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ENTRE DEUX RIVES

de Kim Ki-duk ***

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Avec Ryoo Seung-bum, Lee Won-geun, Young-Min Kim

Sur les eaux d'un lac marquant la frontière entre les deux Corées, l'hélice du bateau d’un modeste pêcheur nord-coréen se retrouve coincé dans un filet.

Le bateau dérive et Chul-woo aborde la côte opposée. Il accoste en Corée du Sud, arrêté par la police qui ne croit pas à son histoire de panne, il se retrouve cloîtré, surveillé 24 h/24 et soumis à des interrogatoires réguliers de plus en plus violents.

Me voici de retour en Corée pour la quatrième fois en peu de temps, pays du matin calme et des films étonnants. Ici pas d'atermoiements de couples, pas de mafieux et d'infiltrés mais l'évocation insensée d'un pays en guerre fratricide depuis la fin des années 40. A travers l'histoire personnelle d'un pêcheur qui fait vivre sa famille (une femme, une petite fille) du fruit de son travail, le réalisateur coréen démontre à quel point les deux entités de ce pays semblent irréconciliables.

La "petite" histoire d'un homme qui ne demande qu'à rentrer chez lui s'inscrit dans la grande pas bien glorieuse. Ce qui compte le plus pour Chul-woo sont sa femme et sa fille qu'il aime. Lorsqu'on l'emmène en voiture jusqu'au lieu où il sera interrogé pendant des jours, il ferme les yeux pour ne rien voir, ne rien avoir à raconté plus tard sur ce qu'il a vu en Corée du Sud, à Séoul. Car il est persuadé, il va rentrer chez lui.

Un jeune homme, bienveillant, le prend en charge et doit le surveiller jour et nuit. On confisque d'abord ses vêtements, trop sales et trop usés. On lui en "offre" d'autres, neufs. On le loge dans une chambre qui doit être du dernier grand luxe pour lui. Il ne veut rien. Les policiers s'aperçoivent sans difficultés que Chul-Woo n'a pas le profil d'un espion mais  un chef particulièrement inconsistant se laisse convaincre par un inquisiteur fielleux et coriace dont le passe-temps favori est de chercher à fabriquer des espions là où il n'y en a pas, de poursuivre les interrogatoires, plus musclés.

Je ne vous donne pas toutes les clés du chemin de croix, mais le film est saisissant et enchaîne les scènes impressionnantes. Celle où Chul-Woo découvre Séoul par exemple. J'ai lu que la démonstration était peu subtile, je l'ai trouvée très adroite au contraire. Pas manichéenne pour un sou. Il n'y a pas les vilains cocos d'un côté et les gentils démocrates de l'autre. Ou l'inverse. Au contraire chacun en prend pour son grade. D'un côté Chyl-Woo est un espion, de l'autre un traître. Il n'est évidemment ni l'un ni l'autre et ne comprend rien, "pourquoi vous me faites ça ?" répète-t-il alors qu'il rêve de rentrer au Nord. Ce que le Sud, sûr de sa supériorité et de son évolution ne comprend pas : "on ne peut le laisser rentrer dans sa dictature !"

On lui propose donc un choix, impensable pour lui. Tous ses arguments, d'une force et d'une intelligence incroyables se retournent contre lui. Et puis le doute s'installe chez les interrogateurs : c'est quand même bizarre un pauvre pêcheur aussi musclé et capable de riposter quand on s'en prend à lui !

Le film tient également par l'interprétation remarquable, digne et terriblement émouvante de 류승범 (Ryoo Seung-bum) et la fin totalement désespérée m'a empêché de quitter la salle avant la toute fin du générique.

Je m'aperçois que ce réalisateur est très critiqué négativement alors que je trouve qu'il fait un cinéma riche et varié. J'avais beaucoup aimé le surprenant et controversé Pieta, le romantique Souffle et gardais un souvenir ébloui de Locataires. A force de voir des films coréens je me suis enfin décidée à revoir ce film (Locataires) qui traînait depuis des mois dans ma dvthèque. Un choc vertigineusement beau. Je vous le recommande +++. 

Entre deux rives : Photo

Entre deux rives : Photo

Commentaires

  • Je garde toujours un souvenir ébloui de Locataires (qui est également dans ma DVDthèque, mais que je n'ai pas revu). Pourquoi Kim Ki-Duk est-il si controversé ou du moins déprécié ?

  • Je ne sais pas mais je lis souvent des critiques qui parlent d'un cinéma calamiteux.
    Locataires m'a terrassée... Je t'invite à le voir et à en faire un bel article sous bière coréenne.

  • Je cherchais un film dimanche soir, et l'affiche de celui-ci me disait bien, hélas, je me suis faite rafraîchir par les critiques. A te lire, j'aurai pas du me laisser si mal influencer !

  • Ah zut ! M'étonnerait que tu n'y trouves pas ton bonheur. Enfin, façon de parler, ce film fait mal. Mais quelle excellente surprise.
    Et oui, l'affiche est belle et attirante ce qui est bien rare.

  • Coucou,
    et bien j'ai vu Locataires et je m'en souviens encore car c'était en VO donc en Coréen et sous titrés bien évidemment. Le mot qui me viens à l'esprit pour ce film est : Étrange et déroutant mais il a marqué quelque chose en moi. Je le regarderais à nouveau à l'occasion (même s'il n'est pas dans ma DVdthèque)
    Quant à celui-ci pourquoi pas ... Mais je ne vais plus au cinéma ... C'est ainsi d'habiter trop loin de mon ciné art et essais
    Bisous et bel été à toi

  • Le personnage principal (sublime) de Locataires ne dit PAS UN MOT.
    Et oui c'était très étrange et très déroutant mais magnifique.
    Celui-ci est très dur !

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