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ELLE

de Paul Verhoeven ***(*)

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Michelle est sauvagement agressée et violée chez elle. Contre toute attente et toute logique, elle ne prévient personne, ni la police, ni ses amis, ni même son fils qui passe un moment plus tard.

Tranquillement, elle prend une douche et se commande des sushis ! Lorsqu'on lui demandera d'où viennent les marques sur son visage, elle répond qu'elle s'est cognée.

Il faut dire que Michelle est une femme de caractère qui mène son entreprise de jeux vidéos et sa vie privée en donnant l'impression que rien ni personne ne l'atteint et surtout qu'elle veut tout contrôler. Y compris la vie de son grand dadais de fils et celle de son ex mari. Chacun essaie plus ou moins de prendre de la distance et de s'assumer sans elle. Mais le premier manque d'argent et s'est amouraché d'une harpie enceinte d'un autre et le second ne semble pas bien autonome non plus. Michelle règne littéralement sur son entourage.

Le choc, très relatif chez cette femme froide, de l'agression passée, elle décide néanmoins d'en parler à ses plus proches qui ne comprennent pas son choix de ne pas porter plainte mais s'en tiennent à sa décision. A partir de là, tous les hommes de l'entourage de Michelle deviennent à ses yeux et aux nôtres, spectateurs, des coupables potentiels. Amis, amants, employés, voisin... tous prennent des allures de suspects et Verhoeven nous manipulent avec excellence dans ce sens. Car même s'il n'y a pas d'enquête officielle, il semble que Michelle cherche le coupable.

Petit à petit on entre dans son quotidien. Femme à la fois seule très seule et très entourée, mais en contrôle permanent de tout et de tous. Autoritaire, intransigeante, souvent tyrannique, elle n'a rien d'une victime qui cherche à se faire plaindre. Et c'est là l'une des ambiguïtés du réalisateur qui nous montre à plusieurs reprises un acte, un crime d'une sauvagerie sans nom et une victime qui s'en relève comme s'il ne s'était quasiment rien passé. Et se permettra même ce trait d'humour lorsqu'elle dit à son chat qui a assisté à la scène les yeux écarquillés : "bon c'était pas la peine de lui crever les yeux mais tu aurais pu le griffer quand même !" Et là je vous mets au défi de ne pas entendre la voix d'Isabelle Huppert avec tout le détachement dont elle est capable.

Tout l'entourage de Michelle dépend d'elle et compte sur elle, son fils, son ex mari, sa mère. C'est sans doute à cause de cette dépendance qu'elle impose à tous, le carnet de chèques à la main, qu'elle s'accorde l'autorisation de tout surveiller. Choisir l'appartement de son fils, insulter le petit ami de sa mère cougar, rendre visite sur son lieu de travail à la nouvelle fiancée de son ex, coucher avec le mari de sa meilleure amie et associée (devinez : est-ce Anne Consigny qui joue son 797ème rôle de cocue ???)... Les comportements de cette bourgeoise manipulatrice, sado-masochiste sont à la fois drôles et effrayants.  Rien ne l'arrête, elle veut dominer toutes les situations, jusqu'à l'AVC de sa mère dont elle demande au médecin stupéfait si elle n'a pas pu le simuler. Même ceux qui découvrent son jeu pervers ne bronchent pas.

Dans cette vie sous contrôle, il y a cependant une faille qui évidemment date de l'enfance mais elle est beaucoup mieux amenée et traitée que dans la plupart des films où le trauma tombe comme un cheveu tellement prévisible. Là encore le réalisateur sème le trouble. Michelle a-t-elle été victime ou complice ?

Isabelle Huppert est entourée d'un beau casting qui joue souvent une partition à contre-emploi ou en tout cas inhabituelle. Quant à elle, impériale et monstrueuse, elle ose tout, ne recule devant rien, se masturbe devant la fenêtre en observant son voisin avec des jumelles et s'essuie machinalement la main avec un kleenex, prend une petite voix enfantine pour organiser un repas de Noël qu'on prédirait à tous catastrophique, se débarrasse de son amant comme d'un objet, fait des aveux à sa meilleure amie... tout avec une froideur, une évidence, une force, une perversité inébranlables. Tout le monde est faible à côté d'Elle, surtout les hommes.

Pas de doute, après Valley of Love,et l'Avenir, Isabelle Huppert est au sommet.

Commentaires

  • Je ne vais jamais cinéma - espace clos, foule, aïe aïe aïe - donc je n'ai pas vu ce film dont j'ai pourtant beaucoup entendu parlé. Pourtant il m'a fortement interpellé, je me doute qu'il est à voir rien que pour la prestation d'Isabelle Huppert !

  • La foule je comprends... Je n'y vais jamais (ou très très rarement) le soir. J'ai la possibilité de pouvoir choisir des horaires où il y a peu de fréquentation.
    Quant à ce film, histoire et personnage bien tordus !

  • Bonsoir Pascale, l'année 2016 est vraiment l'année Huppert. Bonne soirée.

  • Bonjour. En effet, elle commence fort pour elle. Il était temps, elle m'avait beaucoup déçue.

  • Bonjour Pascale !
    Je voulais juste te signaler que la forme "Elle se fait agresser et violer chez elle" devrait être changée en "elle est agressée et violée chez elle"... la première tournure (très, très, très commune dans les médias malheureusement) indiquant une part de responsabilité de la victime dans son viol.
    Merci pour la critique en tout cas. J'aime beaucoup le jeu d'Isabelle Huppert en général... elle est très forte pour glacer les sangs ;)

  • Ah bon ? Et bien tu m'en apprends une nouvelle ! J'ai retourné la formule dans ma tête et je ne comprends pas bien... Donc "se faire" veut dire qu'on encourage !
    Ok je change bien que je ne sois pas convaincue.

  • j'en sors... et à côté de moi j'avais un homme que je pense schizophrène (il a chuchoté durant la moitié du film, les yeux fermés, les mains croisées devant son visage et soufflant régulièrement, et un signe de croix à la scène finale). J'ajoute que je suis rentrée seule en tram, bien contente d'être chez moi, porte fermée à double tour.
    Sinon je pense avoir aimé, mais difficile de dire tant ce film est malsain. J'ai sursauté de nombreuses fois, collée à ma voisine inconnue de gauche pour surtout pas avoir à effleurer le type de droite. Bref, j'ai 21 de tension, vais pas dormir avant des h je crois!!

    Ben sinon belle soirée ciné, puisque juste avant je suis allée voir l'incroyable : Mr Gaga, sur les pas d'Ohad Naharin, que je te conseille si tu aimes la danse (ou pas)

  • Je n'ai pas pu m'empêcher de sourire à tes déboires. Quelle soirée en effet !
    Tu ne pouvais pas changer de place ? De toute façon ta voisine semblait plus rassurante et je t'ai déjà dit qu'il valait te blottir sur une fille :-)
    Mais qu'Est-ce qu'une grande blonde comme toi fait dans le tram' en pleine nuit ???
    Je ne sais si j'aurais le temps de caser Mr Gaga, la bande-annonce ne m'a pas inspirée mais je sais qu'il ne faut pas se fier à ces bandes-annonces parfois trompeuses.

  • ha!ben t'as bien fait de sourire, j'ai pas pleuré non plus! Et finalement bien dormi.
    Pas moyen de changer de place sans déranger tout le monde, la salle était comble hier soir. Et à Côté la dame, c'était une mamie, je devais quand même me tenir un peu. (quant bien même l'amour n'a pas d'âge). Le tram, figure toi que j'ai voulu économiser du parking, de 18h à 23h en ville, ça m'aurait coûter un bras. M'enfin j'aime pas bien cette foule des samedis soir toute saoule, surtout quand j'en fait pas partie ;-). Mode je raconte ma life off

  • Ah ben on n'a pas les mêmes goûts parce que la foule... eurcke ! Qui plus est si elle est soule. La dernière cuite ne me laisse pas un bon souvenir donc si je peux éviter... je déteste cet état. Mais au moins ça t'a permis de rentrer sans te soucier de ce qui pouvait t'arriver et de dormir comme un bébé;

  • C'est gentil d'avoir fait la modif, surtout alors que tu n'étais pas convaincue :)
    J'avais trouvé une page qui expliquait la distinction mais oublié de coller le lien. Le voici : https://antisexisme.net/2012/01/16/les-mythes-autour-du-viol-et-leurs-consequences-partie-2-les-consequences-pour-la-victime/
    Merci :)

  • Oh ben je t'ai fait confiance... Lorsque les violeurs comprendront qu'une fille qui dit "non", dit réellement "non". Quand les hommes cesseront de penser que TOUTES les femmes ont rêvé se faire violer un jour (même pour rire) et j'en passe, les poules auront des dents.
    J'ai commencé à lire l'article mais n'ai pas pu continuer... C'est lâche, mais l'imagination des violeurs est sans limite et me donne la nausée.

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