages, hommes ou femmes à trinquer. Pour fêter, pour se consoler, pour se désespérer, pour se réchauffer le russe porte un toast, verre plein et cul sec !

Les scènes fortes ou drôles (oui, drôles) s'enchaînent au milieu du drame... celle où le maire, manifestement tout puissant, hors de lui de voir Kolia résister, s'en prend aux autres dignitaires de la ville, notamment juge ou procureur, en hurlant, en les insultant. Doit-on par ailleurs rire ou pleurer de voir l'incompétence, l'inertie et la corruption de la police, ou Kolia et ses amis armés de kalachnikov lors d'un pique-nique, tirer sur les portraits des ex "grands" d'URSS (Lénine, Staline, Gorbatchev etc) ? Le squelette abandonné d'une baleine sur le rivage est-elle le symbole de la Russie actuelle ?


Glaçant comme le climat, beau comme la région et la mer qui offre le spectacle des baleines, magnifiquement interprété, Leviathan et son final désespérant, justement récompensé du Prix du Scenario au Festival de Cannes est un grand film.

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