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THE FLORIDA PROJECT

 de Sean Baker ***

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avec Brooklynn Prince, Bria Vinaite, Willem Dafoe

Synopsis : Moonee a 6 ans et un sacré caractère. Lâchée en toute liberté dans un motel de la banlieue de Disney world, elle y fait les 400 coups avec sa petite bande de gamins insolents. Ses incartades ne semblent  pas trop inquiéter Halley, sa très jeune mère. En situation précaire comme tous les habitants du motel, celle-ci est en effet trop concentrée sur des plans plus ou moins honnêtes pour assurer leur quotidien…

Ce film m'a fait vivre mille changements et revirements tant il est contrasté. D'abord surprise par le tempérament de la petite Moonee, le genre de fillette cinématographiquement intéressante mais impossible dans la vraie vie et qu'on aurait sans doute envie de sermonner au lieu de la prendre dans ses bras. C'est l'été et accompagnée de ses amis Scooty et Jancey, son quotidien n'est fait que d'insultes et blagues salaces pas drôles à l'encontre des locataires du Magic Castel Motel (endroit étonnant et bien réel que l'on peut trouver sur les sites de réservations en ligne...) où elle réside avec sa jeune mère complètement à côté de la plaque. J'ai ensuite été gênée par le côté misérabiliste appuyé. Dans cet endroit aux couleurs pastels du plus mauvais goût se côtoient toutes les misères sociales des laissés pour compte  de l'American Dream habitués à se débattre sans broncher avec un quotidien sans horizon, à quelques minutes de l'usine à rêves d'Orlando. Cela pourrait faire cliché c'est pourtant l'envers du décor que ce film observe avec lucidité.

La mère de Moonee passe son temps affalée devant la télé à fumer des joints. Elle est aussi une as de la débrouille et parvient à force de combines à payer son loyer hebdomadaire. Parfois, parce qu'elle a un aplomb phénoménal elle parvient à offrir un repas digne de ce nom à sa fille. On comprend, on voit qu'elle a dû l'avoir bien jeune, le père n'existe même pas et qu'elle est encore plus gamine que la petite. Néanmoins malgré le sordide de leur vie et de leur situation, elles s'aiment, et très fort. Aucun doute là-dessus.

Et, malgré la longueur du film qui a tendance à se répéter (mais on comprend que le réalisateur n'ait pas eu envie de lâcher Moonee), c'est finalement l'amour qui l'emporte et peu à peu j'ai été happée par ces aventures à la Tom Sawyer. J'ai donc fini par m'attacher très fort à Moonee même ou plutôt surtout parce que son avenir fait froid dans le dos. Moonee est évidemment ce qu'il convient d'appeler une enfant "mal élevée", mais elle est aimée et elle a développé, à l'image de sa mère, un sens de la débrouille, une vitalité, une énergie et une joie de vivre revigorantes. Elle est tellement vive, gaie, drôle et intelligente ! Et le réalisateur semble lui avoir laissé une entière liberté de mouvements qui donne une énergie folle au film.

On peut être choqué de voir la mère proposer à sa petite mouflette de 6 ans de faire une séance de selfies en maillot de bain... On comprend un peu plus tard à quoi ils sont destinés et pourquoi la petite prend tant de bains ! Cette mère, on a parfois envie de la secouer vivement et l'instant d'après de la prendre dans ses bras pour la consoler, malgré elle.

Je vais lâcher des mots qu'il est facile d'utiliser à toutes les sauces mais ici ce que l'on voit c'est bel et bien de la tolérance, de la bienveillance et de l'humanité à revendre ce qui n'empêche pas les moments terribles, dramatiques et notamment une dernière demi-heure où  l'on est scotché de découvrir que cette petite tornade qui semblait endurcie comme si elle avait déjà vécu mille vies peut s'étouffer dans ses sanglots, faire jaillir des larmes au point de ne plus pouvoir parler.

Il y a également deux miracles dans ce film. D'abord la petite Brooklynn Prince pour qui le mot irrésistible a dû être inventé. Haute comme trois pommes et effrontée, à six ans, elle traverse le film avec une drôlerie, une énergie et un naturel admirables. Et puis, Willem Dafoe. Je ne connais pas toute l'immense carrière de ce grand et bel acteur mais j'ai envie de dire qu'il tient ici son plus beau rôle. Pétri d'humanité, de gentillesse, de tendresse, il est un phare dans la nuit. Homme à tout faire infatigable, que ce soit avec les enfants qu'il couve sans qu'ils le sachent parfois (voir la scène hallucinante avec un éventuel prédateur pédophile...), avec les adultes locataires qui ne se manifestent que pour qu'il résolve leurs problèmes ou son patron qui n'intervient que pour lui donner des ordres, il est la bonté, la douceur et l'humanité personnifiées, sans jugement, sans colère, sans lassitude. Magnifique. 

The Florida Project : Photo Willem DafoeThe Florida Project : Photo Bria Vinaite, Brooklynn Prince

Commentaires

  • Bonjour Pascale, pas tentée du tout par ce film, tout comme le Ridley Scott. Bonne journée.

  • Re-Bonjour Dasola,
    il faut faire des choix c'est sûr. J'avais comme une envie de soleil. Et faire le voyage avec Willem Dafoe vaut vraiment le coup je trouve.

  • Coucou Pascale ! J'ai aimé le petite Monee mais alors sa mère ... Il y a du pour et du contre pour ce film, peut être un peu trop long mais j'en ai aimé les couleurs et le naturel !

  • Hi la voyageuse. Je me souviens que la mère t'avait déplu d'emblée. J'ai apprécié qu'il n'y ait pas une sorte de rédemption si courante dans les films américains. Elle reste fidèle à elle même :-). Elle a dû en baver.
    Il ma fallu un temps d'adaptation pour ce film un peu trop long en effet et puis j'ai aimé.

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