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PENTAGON PAPERS

de Steven Spielberg ****

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Avec Meryl Streep, Tom Hanks, Sarah Paulson, Bob Odenkirk, Bruce Greenwood,

Synopsis : Première femme directrice de la publication d’un grand journal américain, le Washington Post, Katharine Graham s'associe à son rédacteur en chef Ben Bradlee pour dévoiler un scandale d'État monumental et combler son retard par rapport au New York Times qui mène ses propres investigations.

Ces révélations concernent les manœuvres de quatre présidents américains, sur une trentaine d'années, destinées à étouffer des affaires très sensibles… Au péril de leur carrière et de leur liberté, Katharine et Ben vont devoir surmonter tout ce qui les sépare pour révéler au grand jour des secrets longtemps enfouis…

Lorsque l'histoire commence, Katharine Graham se bagarre pour maintenir son quotidien Le Washington Post à flot et se heurte à la condescendance de son entourage professionnel composé quasi exclusivement de mâles qui assurent à demi-mots qu'un homme s'y prendrait autrement et évidemment bien mieux. Il faut dire que Katharine a hérité de ce cadeau empoisonné, elle qui n'avait jamais eu besoin de travailler, à la mort de son époux chéri qui s'est suicidé. Qui lui-même l'avait reçu de son beau-père. C'est fou comme à la mort de quelqu'un on se croit investi d'une mission comme si une allégeance tacite, une fidélité à son œuvre nous obligeait à tout jamais envers le défunt... Plus tard Katharine décidera que l'entreprise, le journal n'appartient plus ni à son père ni à son mari, tout deux absents mais à elle et elle seule. Et c'est beau. Car mine de rien, Spielberg glisse en souplesse, subtilement, sans lourdeur, plein de petits cailloux féministes. Et c'est bien.

Entre temps, Katharine aura une décision à prendre, la plus grande de sa vie (professionnellement) : publier ou non les extraits qui lui tombent entre les mains via le travail colossal d'un journaliste qui a photocopié 4 000 pages d'un document classé secret défense. Scène démente où une poignée de journalistes ayant reçu cette somme dans le désordre doit tenter de les remettre dans l'ordre !!! Ces Pentagon papers détaillaient l'implication militaire et politique au Vietnam ce qui n'est déjà pas rien. Mais surtout il mettait en cause 4 gouvernements successifs (Eisenhower, Kennedy, Johnson, Nixon) qui, pour faire court, ont continué à envoyer de jeunes américains se faire tuer à des milliers de kilomètres de chez eux (tiens, il paraît que l'histoire ne se répète pas !) uniquement pour que la belle nation américaine, embourbée dans un conflit qui lui échappe, ne perde pas la face. On a beau le savoir, on a beau s'en douter, c'est toujours glaçant d'en avoir la confirmation.

Forcément publier un tel brûlot quand on n'est encore qu'un petit canard local peut coûter cher, très cher et la prison est au bout de la décision. Alors évidemment il est fortement question ici du Premier Amendement Américain.

Petit rappel, garde à vous, main sur le cœur, regard fixé sur l'horizon sonnez hautbois, résonnez trompettes :

"Congress shall make no law respecting an establishment of religion, or prohibiting the free exercise thereof; or abridging the freedom of speech, or of the press; or the right of the people peaceably to assemble, and to petition the Government for a redress of grievances."
Le Congrès n'adoptera aucune loi relative à l'établissement d'une religion, ou à l'interdiction de son libre exercice ; ou pour limiter la liberté d'expression, de la presse ou le droit des citoyens de se réunir pacifiquement ou d'adresser au Gouvernement des pétitions pour obtenir réparations des torts subis."

Rien que ça. Un trio de choc hollywoodien (Spielberg, Streep, Hanks) s'attelle à la tache pour nous offrir cette belle réflexion en forme de thriller haletant et nous démontre qu'il en a encore sous la semelle. Pas besoin d'esbroufe. Le scénario et la réalisation enquillent les morceaux de bravoure, les dialogues et les situations choc. Non sans humour. Le trajet des documents trop secret en avion, le meilleur moyen de passer inaperçu est de dire exactement ce que contient votre gros colis, la salle de rédaction bruyante, quasi mouvante, la course des stagiaires pour emmener un document d'une pièce à l'autre (vive la clé USB !), les rotatives qui semblent dater d'un autre âge (ok, elles datent d'un autre âge), la distribution des journaux... toutes les coulisses d'un journal nous sont détaillées et l'on reconnaît la salle mythique du Washington Post en open space parce qu'on a tous vu Les hommes du Président d'Alan J. Pakula et qu'on a l'envie urgente de le revoir. Mais je vais trop vite et nous sommes ici et maintenant deux ans avant que Bob Woodward et Carl Bernstein n'entrent en piste.

Vous l'avez compris, c'est passionnant et le film dévoile comment le tout petit Washington Post est devenu l'égal du géant New-York Times (qui se la pétait un peu) toujours en avance d'une info et qui avait open bar à la White House. Mais il le fait aussi de façon quasi ludique malgré le drame et les enjeux. Spielberg est au sommet et à l'aise comme jamais dans cet univers inédit pour lui au cinéma. Mais pas que... Petit malin qu'il est, il ne se contente pas de décrire deux mondes méchamment burnés (la politique et la presse) et puisqu'une femme douce et discrète essaie de se frayer un chemin parmi ces hommes il en profite pour permettre aux femmes de s'exprimer, mais sans vocifération ni dédain envers personne. Katharina/Meryl se fait souffler la vedette par Abe Rosenthal (patron du New-York Times) à la sortie d'un procès où tous les patrons de presse sont réunis, peu lui importe "nous avons déjà dit ce que nous avions à dire". Mais qui fait comprendre à Ben Bradlee (Tom Hanks) bras droit de Katharine que celle qui risque gros, pour ne pas dire tout, ce n'est pas lui mais elle ? Sa femme ! Qui font une discrète mais émouvante haie d'honneur lors de l'arrivée et du départ de Katharine au tribunal ? Les femmes ? Fières d'être représentées par une femme aussi courageuse. ça n'a l'air de rien. C'est beau.

Quant à l'interprétation, entièrement relookés seventies (donc bien moches) Tom et Meryl donnent une nouvelle leçon de "comment je suis un(e) américain(e) parfait(e) droit(e) dans mes santiags". On aime, on aime pas mais on fait pas beurcke. Moi j'applaudis. Les deux stars sont parfaitement entourés par un casting dirigé de main de maître. Meryl peut rendre la démonstration humaine et vibrante. Il lui suffit d'une conversation en tête à tête dans une chambre avec sa fille. Et Tom, guidé par sa femme, peut mettre sa virilité au vestiaire pour venir respectueusement saluer sa patronne.

Ah que c'est beau, que c'est bien fait !

Et cerise sur la pièce montée, Spielberg, magicien du 7ème art conclut son film par une scène... mais une scène !!!

Je ne vous dis rien ! C'est virtuose, c'est étonnant, c'est malin, c'est drôle !

BRAVO.

Commentaires

  • ah oui, quand même... Virtuose... Ca doit valoir toutes ces étoiles...
    Spielberg, ça le fait bien, surtout dans le temps, ça me rappelle mes souvenirs de jeunesse.
    Streep, rien à redire, toujours parfaite, on ne peut rien rajouter...
    Par contre, j'ai toujours eu un a-priori pour Tom Hanks... Je ne sais pas pourquoi, mais le courant ne passe pas trop...

  • Oui c'est un film tourbillonnant et quasi irréprochable je trouve.
    Je comprends pour Hanks, mais quand je regarde sa filmo et ses interprétations, il me coupe le souffle.
    Meryl, c'est Meryl, forever et bien au-delà !
    Quant à Spielberg. Paraît qu'on l'appelle "le patron" à présent. Quel parcours lui aussi. Que de moments il nous a fait vivre. Quand on pense que c'est un gros vilain poisson qui est presque à l'origine de tout.

  • Déjà , rien qu'en voyant le casting avec un trio de génie , je fonce le voir
    Meryl Streep, Tom Hanks et Steven Spielberg, ça ne peut être que réussi , comment ça ? JE NE SUIS PAS OBJECTIVE ?
    Ok j'avoue mais ta critique me conforte dans mon idée que ce sont bien là , 3 purs génies du 7ème art :)

  • C'est ma prochaine sortie cinéma ; j'ai hâte, je suis sûre que je vais aimer, je suis fan de ce genre de film et Spielberg-Streep-Hanks, franchement, j'en salive d'avance.

  • Moi aussi j'adore même si je dois m'accrocher :-)

  • Oh Anne :-) Je suis passée voir "chez toi". Eternellement jeune et beau, on ne l'oublie pas.

    Et oui le trio fait merveille ici. Bonne projo.

  • et à propos , ton "a propos" est juste génial :-)

  • OH merci. Je viens de le revoir. C'est vrai que cet à propos donne envie d'avoir envie :-)

  • J'ai comme toi beaucoup aimé. Il y a quelques scènes un peu édifiantes qui coupent l'élan du film un peu avant la fin, mais sinon quelle leçon de mise en scène de la part de Spielberg ! Car tout est dit par la mise en scène dans ce film (j'en parle chez moi).

  • Oui j'ai vu, mais je dois trouver un quart d'heure pour lire attentivement :-)
    Tu as fait très très long.
    Spielberg sait ce qu'il fait. Que c'est bon de le voir continuer ainsi, se tromper parfois et repartir de plus belle.

  • Voilà c'est ça. Quel pied !

  • C'est vrai, j'ai fait long - c'est de la faute de Spielberg, il y avait trop de choses à dire. :)

  • Juste une précision à un si beau billet. Katherin Graham ne succède pas à son mari mais à son gendre qui s'est suicidé. Son mari à sa mort n'a pas eu l'idée de laissé son journal ni à sa femme ni à sa fille mais à son gendre.

  • Merci.
    Je pense que c'est bien le mari Katherine Graham qui s'est suicidé. Si elle n'hérite pas, je crois que c'est bien elle qui lui succède. J'ai lu ceci : "Après son suicide (de Phil Graham son mari), survenu en 1963, son épouse lui succède à la tête du quotidien et est élue présidente de la compagnie".

  • dans le film un moment un personnage dit : "son mari n'ai pas jugé une femme capable de diriger le journal et c'est bien pour cela qu'il l'a laissé à son gendre. C'est la mort tragique du gendre qui a fait d'elle le patron de ce journal".

  • Je crois que tu as confondu "père" (qui ne s'est pas suicidé et a légué) et "mari" qui s'est suicidé :-)

  • mais il est vrai que dans l'article WIKIPEDIA c'est son mari qui se suicide ... donc je dois revoir le film

  • je crois que j'ai trouvé ma réponse, Kathrin Graham est la fille du fondateur du journal. à Sa mort il a lègue son journal à Phil Graham, le mari de Katherin (donc son gendre) qui était bipolaire et qui a fini par se suicider. Elle a donc bien repris le journal après le suicide de son mari (comme vous l'avez écrit), et il y a bien un moment où un personnage dit que jamais le fondateur du Post n'aurait confié son journal à sa (une)fille.

  • J’ai fait une erreur. Katherin Graham est la fille du fondateur du Post son père n’a pas jugé qu’une fille pouvait diriger un journal, il l’a donc laissé à son gendre Phil Graham mari de Katherin . Et cet homme était bipolaire et s’est suicidé. Elle a donc succédé à son mari qui s’est suicidé vous avez raison. Excusez moi.

  • Y'a vraiment pas de mal. Du coup j'ai refait des recherches aussi car j'aurais pu me tromper.

  • Face à ces élogieux commentaires, je modulerai mon enthousiasme quant aux jeux d’acteurs et en particulier celui de Meryl Streep.

  • Je dois reconnaître que les yeux larmoyants de Meryl parfois me hérissent un peu le poil mais c'est vite compensé par sa présence et son autorité (je préfère) ou quand elle a son petit sourire ironique.

  • Vous avez tout dit et bien dit sur ce film que nous avons adoré - un film parfait !
    Bon dimanche

  • Un grand cru, ce Spielberg. Et quels acteurs ! Par contre, je trouve l'allusion finale à l'affaire du Watergate un peu facile.

    (PS : je crois que le fameux rapport "pesait" 7000 pages et pas 4000
    http://www.lemonde.fr/cinema/article/2018/01/23/pentagon-papers-le-new-york-times-rappelle-la-vraie-histoire-de-son-scoop_5245626_3476.html?xtmc=pentagon&xtcr=5
    ...ça en fait des cartons !)

  • Ah moi je l'ai adoré cette fin. J'avais un grand sourire banane.

    Oui c'est 7000 mais dans le film ils disent 4000 et moi je suis disciplinée.

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