Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

LOIN DE LA FOULE DECHAÎNÉE de Thomas Vintenberg ****

365394_jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx.jpgLa belle, fougueuse et libre Bathsheba Everdeene déteste son nom... pourtant je trouve qu'il déchire ! Elle est pauvre mais n'entend pas se laisser passer la corde au cou par le premier venu. Non mais. Au contraire, ce qu'elle chérit le plus c'est son indépendance.

Lorsqu'elle rencontre son voisin le fermier Gabriel Oak, le spectateur voit immédiatement qu'entre eux c'est l'éclair, l'étincelle, l'illumination, le coup de foudre. D'une façon aussi brutale que follement romantique, le fermier/berger ne tarde pas à la demander en mariage. Cette folle refuse...

On est donc bel et bien chez Thomas Hardy (ne pas confondre avec Tom) qui réussit mieux que quiconque à démontrer comment rater sa vie, ses amours en 500 pages. Bathsheba est de ces héroïnes déroutantes, d'une liberté totale pour son époque (le XIXème siècle victorien) et qui s'emploie avec acharnement à faire exactement l'inverse de ce qu'elle souhaite faire. Elle est très proche selon moi de Scarlett O'hara (lors d'une scène d'ailleurs, avec sa robe noire et ses bouclettes, Carey Mulligan ressemble fort à Viven Leigh) et ce doit être pourquoi je l'aime tant. Et puis Thomas Hardy (non, non, pas Tom) est un de mes auteurs anglais favoris. Loin de la foule déchaînée, je l'ai lu, relu et là... après avoir vu le film j'ai une nouvelle fois craqué. Je me replonge avec ravissement dans les aventures de Bathsheba et de son berger Gabriel.

D'autres romans de Thomas Hardy ont déjà été magnifiquement adaptés au cinéma, Loin de la foule déchaînée, déjà en 1964 par John Schlesinger, Jude, l'obscur-aaaaaaaaaaaaah-par Michaël Winterbottom et Tess-aaaaaaaaaaaaaaaaah-par Roman Polanski. Je ne m'attarde pas sur le fait que ce soit l'éclectique et surprenant Thomas Vintenberg qu'on attendait sans doute pas dans une œuvre aussi romantique qui soit aux commandes, les encartés le font mieux que moi.

Revenons à cette campagne anglaise isolée de la foule déchaînée. A la suite du suicide collectif de la totalité de son troupeau, et l'expression moutons de panurge prend ici tout son sens, Gabriel devient pauvre alors que grâce à un héritage inattendu Bethsheba riche. En tout cas, elle prend possession du domaine d'un oncle (ils appellent ça "ferme", moi je vois château :-)) et Gabriel qui remballe sa fierté (mais pas son amour) devient l'employé de celle qui l'a éconduit. Il veillera sur elle parce que l'amour est comme ça : il ne demande rien en retour. Et puis, la belle quoiqu'un peu vaniteuse, est irrésistible : "Tout en elle respirait la joie de vivre ; mais ce sentiment semblait trop sincère pour être provoquant ou présomptueux, pareil en cela à la confiance en soi-même qui ajoute à la valeur d'un homme de talent, tandis qu'elle couvre l'ignorant de ridicule".

Quant à l'amour, vu par Thomas Hardy, c'est solide et inébranlable bien que très très contrarié et contrariant : "homme et femme veulent bien s'associer dans le plaisir, mais non pas dans la peine. Cependant, quand des circonstances fortuites permettent son développement, ce double sentiment est le seul amour qui soit aussi fort que la mort, l'amour que rien ne peut ébranler ni amoindrir, à côté duquel toute autre passion de ce nom n'est que vaine fumée." L'amour de Gabriel et Bethsheba est de cette trempe, mais ils sont loin de le savoir compte tenu de tout ce qui va se mettre en travers de leur chemin.

Bien que femme, Bethsheba va s'imposer dans un monde d'hommes en restant la seule à la tête de son exploitation et la faire fructifier envers et contre tous. Evidemment Gabriel veille dans l'ombre ainsi qu'un voisin riche, plus âgé et moche Michael Sheen Monsieur Boldwood qui tombe aussi sous le charme de la belle et plus tard le fougueux et joli Sergent Troy. La belle des champs n'a que l'embarras du choix. Devinez donc à qui cette folle va accorder ses faveurs et plus encore ? Je ne dis rien. Mais j'espère que les lectrices invétérées qui passent ici ont lu cette splendeur si elles n'ont encore vu le film.

Tout ici est beau, les décors, les costumes, la campagne, les sentiments, les personnages, l'histoire. C'est ardent, bouillonnant, passionné mais les personnages gardent la plupart du temps leur réserve et ne s'abandonnent que rarement à la violence de leurs sentiments brûlants.

Evidemment, il manque sans doute un peu de la cruauté dont Hardy fait preuve, lui qui fait souffrir comme personne ses personnages et son héroïne tellement féministe et en avance sur son temps, qui reniera pourtant par coquetterie, faiblesse ou vanité ses propres idéaux. Mais c'est quand même d'une beauté et d'un romantisme étourdissant qui moi, me transporte.

Et puis Carey Mulligan à la fois indocile, espiègle, féminine, capricieuse est absolument irrésistible. Et Matthias Schoenaerts très à l'aise dans ses bottes de berger est tout simplement AFFOLANT. Il illustre à merveille les propos du romancier le décrivant : "Dans les districts ruraux, une apparition masculine procure généralement aux vierges et pas seulement une émotion qui, je crois, ne leur est pas désagréable". Parce que : "Quand le fermier Oak souriait, les commissures de ses lèvres touchaient presque ses oreilles, ses yeux se plissaient jusqu'à ne plus former que deux fentes et un faisceau de rides apparaissait autour d'eux, qui dessinait sur son visage comme les rayons d'un soleil levant sur un croquis rudimentaire."

loin de la foule dechaÎnee de thomas vintenberg,carey mulligan,matthias schoenaerts,michael sheen,tom sturridge,cinémaloin de la foule dechaÎnee de thomas vintenberg,carey mulligan,matthias schoenaerts,michael sheen,tom sturridge,cinéma

 

Commentaires

  • Je n'ai jamais lu Thomas Hardy (indigne, je sais, pourtant je dois avoir certains de ses livres quelque part, au moins Tess) mais sinon tout dans ce film me fait envie, à commencer par Carey que j'aime, et je bave sur les bandes-annonces depuis des semaines.

  • Tess serait un début étourdissant :-)

    Carey est parfaite. On a envie de la croquer.
    Tiens je vais me "faire" la BA pour replonger un.

  • Je pars cette semaine en vacances dans le Luberon, je n'aurais pas le temps d'aller au cinéma avant. Il sera peut-être encore à l'affiche à mon retour (j'ai vu la première version il y a longtemps).

  • J'ai vu la première version mais ne m'en souvient plus...
    Trop jeune et j'avais pas encore lu.
    Mais après avec Tess et Jude... je suis tombée en amour.

    Bonnes vacances :-)

  • Difficile pour moi de faire un film plus beau que le "Tess" de Roman Polanski. Mais celui-là a l'air plutôt intéressant, d'après ce que tu dis, et je fais confiance à Matthias Schoenaerts pour porter haut ce type de personnages.

    Et puis, j'aime bien Carey Mulligan, malgré tout le mal que je peux lire sur elle. Alors, je n'en fais pas vraiment une priorité, mais pourquoi pas ? Thomas Vintenberg, je ne l'attendais pas dans ce type de films, je dois dire, ce qui rend la chose plus intéressante encore.

  • Matthias est incroyable (mille fois meilleur que dans Suite Française qu'il était pourtant le seul à sauver...) et Carey idéale !

    J'ai lu que l'adaptation était "académique" et ça a l'air d'être un gros mot. Moi, je dirai tant mieux... manquerait plus qu'elle soit punk ou rock and roll.

  • Vu vendredi soir. J'ai pas totalement accroché, l'utilisation de la lumière dans certaines scènes en particulier m'a rappelé à pleins de moments Orgueil et Préjugés, qui reste pour moi le film du genre ultime (ok je sors...)
    Par contre, Matthias Schoenaerts... affolant c'est le mot, comment on peut être aussi beau ??? Carey Mulligan est très appréciable aussi

  • OMG Orgueil et PRéjugés : c'est raté :-)

    Oui s'ils font un ptit je veux bien qu'ils me le mettent de côté.

  • Merci de préciser qui est qui!!!! Je commencer de être confus, pacque je déjà Lu tout le livres de TOM (tiens je viens juste de voir un film avec lui ou il combat/boxe dans la cage métalliques à las Vegas contre son frère qui est prof lui….....) par contre je ne jamais entendu parler de Thomas Hardy...

    Au moins la se clair dans mes esprit au ce sujet.....

  • Je suppose que tu as vu Bronson (pas Charles...) car c'est le meilleur Tom.
    Tu m'suis ?

  • Dans Loin de la foule, je ne l'ai pas trouvé désexualisé du tout du tout...
    Décidément, c'est vraiment un très beau pays, la Belgique. Il faudra que je pense à y faire un tour un de ces quatre.
    Et voir toute la filmographie de Matthias Schoenaerts, passée, présente et future.

  • Ben non au contraire, c'est un fantasme sur pattes !
    Pas la peine d'être torse nu... voire pire :-)
    La Belgique est sublime, un Mathias surgit à tous les coins de rue.

  • Le fauchage c'est sexy. Même sans faire tomber la chemise.

  • Oui c'est vrai, de toute façon dès qu'il remue il me fauche...
    Même quand il est à l'arrêt !

Les commentaires sont fermés.