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DANS LES FORÊTS DE SIBÉRIE

de Safy Nebbou ***

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avec Raphaël Personnaz, Evgneni Siddikhine

 

 «Je suis venu me rapprocher de ce que je ne connais pas. Le froid. Le silence. L’espace. Et la solitude. En ville les minutes, les heures, les années nous échappent. Ici le temps se calme. Je suis libre... J’ai quitté le chaos des villes…».

Ainsi s'exprime Sylvain Tesson dans son récit autobiographie dont le film est l'adaptation.

 

Quitter le chaos des villes en effet... qui n'en a pas rêvé un jour ou du moins quitter le chaos de sa propre vie, ses contraintes, ses embarras, ses difficultés ? Peu de gens comme Sylvain Tesson en ont la folie et le courage finalement car se retrouver seul avec soi-même n'est peut-être pas forcément un cadeau. D'autant qu'il ne choisit pas pour son ermitage l'endroit le plus accueillant de la planète.

 

Mais revenons en au film qui est largement et très fidèlement adapté du récit mais qui également, pour ne pas lasser le spectateur paraît-il, s'autorise tout un pan fictionnel en faisant apparaître le personnage d'Aleksei, colosse russe au passé trouble qui se cache dans la forêt. "C'est pour ça que les russes font beaucoup de conneries, ils savent qu'ils peuvent se cacher sans qu'on les retrouve jamais". Le film ne manque pas d'humour même s'il place parfois le spectateur au bord du vertige et face à sa propre solitude.

 

Teddy, le personnage vit reclus pendant des mois dans une cabane sur les rives du lac Baïkal, gelé plusieurs mois par an. Si l'endroit, vaste étendue glacée à perte de vue entouré de bouleaux, est foudroyant de beauté, il est aussi terrifiant. Le silence n'est brisé que par les craquements de la glace, le souffle du vent, un ours qui rôde. Parfois une tempête de neige qui peut durer plusieurs jours s'abat et l'on est incapable de s'orienter. Seul avec ses nombreux livres, son jeu d'échec et sa vodka, Teddy reçoit parfois la visite de pêcheurs qui s'attardent un instant pour partager une boisson chaude. Personne ne comprend les motivations de Teddy et l'un des habitants de la région dira : "c'est un endroit idéal pour se suicider". Mais Teddy/Sylvain va jusqu'au bout de son rêve de paix, de calme, de froid et de silence.

 

Parfois comme un enfant libre, heureux et sans contrainte, Teddy s'élance sur la glace sur ses patins comme s'il prenait possession de l'endroit, comme s'il avait la parfaite conscience de l'état de béatitude dans lequel sa promenade le met, comme s'il éprouvait profondément sa chance et son bonheur.

 

Si la partie entre Aleksei et Teddy donne lieu à de bien belles scènes quoiqu'un peu convenues et prévisibles... la solitude de Teddy aurait amplement suffi à faire de ce voyage intérieur et au bout du monde un beau film. Dommage que le réalisateur et l'écrivain n'aient pas fait davantage confiance à ce récit.

 

Je n'irai pas jusqu'à dire que l'on sort différent de la salle après avoir vu ce film, quel bonheur si le cinéma avait un tel pouvoir ! mais il est certain qu'il se passe quelque chose. Que l'aventure est différente, que les images sont époustouflantes, que le silence des espaces infinis cède parfois la place à la partition sublime d'Ibrahim Maalouf, que l'interprétation sobre, inspirée  et parfois enfantine de Raphaël Personnaz  ont un effet durable dans la mémoire.

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Commentaires

  • Ca donne envie mais j'ai trop peu le temps d'aller au ciné pour choisir ce film et j'imagine qu'à la maison ça ne donnera pas pareil.
    Sinon pour le nouveau site j'avoue que je regrette le fond vert. D'autre part, y-a-t-il moyen de mettre des marges sur le fond blanc ? Les lettres sont collées au bord noir et cela rend la lecture plus difficile je trouve.
    A bientôt,

  • Je vais voir ce que je peux faire pour les marges :-)
    ça me gêne aussi.

  • Tu sais quoi ? Ta chronique me donne envie de voir le film ! J'ai peu de temps actuellement pour en rajouter à ma liste, mais je me note ça dans un coin de ma tête et j'irai si ça se dégage un peu.

    Je me souviens qu'on disait le plus grand bien de Raphaël Personnaz au moment de "La princesse de Montpensier" (2010 !). On le comparait même, physique aidant, au jeune Alain Delon. J'ai l'impression qu'il n'a pas encore percé autant qu'on le disait alors. Serait-ce enfin le film de la révélation ? On peut l'espérer pour lui.

  • Raphaël Personnaz est l'acteur le plus beau et le plus intense depuis Alain Delon effectivement. Dans la Princesse il était déjà étonnant. Je ne comprends pas... il doit avoir un très mauvais agent.
    Ce film est une bouffée d'air et d'aventures.

  • Vu avec mes ados ce matin ... qui ont beaucoup aimé et moi aussi. Et il donne envie de trouver un endroit où le temps se calme et de s'échapper de l'urgence et du bruit.

  • Oh que oui. Même si le froid fait un peu peur :-)

  • Le froid et l'immensité !

  • Et le silence !

  • ... Et l'ours !

  • ...et la vodka.

  • Oui c'est un film magnifique, très impressionnant ! Mais l'histoire est presque "trop"... Le sauvetage un peu "bisounours"... Alors que l'austérité de l'aventure, même sans rencontre, suffit à donner des frissons !
    A voir, le doc de Tesson lui-même, superbe : 52 minutes sur YouTube...

  • Oui l'histoire "en plus" serait de trop si elle n'était pas si belle.
    Et j'ai vu le reportage : MAGNIFIQUE.

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