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SEULE LA TERRE *****

 

de Francis Lee

avec Josh O'connor, Alec Secareanu, Gemma Jones, Ian Art

Johnny travaille du matin au soir dans la ferme de ses parents, perdue dans le brouillard du Yorkshire. Il essaie d’oublier la frustration de son quotidien en se saoulant toutes les nuits au pub du village et en s’adonnant à des aventures sexuelles sans lendemain. Quand un saisonnier vient travailler pour quelques semaines dans la ferme familiale, Johnny est traversé par des émotions qu’il n’avait jamais ressenties.

Depuis  quand n'avais-je pas éprouvé le grand vertige d'une renversante histoire d'amour au cinéma ? Depuis Only lovers left alive (2015) et Laurence Anyways (2012), ce qui commençait à faire un peu long. Evidemment j'attends énormément de cette Ghost story qui sort prochainement et me sens très concernée mais revenons-en à nos amoureux de ce  Brockeback campaign...

Difficile en effet de ne pas penser au film d'Ang Lee à croire que quand on s'appelle Lee... puisque l'histoire, certaines images et le fait que les garçons soient un temps bergers et seuls au monde, l'évoquent forcément.

Comment des films de cette trempe peuvent faire aussi peu de bruit pour ne pas dire passer inaperçus restera éternellement une énigme. J'élude la question et essaie de vous retranscrire les émotions plus de 24 heures après avoir vu le film sans pouvoir expliquer ce qui m'a menée à le voir car je n'avais strictement rien lu avant d'entrer en salle. Sans doute l'affiche avec deux beaux garçons. Parfois, il ne m'en faut pas plus. Et puis peut-être le titre original aussi. Bien que mécréante, God's own country, ça me parlait. Bref, j'ai bien fait d'entrer et ce film sera haut perché dans mon top du 31 et pourquoi pas tout en haut du sommet !

Aimer ce film à ce point n'était pas gagné, mais depuis deux jours il m'habite littéralement. Avant la rencontre qui va tout changer on suit de près Johnny, un jeune homme pas bien sympathique qui n'a pas eu d'autre choix que de continuer le travail à la ferme entrepris par sa famille, alors que ses anciens amis qu'il ne parvient plus à fréquenter sont partis faire des études. Cette famille est réduite désormais à la grand-mère et au père récemment victime d'un AVC qui sont pour Johnny deux reproches vivants. Incapables de ne s'exprimer qu'en aboyant, la grand-mère et le père agonisent quotidiennement le garçon de reproches et ne lui expriment que leur déception. Pourtant Johnny fait ce qu'il peut et il le fait plutôt bien tout au long de la journée. Même si on le plaint, avec sa caboche butée, son regard de petite frappe hargneuse et son accent à couper au couteau, il n'a cependant rien d'attirant. Chaque soir il se rend au pub et boit jusqu'à perdre connaissance, se réveille en vomissant et parfois, au hasard d'une vente aux enchères ou d'un déplacement en ville s'offre une aventure de quelques instants, debout, vite fait dans la camionnette avec un garçon consentant en un regard. Les sentiments ? Il ne connaît pas ou il a oublié.

Une nouvelle fois un film ancré dans une réalité sociale forte possède un aspect documentaire évident. Les travaux de la ferme, le contact avec les animaux, les pieds dans la boue, le bras plongé dans les entrailles d'une vache prête à vêler, le réalisateur montre tout. De toute façon, il montrera tout sans tabou, sans chichi. Il choisit de placer son histoire dans les terres âpres et isolées du Yorshire. Le paysage est à la fois désolant et d'une beauté saisissante.

Mais alors qu'il n'espère rien, n'attend rien, s'est complètement résigné à cette vie sans surprise et sans douceur... la lumière va entrer dans la vie de Johnny.

Pour la période de l'agnelage, la ferme a besoin pour une semaine d'un employé supplémentaire. Ils n'ont pas le choix, Gheorghe un jeune roumain est le seul à répondre à l'annonce. Johnny l'accueille avec son agressivité habituelle puis prend un plaisir sadique à l'appeler Georgie ou ne s'adresser à lui qu'en termes méprisants, gipsy, romano. Mais Gheorghe en a vu d'autre. Quand on a quitté un pays anéanti (je ne sais plus quel terme il emploie, mais il est fort), ce ne sont pas des insultes faciles qui vont le briser. Il est là pour travailler. Et Johnny se moque bien lorsque Gheorge ressuscite un agneau qui vient de naître, le garde sur lui pour le réchauffer, le nourrit au biberon.

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Mais à force de l'observer, le rustre grognon découvre le garçon calme et doux et sans savoir ce qui lui arrive, puisqu'il n'a jamais connu ce bonheur, on assiste au coup de foudre. Même dans l'acte d'amour Johnny ne peut s'exprimer que violemment. Les premières étreintes sont filmées comme des luttes où il cherche évidemment à avoir le dessus. Mais Gheorghe, la délicatesse incarnée, va lui apprendre la lenteur, la douceur, les caresses, lui redonner des raisons de sourire, pourquoi pas le goût de vivre et miracle de l'amour, le rendre beau.

Parallèlement, puisqu'un bonheur n'arrive jamais seul, les rapports avec le père et la grand-mère de Johnny, étonnamment tolérants contre toute attente, vont également évoluer et là aussi l'amour va reprendre sa place. Beau je vous dis.

Le réalisateur n'élude rien de ce coup de foudre, ni le lyrisme, ni les regards énamourés, les mains qui se frôlent. C'est follement romanesque et romantique, c'est d'une beauté à tomber. Rarement la métamorphose d'un être humain transcendé par l'amour aura été aussi belle. Les deux magnifiques acteurs habités semblent illuminés de l'intérieur.

Dernière chose, il s'agit d'un premier film. Chapeau bas !

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Commentaires

  • Non, tu en parles drôlement bien et tu nous donnes vraiment envie d'aller voir un si beau film. Et surtout, tu nous fais comprendre que ce film démontre le fait que l'amour, lorsqu'il est si fort, est un rouleau compresseur qui emporte/transforme tout sur son passage. J'ai vraiment hâte d'y aller.

  • Merci.
    C'est ça. Tout est bouleversé quand arrive un soleil dans la vie, les habitudes, les certitudes, la façon de penser, de se comporter...

  • Bonsoir Pascale, j'espère aller voir ce film ce week-end (ou avant). Il devrait me plaire. Merci pour ce billet. Bonne soirée.

  • Bonsoir Dasola. j'espère que tu aimeras autant que moi. Même si ce film n'est pas à mettre devant tous les yeux.

  • Tu en parles très bien, ça fait écho à ce que j'ai ressenti mais c'est difficile d'en parler à la hauteur de ce que l'on ressent. C'est tellement beau comme histoire, et je suis tellement contente de ce happy end !!!!

  • Un film qui ne fait pas de bruit et qui passerai inaperçu... Sauf qu'hier, j'ai lu ton billet, et qu'aujourd'hui, j'ai été voir cette belle histoire d'amour. Merci de cette découverte. Un bien beau film, putain ça fait du bien des films comme ça qui parle d'amour et de terre...

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