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LA FORME DE L'EAU - THE SHAPE OF WATER

de Guillermo del Toro ****

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Avec Sally Hawkins, Michael Shannon, Richard Jenkins, Doug Jones, Victoria Spencer

Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs

Synopsis : Modeste employée d’un laboratoire gouvernemental ultrasecret, Elisa mène une existence solitaire, d’autant plus isolée qu’elle est muette. Sa vie bascule à jamais lorsqu’elle et sa collègue Zelda découvrent une expérience encore plus secrète que les autres…

Ceci est un conte comme on n'ose plus en rêver. Certains restent de marbre (Les Inrocks, les Cahiers détestent, pourquoi je ne suis pas surprise) et trouvent même cela très laid. Il est vrai que le réalisateur mise tout sur le vert décliné dans toutes ses nuances, et l'ocre ou le rouge. Moi j'aime. Jeunet boude ? Aurait-il inventé ces couleurs ?

Je laisse le soin à d'autres de faire l'analyse géo-politique du film. J'en suis incapable. J'ai compris qu'il se situait après la première guerre mondiale, sans doute dans les années 50 où la Guerre Froide battait son plein. Dans cette «Paix impossible, guerre improbable», les Etats-Unis et l'URSS, les démocraties vs/ les communistes sont en confrontation permanente. C'est la course à l'armement nucléaire et aussi à la conquête de l'Espace. C'est dans ce dernier affrontement que se situe le film car les américains ont découvert une créature aquatique, vaguement amphibie qu'ils entendent bien disséquer pour en comprendre le fonctionnement et l'origine. Les russes sont également sur le coup via un scientifique infiltré, ils convoitent la bête. Et  le réalisateur se moque ouvertement de cet espionnage et des rencontres sous un pont, sur un bloc de béton où les hommes se donnent rendez-vous et s'interpellent par phrases codées sans queue ni tête de plus en plus tarabiscotées.

L'incorrigible midinette que je suis s'est totalement laissé embarquer par l'histoire d'amour impossible mais bien réelle et finalement très réussie.

Elisa mène une vie parfaitement rangée et organisée. Elle commence chaque journée par une vigoureuse séance de masturbation dans son bain, preuve que la jeune femme aime le sexe et l'eau. Ce sera parfait pour la suite. Muette et solitaire, elle a néanmoins deux amis. Son voisin, un homme vieillissant qui a perdu son emploi obsolète de dessinateur pour des pubs et sa collègue affublée d'un mari grincheux longtemps invisible mais qui démontrera en une scène que sa véritable nature est sans surprise.

Les deux femmes effectuent consciencieusement leur travail sous-terrain sans trop savoir ce qui se passe derrière les grosses portes en fer. Jusqu'au jour où débarque un énorme caisson. Lorsqu'Elisa aperçoit ce qu'il contient elle est immédiatement fascinée par l'homme poisson. Elle assiste impuissante aux séances de torture que lui inflige le Colonel Richard Strickland auquel Michael Shannon prête son étrange et très intéressant visage. Il est ici une ordure de grande envergure, un méchant comme on n'en fait peu, sans rédemption, sadique, cruel, raciste, misogyne qui fait pipi debout les mains sur les hanches et ne se lavent les mains qu'avant... C'est un véritable nazi mais il va se faire grignoter deux doigts par la bestiole ce qui va le rendre encore plus barbare.

Elisa est la seule à réussir à entrer en contact avec la créature au moyen de nourriture, de signes et de musiques qu'elle lui fait écouter. Lorsque la chose aquatique se déploie puissamment devant Elsa, elle n'est que frissons et admiration devant la beauté et la vigueur de l'homme poisson. Lui-même aura les nageoires et les écailles en émoi dès qu'elle posera la main sur lui. Si la bête entreprend d'apprendre le langage des signes, Elsa ne parlera pas les branchies couramment, mais ils vont se comprendre et ô surprise, s'aimer. Je vous laisse découvrir. C'est magnifique, audacieux voire osé...

De mémoire je dirai que le somptueux homme amphibien ressemble comme un frère au faune du Labyrinthe de Pan, et je découvre que c'est le même acteur, Doug Jones qui leur prête sa plastique longiligne moulée dans le latex. Il est ici d'une impudeur naïve qui comble de bonheur Elisa qui a le physique gracile et le visage si expressif de la délicieuse Sally Hawkins. Naïveté, c'est d'ailleurs le mot qui colle le mieux à ce beau film d'amour où les gentils sont sans tache et persécutés et les méchants des pourritures intégrales.

Le réalisateur n'oublie pas son goût des moments gores et ne nous épargne pas les tortures où des doigts sont enfoncés dans des plaies béantes. Par ailleurs les phalanges du Colonel, mal réparées deviennent de plus en plus noires et dégagent une odeur pestilentielle.

Si le film prend un peu de temps pour entrer dans le vif du sujet et s'attarde sur chaque personnage, la deuxième partie amorce un grand coup d'accélérateur et les rebondissements succèdent aux scènes intimistes. Les tourtereaux peuvent s'adonner à quelques étreintes d'une grande beauté où la minuscule Elisa disparaît totalement dans les bras de son beau poisson.

Guillermo del Toro déclare son amour au cinéma nous tient en haleine deux heures durant, nous fait peur et nous fait rêver et nous emporte dans les flots glauques d'un amour impossible. BEAU.

Commentaires

  • Au niveau d'un Free Willy.
    Mièvre et artificiel en plus d'être très laid ..... La purge quoi :-)

  • Oui j'avais cru comprendre comme tu avais adoré la bête :-)
    Mais je crois qu'il y a longtemps ou que tu n'as jamais vu Free Willy.

  • J'attendais ce film avec impatience car aux Golden Globes, les critiques de canal+ le portaient aux nues ! Vois-tu !

  • Bonjour Pascale, en effet, on adhère ou pas au film. J'ai préféré la deuxième partie où tout s'accélère. C'est bourré d'invraisemblances (le fait que l'homme amphibien comprenne tout de suite la langue des sourds-muets et puisse communiquer avec Elisa) et Elisa (tout comme l'homme poisson mangent trop d'oeufs (attention au cholestérol!). L'histoire d'amour est belle. Les acteurs convaincants et la fin dans l'eau m'a plu. Bonne journée.

  • Bonjour Dasola. La partie "évasion" est très efficace et vraiment bien faite.
    Je n'ai pas trouvé d'invraisemblances car c'est un conte.
    L'histoire d'amour est magnifique en effet.
    Bonne journée.

  • En effet, tu as beaucoup aimé. C'est bien fait, mais je n'ai pas été très ému, comme je le disais. Del Toro est trop occupé par Strickland pour réellement développer sa romance (peu de scènes montrant comment ils tombent amoureux) et il y a des redites par rapport à son propre cinéma. Direction artistique très (trop ?) présente aussi. L'homme amphibie est surtout le frère d'Abe Sapien d'Hellboy.

  • Je ne me souviens plus du frangin. Pourtant j'avais aimé Hellboy.

  • Je te rejoins du côté des midinettes.
    J'ai trouvé le côté obscur un peu trop prononcé, mais c'est histoire de chipoter.

  • Parfois j'ai pas envie de chipoter.

  • J'ai beaucoup aimé le film, il fonctionne vraiment bien, c'est beau sur beaucoup de points, c'est indéniable. Mais même en lui mettant une super note (je le dis donc direct : aucune contradiction dans ma future chronique à venir) et tout et tout, le film a pour moi quelques défauts (et ne m'a pas trop émue pour être honnête).

  • Oui je sais que tu chipotes et décortiques plus que moi.
    Je n'ai pas été bouleversée mais emportée par cette histoire.
    Et moi les amours impossibles ou difficiles, ça me parle...

  • Cette histoire est bien mignonne et choupinou mais j'ai vu ce film après "Call me by your name" qui m'a complètement retournée... même si les deux films n'ont rien à voir l'un avec l'autre, j'estime que Del Toro mérite l'oscar du meilleur réalisateur mais pas du meilleur film. Voilà c'est dit !

  • Mi 2, Elio et Christopher m'ont mise KO.
    Mais j'aime quand même beaucoup Élisa et sa bestiole.

  • J'ai aimé aussi toutes les nuances et ces scènes amoureuses, même si j'ai moins accroché à la seconde partie. ça fait du bien de voir un film comme ça :-)

  • J'ai été emballé par ce film, la première comme la seconde partie. Les deux se complètent : autant l'héroïne mène une vie réglée et quelque peu ennuyeuse (sauf pendant ses séances de bain...) au début, autant son existence prend une tournure imprévisible et palpitante par la suite.
    L'Oscar de la mise en scène se justifie pleinement, tant nombre de plans sont beaux et inspirés.
    J'en veux cependant un peu à Guillermo del Toro à cause d'une scène : celle qui voit l'un des chats de Giles se faire boulotter par son étrange invité. Shocking !

  • Oui je suis d'accord les deux parties sont différentes mais également passionnantes. Et c'est magnifisye.
    C'est vrai qu'elle s'éclate au bain Élisa... et en regardant des comédies musicales...

    Le chat n avait qu'à bien se tenir.

  • Pour moi le chat revient à la vie car un peu plus tard on voit l'homme poisson jouer avec 2 chats (et depuis le début du film je n'en avais repéré que deux dans l'appartement). J'en ai donc déduis que l'homme poisson a usé de ses pouvoirs pour réparer son erreur!
    J'ai adoré le film alors que j'y allais un peu dans la crainte de ne pas adhérer. Ca fait du bien de voir un bon film!!! (avec 3 Billboards vu également : bonne pioche).

  • Ton amour des chats a du parler. Vu qu'il lui a arraché la tête... m'étonnerait qu'il soit revenu à la vie :-)
    Oui c'est un vraiment beau film qui divise quand même un peu.

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