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TROIS SOUVENIRS DE MA JEUNESSE

 d'Arnaud Desplechin *****

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Paul Dédalus porte un nom impossible et il se souvient de trois "choses". Son enfance à Roubaix, un voyage en URSS, son amour pour Esther... un temps perdu qui ne reviendra pas. Nostalgie, mélancolie, regrets et humour sont au menu.

A 11 ans, Paul lutte contre une mère folle à lier. Il dort sur le palier un couteau à la main pour l'empêcher de passer et faire du mal à ses frère et sœur adorés Ivan et Delphine. Plus tard, inconsolable du suicide de sa femme, le père se mettra à battre Paul qui se réfugiera chez une vieille tante homosexuelle. Au lycée, lors d'un voyage en URSS  Paul commet un acte de bravoure insensé et magnifique qui le rattrapera trente ans plus tard. Et surtout, il croise le regard d'Esther, la plus belle fille du lycée celle dont tous les garçons tombent amoureux et qui peut dire sans rire : "je leur fais cet effet là à tous parce que je suis extraordinaire". Mais c'est compter sans Paul, dragueur maladroit que la maladresse, les doutes et les hésitations vont justement rendre irrésistible. D'ailleurs comment résister à un garçon qui vous dit à peu près : "ton visage contient toute la beauté du monde."

Et Esther tombe amoureuse de Paul qui l'aime en retour. Mais ils vont tout compliquer. La vie aussi va se charger de les éloigner puisque Paul ira faire ses études à Paris tandis qu'Esther reste à Roubaix, se morfond, s'étiole, se fane puis ressuscite à chaque retour de Paul. Qui repart. Alors Esther se donne à d'autres, multiplie les aventures sans lendemain et Paul trompe Esther, des histoires sans intérêt. Ils s'aiment, passionnément, à la folie, s'écrivent sans cesse. Les années passent, l'amour reste intact malgré les petits arrangements, les petites trahisons des uns et des autres. Les amis qui croient ou prétendent bien faire...
Que c'est beau, mais que c'est beau !!! Tout cet amour qui devient impossible à force d'être évident, cette langue classique, épurée, littéraire sans être ampoulée, affectée, cette incursion troublante dans le film d'espionnage, cette rencontre avec une anthropologue admirée qui deviendra le mentor de Paul, les "visites" de la tante qui revient d'outre-tombe pour guider son neveu.

Comme dans Un conte de Noël, autre splendeur despléchienne, le réalisateur parle d'amour, de fraternité, d'amitié, de famille, d'une mère folle et détestée et il nous emporte dans un tourbillon d'émotions, de sentiments avec infiniment de légèreté malgré la dureté des situations parfois, d'humour et de mélancolie. Le cinéma comme je l'aime.

Emporté par un beau casting français (Mathieu Amalric, Olivier Rabourdin, François Lebrun...), ces Trois souvenirs de [ma] jeunesse sont illuminés par deux acteurs incroyables, Lou Roy-Lecollinet dont le regard perdu et le sourire triste m'ont évoqué Marie-France Pisier, mais surtout Quentin Dolmaire qui semble droit sorti de la nouvelle vague époque Truffaut Godard Léaud et dont la diction, le phrasé, l'humour, le sourire malicieux, la (fausse) légèreté mélancolique devraient rapidement inspirer le cinéma d'auteur...

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Commentaires

  • Question: faut-il avoir vu "Comment je me suis disputé (ma vie sexuelle)" avant ?

  • NON.

    Mais après tu auras envie !

  • Magnifique film sur l'amour, la solitude , le désir , à ne pas manquer

  • Je suis d'accord.

  • Je suis assez âgé pour avoir vu "Comment je me suis disputé" dans une salle obscure... et pour m'y être copieusement ennuyé (alors que j'avais beaucoup aimé "La Sentinelle"). :(

    Cela m'a vacciné contre le cinéma de M. Desplaieschiant... et contre une certaine critique bien-pensante. La bande-annonce du dernier (dont il est ici question) ne m'a pas incité à renouveler l'expérience... mais, après tout, chacun ses (dé)goûts.

  • En effet, il a l'air de t'agacer le Arnaud.
    Moi ça me fait pareil avec B. Jacquot, je vais voir tous ses films et à chaque fois j'aime pas. Donc, c'est pas pareil finalement puisque je vais les voir...

  • c'est un film inventif, merveilleux, drôle dans lequel Quentin Dolmaire est Mathieu Amalric, avec les mêmes intonations dans la voix, le même phrasé.

    Et oui, Dieu que cela est bien écrit !

  • J'ai trouvé que Quention Dolmaire parlait plus comme Jean Pierre Léaud que comme Mathieu Amalric. Mathieu je l'ai adoré, mais là, il commence à m'irriter... à être la caricature de lui-même.
    Mais je suis d'accord avec toi, le film est merveilleux.

  • Mais c'est que les blogs mangent mes coms, dis donc ! Si mon commentaire apparaît deux fois, il ne faudra pas s'étonner, je beugue.
    Tu donnes envie avec ta belle découverte de beaux jeunes acteurs, mais j'ai déjà essayé Desplechin, et non, c'est pas possible.
    Pour ma culture générale, et poussée par les critiques qui savent normalement de quoi ils parlent, j'étais allée voir Un Conte de Noël, et je suis complètement passée à côté de sa splendeur. Les monologues face caméra m'ont donné envie de fuir, la langue littéraire, m'a paru, à moi, très ampoulée et artificielle. Donc non, là je vais passer mon tour.

  • Ah oui dans ce cas, il vaut mieux que tu évites.
    C'est bien plus littéraire encore qu'Un conte de Noël.
    Dommage, ce film est envoûtant.

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