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BAD BOY BUBBY de Rolf de Heer (1971) **** - LUMIÈRE 2015 - GRAND LYON FILM FESTIVAL

DANS LA SECTION : RESSORTIE

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En présence de Thierry Frémaux (toujours doué ou doté d'ubiquité (il est absolument partout), dynamique, passionnant, intarrissable, puits de science cinéphile, encyclopédie infaillible...) et du réalisateur Rolf de Heer, garçon charmant, australien et capable de s'exprimer en français et qui semblait vraiment heureux et curieux de voir nos réactions lors de la projection de son oFni : « personne n'est mort lors des précédentes projections... ».

 

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Comme la plupart des invités du Festival ou de l'Institut Lumière en général, Rolf de Heer a droit à sa plaque sur le mur, rue du Premier Film. Nous sommes tous invités à sortir de la salle pour assister à l'événement.

 

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Une mère et son fils vivent seuls dans une cave, un sous-sol... un endroit sordide, crasseux et sans lumière depuis 35 ans. Bubby le chérubin n'est jamais sorti car sa mère lui a toujours assuré que le monde extérieur n'est pas fait pour lui, qu'il mourrait s'il sortait. D'ailleurs elle-même, lorsqu'elle s'absente pour faire quelques courses, porte un masque. Elle nourrit son grand garçon de pain sucré au lait, le lave (sans doute pas tous les jours), se lave à son tour devant lui, le viole, le frappe quand il n'est pas sage ou qu'il s'est fait pipi dessus. Bubby encaisse par amour pour sa maman aux si beaux seins qu'il peut contempler ou malaxer selon le bon vouloir de la dame ! Le reste du temps Bubby s'occupe à capturer des cafards ou à faire des expériences de plus en plus sadiques sur un pauvre chat lui aussi enfermé dans une cage. Lorsque le père de Bubby surgit après une absence de 35 ans, le quotidien du garçon en est tout perturbé. Il va réagir...

 

Grâce à Gaël (Dirlo Artistique du Festival International du Premier Film d'Annonay (je vous en parle très prochainement...)) je ne serais sans doute pas allée voir ce film dont l'affiche et le synopsis n'avaient rien d'attirant. Erreur monumentale et pouvoir le découvrir 22 ans après sa sortie (d'ailleurs n'hésitez pas, il ressort en salle le 11 novembre) fut une expérience, une aventure atypique, sensitive et en tout point singulière. Même Gaël, l'un des rares de la salle à avoir vu le film à sa sortie en 1993 (Thierry Frémaux a fait lever la main de ceux qui l'avaient vu) en a redécouvert moult aspects, notamment le travail prodigieux et impressionnant sur le son et la lumière.

  

Effectivement voir ce film est d'abord éprouvant. J'ai réellement ressenti la claustrophobie lors de la première demi-heure. Ce taudis immonde de quelques mètres carrés, l'horreur de tout ce qui s'y passe, le bruit de fond permanent non identifié mettent vraiment mal à l'aise, au bord du vertige. On est néanmoins curieux de savoir comment cette histoire, ces personnages peuvent et vont évoluer. Le réalisateur règle le sort des parents...

  

Lorsque Bubby sort de sa sinistre prison, sans morale, sans rien connaître du reste de l'humanité, sans la moindre notion du bien et du mal, avec peu de vocabulaire et des tournures de phrases approximatives, il est instantanément confronté à la violence et à la laideur du monde. Peu de surprises donc pour Bubby qui n'a pas été élévé dans du coton. Et il va rencontrer des personnes voire des personnages aussi étranges et marginaux que lui. Et comme Bubby est une éponge, une sorte d'enfant sauvage capable de mimétisme et d'apprentissage, il va se forger une personnalité, un monde intérieur.

  

Je n'en dis pas plus car le parcours de Bubby, drôle, pathétique, violent et tendre plonge le spectateur dans un océan de surprises folles ou bouleversantes. Ce film totalement perché, fulgurant, bruyant, d'une immoralité abyssale nous confronte au chaos d'un monde cruel, inquiétant et sans loi dont le langage est le moteur, et à un personnage (et un acteur, Nicholas Hope) surprenant, terriblement attachant.

  

Un film rock'n'roll,  mais VRAIMENT rock'n'roll, follement fou dont on sort rincé mais radieux !

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