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AMERICAN SNIPER de Clint Eastwood ***

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Elevé à coups de métaphores (...) : "tu ne seras ni un mouton, ni un loup mais un f...... chien de berger mon fils" et d'entraînements intensifs en forêt armé d'un fusil dès l'âge de 8 ans par un paternel redneck pur jus, Chris est chamboulé le jour où deux avions percutent les Twin Towers.

"Qu'a t-on fait à mon pays ?", c'est-à-dire à moi-même. Car oui l'étasunien a cette particularité d'avoir le drapeau américain et la Star-Spangled Banner chevillés au corps et au coeur.  Alors ni une ni deux, Chris décide de s'engager dans les Navy Seals (Sea, Air, Land) et de devenir tireur d'élite.

Mauvais timing, Chris vient juste de tomber raide dingue amoureux de Taya qui devient sa femme et avec qui il fera deux enfants. Mais malgré l'amour fou dont il déborde, il choisit la voie patriotique et s'en va dégoter les sbires de Ben Laden en Irak. Sa mission, s'il l'accepte : protéger ses collègues en première ligne. Car le sniper est un planqué non ?

Chris se montre particulièrement compétent dans son boulot, au point de détenir le record de toute l'histoire militaire des Etats-Unis (Chris Kyle a vraiment existé) de "160 tirs létaux officiellement confirmés par le Pentagone" et d'être devenu une légende vivante auprès de ses camarades de combat. La Légende devient d'ailleurs son surnom. Dans la vraie vie, cet homme a été à la fois très controversé et considéré comme un héros.

Alors film belliciste, propagandiste comme je l'ai lu ou drame intime sur fond de guerre ? Ni l'un ni l'autre je dirais. Il est sûr que les américains possèdent un sens patriotique qui nous échappe sans doute. J'ai vu moi un excellent film de guerre avec des scènes qui n'éludent pas l'horreur de ce qui se produit sur ces champs de bataille improvisés en plein cœur des villes détruites.

Clint insiste un peu sur les hésitations de son "héros" dont les deux premières cibles sont un enfant et une femme... alors qu'il semblerait que le "vrai" Chris ne ressente pas ces états d'âme. Mais il s'attarde aussi sur les effets collatéraux sur la famille et le syndrome de stress post traumatique de Chris. Comment revenir indemne après avoir vécu ou commis des horreurs ? Comment supporter le décalage entre la conviction de "défendre son pays" (notion abstraite) et la vision de la réalité lors des retours au pays où personne n'évoque cette guerre qui se déroule à des milliers de kilomètres ? Comment se sentir concerné si on n'a pas un proche parti au combat ?

Je trouve Clint vraiment honnête dans sa vision des choses et qu'il a plutôt tendance à pointer du doigt l'horreur de la guerre, de toutes les guerres. Et aussi qu'il invite à la réflexion sans faire de cette "légende" un type particulièrement sympathique ou antipathique. A mesure que Chris rentre au pays (il assurera quatre missions en Irak), il en revient de plus en plus hagard et déconnecté.

Bradley Cooper a soulevé de la fonte pour ce rôle. Massif et imperturbable, il prouve depuis plusieurs films déjà qu'il ne se contentera pas de jouer les beaux gosses.

Commentaires

  • "ni un mouton ni un loup, mais un chien de berger" ça me parait sympa comme formule, à moi.

  • ça dépend du sens qu'on donne à Chien de Berger...
    Le paternel semble penser qu'être Chien de Berger, c'est protéger ses proches MAIS en tuant les gêneurs. Le rejeton applique ce principe à la lettre puisque la guerre lui en donne l'occasion.
    Ni un mec bien, ni une ordure : la guerre c'est moche !

  • suis intéressée par ce film car Clint ... Il est vrai que je remarque de plus en plus Bradley Cooper, je le découvre, il m'intéresse plus maintenant ... j'irais et j'te dis quoi !

  • Oui dis moi quoi.
    Bradley est incontournable.
    J'en lèche l'écran.

  • Bonsoir madame,
    Chapeau bas à Clint pour ne pas avoir encenser son personnage principal mais en même temps j'ai eu l'impression qu'à force de vouloir en faire un type ordinaire ou plutôt à nous montrer un type ordinaire hé bien le film devient comment dire par moments ... chiant !... faut dire qu'hier soir j'ai vu Kingsman et alors là c'est un vrai feu d'artifice( j'espère qu'il est sur ta liste)
    C'est en même temps toutes ses contradictions qui rendent ce film intéressant... le public était captivé dans la salle. C'était presque cérémonieux

  • Ah je n'ai jamais trouvé ça ennuyeux.

    Et Kingsman... FEU D'ARTIFICE à tous les étages, et une sacrée surprise. J'ai ADORé !

  • J'hésite devant ce film .. l'histoire d'un tueur pas trop envie, mais d'un autre côté c'est un film de Clint ..

  • Je trouve que ça ne ressemble pas à un film de Clint ! (je ne sais si ça t'aidera).

  • Je l'ai trouvé intéressant, je ne me suis pas ennuyée une seconde non plus, même si j'ai à peine reconnu Bradley ! ;-)

  • Il est un peu épaissi en effet !

  • Clint, honnête ?
    vous mentionnez que le vrai Chris n'avait aucun scrupule et que dans le film on le voit comme une âme sensible .
    Eh ben ! qu'est ce qu'il vous faut ? vous voulez toujours nuancer et garder le juste milieu ? Désolé, c'est un film propangantiste pur jus. On nous fait le coup de l'homme torturé pour nous flouer mais ça en fait un homme encore plus héroïque et proche des gens.
    Ensuite, le coup du gamin élevé par son vieux paternel à la dure , on nous la fait à Stalingrad et là au moins c'était une guerre plutôt justifiée.
    Le film était du bon hollywood, bien fait avec une histoire bien cousue, mais c'est tout simplement des mensonges bien mis en scène et là toute l'oeuvre artistique perd toute sa valeur.

  • Où ai je dit que Chris était une âme sensible ???

    Bref vous êtes dans la tête de Chris et de Clint ça ne doit pas être simple.

  • Les 5 minutes qui suivent un film de Clint Eastwood c'est toujours du Clint Eastwood (pour paraphraser Sacha Guitry). Un film qui vous en colle quelques unes en pleine tête et un Bradley Cooper phénoménal de sensibilité, de silence, de faux semblant. Clint Eastwood ne prend pas parti pour ou contre la guerre, ni pro, ni anti-américain, il montre les événements et nous laisse à nos pensées profondes, nos certitudes ou nos doutes. Ils nous montrent de vraies blessures de guerre pour mieux nous faire comprendre que d'autres blessures sont là, enfouies, muettes.
    Les scènes où Bladley Cooper retrouve en famille les réflexes du Seals sont très fortes. On a retrouvé le grand Eastwood, celui qui vous tatoue une histoire à fleur de peau et là sur le coup il nous a snipé en plein cœur. Manquait peut-être une grande bande son pour s'approcher de la perfection. J'ai adoré.

  • Exact c'était pas la grande forme pour la musique.
    Mais ravie que tu aies aimé.

  • Si tu n'avais pas mis 3 étoiles, j'aurais évité un film qui m'a un peu fatigué. Je connaissais pourtant ton faible pour le cowboy Eastwood. C'est terriblement américain et républicain red neck avec une vision du monde simplistissime. Les bon ricains face aux méchant. C'est le copain d'Eastwood, Gorges W qui a mis le feu à cette poudrière en attaquant l'Irak. Voilà où on est rendu !Le bon soldat qui ne revient pas de ce merdier troublé par la guerre mais qui regrette de ne pas avoir pu défendre mieux ses camarades et qui va jouer les bons offices auprès des vétérans tout en redevenant un bon père de famille... Non, n'en jeter plus ! Bon, une étoile pour la vision documentaire de la guerre moderne bien réaliste mais c'est tout !

  • Ben t'énerve pas tu vas faire monter ta tension.
    Je te ferai dire que mon faible pour qui on sait ne m'a jamais aveuglée.
    J'ai pas trop aimé Hereafter par exemple.
    J'ai jamais dit non plus que le Chris avait un cerveau en bon état de marche. Mais le film montre bien que quand on a pas l'usage de la réflexion on s'en sort avec les moyens du bord. Limités !

  • Bon, et bien moi aussi je trouve Eastwood honnête, en tout cas avec lui-même et avec son cinéma ce qui est déjà pas mal. Après que sa façon de voir les choses fasse grincer ds dents, ce n'est pas nouveau. Mais ça prouve qu'il est toujours en forme. Je trouve que l'on est bien dans la lignée de films comme "Gran Torino" où il s'intéresse à une Amérique qui ne fait pas toujours plaisir, ou que l'on ne comprend pas toujours bien. Je vais développer ça d'ici peu :)

  • Son "héros" n'est pas un modèle d'humanisme.
    Et il y a toujours ce côté de patriotisme qui doit nous échapper à nous autres français, mais le film est de haute tenue je trouve.

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