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THE REVENANT de Alejandro González Iñárritu *****

L'AVIS QUE VOUS ATTENDIEZ TOUS !

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Eclaireur d'un groupe de trappeurs dans le grand ouest américain et hivernal, Hugh Glass accompagné de son fils, un "sang mêlé", est laissé pour mort par ses compagnons de route.

Son fils est assassiné sous ses yeux et le responsable du meurtre, persuadé que Glass va mourir de ses blessures infligées par un ours, l'enterre vivant. Mais Glass s'extirpe de son tombeau et n'a plus qu'une idée, qu'une obsession : retrouver le meurtrier et venger la mort de son fils.

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Le synopsis pourrait tenir en quelques mots : un homme désespéré cherche à se venger.

Point. 

Mais ce qu'Iñárritu et MON Leo font de ce périple entrepris par un homme à l'agonie, dans un état physique et moral au-delà de l'épuisement et du délabrement tient du génie. On peut, enfin moi je peux, et c'est assez rare pour le clamer, parler de chef-d'oeuvre. Malgré l'extrême violence, la brutalité, la cruauté  voire la sauvagerie qui suintent de chaque scène, ce film est d'une beauté renversante. Il y a tellement longtemps que je n'ai pas été autant sonnée au cinéma que j'ai presque envie de lui ajouter une étoile.

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Je suis la première à couiner quand on fait des comparaisons souvent faciles et dont je ne vois pas l'intérêt. Et bien tant pis, je ne suis pas à une contradiction près. Ce film m'a transportée instantanément chez Terrence Malick période Le Nouveau Monde (avant qu'il ne sombre dans sa folie mystique), dès les premières images d'une nature sublime mais hostile et inhospitalière accompagnées d'une musique hypnotique, ensorcelante, inquiétante et d'une voix off qui murmure des consolations en dialecte indien. Plus tard j'ai pensé à Andrew Dominic période Coward à la voix de canard, sans doute à cause des grandes étendues neigeuses, à perte d'horizon. Ceci pour vous donner une idée de l'ambiance visuelle.

 

Mais lorsqu'un GRAND réalisateur croise la route d'un acteur IMMENSE, et réciproquement, cela donne The Revenant. Et il faut bien un acteur dément seul à l'écran, à l'image, à l'histoire pendant deux heures d'un film qui en compte 2 h 36 pour réussir à vous clouer au fauteuil, en apnée, les yeux écarquillés, le coeur en alerte maximale, sans une seconde de relâchement.

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Oui Leo est immense et ce film est son acmé. J'espère que s'il n'a pas l'Oscar demain, il n'en sera pas trop affecté. Ses performances valent mieux que des récompenses. Il suffit de jeter un œil sur son incomparable carrière, sur ses choix de films, de rôles, de réalisateurs (Baz Luhrmann, Woody Allen, Ridley Scott, Martin Scorsese, Steven Spielberg, Sam Mendès, Christopher Nolan, Clint Eastwood, Quentin Tarantino et à présent Iñárritu qui le fait se surpasser encore une fois), et surtout ses compositions à chaque film un peu plus extrêmes pour comprendre à qui on a à faire. Sans parler des films qu'il produit.

 

Tout ici est sublime, impressionnant, démesuré. A commencer par la souffrance insensée de cet homme qui amorce son voyage vers sa vengeance en rampant tant ses blessures, sa jambe sans doute cassée le rendent incapable de se tenir debout. Lorsqu'il lui arrive de sombrer plus bas que l'épuisement et le désespoir, de toucher le fond de l'abattement et d'avoir peut-être la tentation de renoncer, il s'efforce d'écrire quelques mots dans la neige, sur une pierre, toujours les mêmes mots : "Biiip killed my son" pour se donner le courage de continuer. Affamé, frigorifié, épuisé, fiévreux, ce ne sont pas des épreuves qu'il doit traverser mais quelque chose comme la colère de Dieu qui s'abat sur lui. Ce n'est pas uniquement une lutte pour sa survie mais un combat permanent contre le climat, les intempéries, les tempêtes, les animaux qui rodent, les différentes tribus indiennes, les groupes de trappeurs tous prêts à dégainer crocs, griffes, flèches ou armes. Rien ne l'arrête. Sa confrontation à deux reprises avec une maman grizzli qui craint pour sa progéniture (dont Aurélien Ferenczi de Télérama l'assure  : "jamais ours numérique (...) n'a paru plus artificiel ou plus bidon. Cet effet qui fait pschitt donne, hélas, le ton du film tout entier") est un moment sidérant où la salle suspend son souffle, où l'affrontement entre une bête sauvage se défend et un homme puise on ne sait où son instinct de survie. Et lorsqu'on croit que c'est fini, l'ourse revient à la charge pour déchiqueter encore un peu plus l'homme dans un corps à corps d'une violence inouïe où l'on ne distingue plus l'homme de la bête. Une des blessures est responsable du quasi mutisme du personnage pour le reste de l'histoire. Car oui, on peut réaliser un grand film, accomplir une performance d'acteur hors normes sans beaucoup de mots, avec son corps, son souffle, ses râles...

 

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Autre bonne nouvelle, Laurent Delmas de "mon" France Inter n'a pas aimé. Prétendant même que Leonardo Dicaprio se sort de toutes les épreuves sans une égratignure... Ce qui est le comble s'il a réellement vu le film car jamais je n'ai vu un corps aussi malmené et couturé avec autant de réalisme. Mais c'est du faux Laulau... c'est du maquillage, Leo va bien, enfin j'espère ! Mais prétendre qu'il s'en sort sans égratignure... je vous laisse juge.

 

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La toute jeune nation étazunienne de l'époque n'était donc que cela. Une succession de combats des hommes entre eux mais aussi des hommes contre les éléments, la nature, la faune. Une lutte permanente pour sa survie ou la domination de l'un sur l'autre. Triste état des lieux de la nature humaine. Au milieu de ce déchaînement de violence la lutte individuelle voire individualiste d'un homme pour sa survie et sa vengeance, portées et encouragées par l'amour de et pour sa femme morte. Condamné pour survivre à bouffer du sushi vivant, des racines, à ronger les os des carcasses de bestioles abandonnées, à se réchauffer dans les entrailles d'un cheval, Glass/Leo lutte jusqu'au bout des limites humaines supportables.

 

Autour de Leo, deux acteurs tiennent mieux que leur place. Domnhall Gleeson toujours meilleur film après film. Et surtout Tom Hardy qui disparaît pratiquement méconnaissable derrière son personnage de John Fitzgerald affligeant de bêtise. Il rassemble tous les défauts qu'un homme peut cumuler. Sans doute jadis écorché trop près du scalp, il n'est que mensonges, traîtrise, fourberie, racisme et cupidité. Une performance. Un oscar ?

 

Et pour finir derrière ce regard noyé de larmes qui se fige derrière les paupières du spectateur, on ne sait si cet homme inconsolable revenu des morts et de la souffrance se résigne à sa propre mort ou se dirige vers l'apaisement.

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Commentaires

  • D'accord avec toi sur plein de choses ! Leo envoie du lourd, c'est très clair et il n'aurait pas volé son Oscar sur ce coup-là. Je le dis en ajoutant tout de même que j'aime moins ce Hugh Glass que d'autres de ses personnages. L'acteur s'investit totalement, mais ce qu'il joue ne m'émeut pas complétement.

    C'est le personnage de Tom Hardy qui m'a paru le plus intéressant, à vrai dire, d'abord pour sa transformation physique, mais aussi pour son ambivalence. Je l'ai trouvé très humain aussi, dans sa médiocrité et dans ses faiblesses. Pour ne pas dire autre chose. Domnhall Gleeson est impeccable aussi, mais malheureusement un peu trop réduit au rang de faire-valoir, j'ai trouvé.

    En fait, si j'ai beaucoup aimé ce film, je crois que j'aurais préféré qu'il soit un peu plus tellurique encore, que la nature prenne une plus grande place, qu'on n'oublie pas aussi que ces hommes blancs venus sur la terre d'Amérique étaient, d'une certaine façon, des spoliateurs. J'adorerais revoir le film du point de vue des Arikaras et/ou des Pawnees.

    Je suis moins convaincu que toi par le côté onirique de certaines scènes - un peu trop lancinant à mon goût, même si ça s'inscrit tout à fait dans la logique de ce scénario de survie. En tout cas, je pense que c'est un film qui va très bien vieillir. Je serais sans doute curieux de le revoir dans quelques années, quand tout ce petit monde aura pris de la bouteille. Avant cela, j'en reparlerai "chez moi" un jour prochain...

  • J'oubliais... la fameuse scène de l'ourse m'a scotché. Ferenczi est un pisse-froid !

  • Je ne suis évidemment pas d'accord avec toi.
    Et pour l'avoir déjà vu deux fois, je trouve ce film irréprochable.
    Il ne s'agit pas, je crois, de traiter cette histoire d'un point de vue politique.
    Tout ce qui concerne les indiens, les canadiens, les trappeurs, l'armée sont des aspects annexes et survolés à raison car ils ne sont pas le thème du film.
    Il s'agit ici de l'histoire d'un mort vivant qui revient d'outre tombe pour se venger dans des conditions et un contexte extrêmes.

    Tom Hardy est parfait et Domnhall aussi et pas du tout un faire-valoir. Il tient drôlement bien sa place avec son amitié touchante pour Glass.

    Ferenczi fait son malin et se ridiculise ! C'est un critique animatronic de toute façon.

  • Quand je serai grande je me marierai avec Leonardo. En attendant il a intérêt à l'avoir ce p***** d'Oscar !!!!!

  • J'ai juste envie de lui dire comment il est trop extraordinaire.
    Mais tu es trop brune, il n'aime que les blondes qui ont 20 ans de moins que lui.
    Et tant que sa mère est parmi nous, aucune n'a ses chances.

    IL l'aura pas :-('

  • Pascale il l'a eu !!!!!!!
    Donc tout peut changer maintenant ! Il peut aimer les vieilles petites brunes par exemple !

  • Je te crois sur parole, mais ce n'est pas pour moi du tout ce film ; j'ai déjà mal partout, rien qu'en lisant ton résumé et je souffrirais trop avec Léo ... et la bestialité des hommes, j'en peux plus.

  • Moi les hommes j'en peux plus tout court. Ça me conforte dans l'idée qu'ils sont infréquentables. Mais Leo j'y lécherais bien ses croûtes ;-)

  • moi, il n'y a pas que ses croûtes que je lécherais !

  • Cochonne !

  • Cela faisait depuis longtemps que je n'avais pas vu un film aussi bien réalisé et soigné. Dés le départ, nous sommes en plein dans la nature hostile avec tous ses sons des arbres, de la forêt qui se terminent par un fond sonore avec mélange de rythme indien et de sons de la nature (à noter que Ruichi Sakamoto a fait cette musique qui fait corps avec la nature - il est l'équivalent de David Bowie au Japon : c'est un doué - il avait tourné avec La Créature Bowie et fait d'ailleurs la musique du film dans Furyo.
    La scène de l'ours est insoutenable. Les scènes d'actions sont intenses, nous sommes scotchés du début jusque la fin.
    Film rude et fort, Léo (magistral comme toujours) et Tom (très bon). Le thème de Indiens est abordé (j'aime l'histoire des Indiens qui ont été chassés comme les loups ...) Les arbres, les rivières ... sont bien vivants et ont une présence forte (bien rendue par le réalisateur.
    A voir absolument.

  • Leo et Tom vont bien ensemble.
    La musique est sublime.
    Tout ce film est un sans faute.

  • Bonjour Pascale, ton billet me fait plaisir car moi aussi, j'ai aimé ce film sans réserves. C'est après coup que j'ai appris que l'ours(e) n'était pas un vrai: la scène m'a époustouflée. Les décors sont sublimes, la photo n'en parlons pas; quant à Leo, je l'ai trouvé remarquable. Un Oscar mérité et tant pis pour ceux (pas mal de blogueurs) qui n'ont pas aimé. Bonne journée.

  • Bonjour Dasola. En effet, comment ne pas aimer ? Mais bon, c'est ça le cinéma, les goûts et les couleurs... Je suis contente de ne pas être passée à côté en tout cas.

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