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LES PAPAS DE SEPTEMBRE 2018

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LEAVE NO TRACE de Debra Granik ***(*)

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Avec Thomasin McKenzie, Ben Foster
 
Synopsis : Tom a 15 ans. Elle habite clandestinement avec son père dans la forêt qui borde Portland, Oregon. Limitant au maximum leurs contacts avec le monde moderne, ils forment une famille atypique et fusionnelle. Expulsés soudainement de leur refuge, les deux solitaires se voient offrir un toit, une scolarité et un travail. Alors que son père éprouve des difficultés à s'adapter, Tom découvre avec curiosité cette nouvelle vie. 
 
Le scenario est tiré d'un roman, L'abandon de Peter Rock et se base sur une histoire vraie qui s'est déroulée à Portland où une fille et son père ont été découverts alors qu'ils vivaient depuis 4 ans dans la réserve naturelle. Il doit s'agir de Forest park. Il est évidemment interdit de vivre dans ces parcs.
 
Le quotidien de Tom et Will est pratiquement consacré à la survie mais aussi à la nécessité de ne pas être vus. Néanmoins Tom n'est pas une enfant sauvage et elle a acquis auprès de son père et dans cette nature difficile des compétences, de l'instruction et des valeurs telles que connaître la différence entre l'envie et le besoin. Le père et la fille se parlent peu mais se comprennent et s'aiment tellement que cet amour finit par dégouliner sur l'écran. Nous découvrirons plus tard pourquoi ils sont seuls tous les deux.
 
Lorsqu'ils sont découverts et emmenés "en ville" manu militari, c'est terrible et leur séparation est un crève-coeur pour eux comme pour nous. L'interrogatoire de l'un et de l'autre, séparément, amène à l'évidence. Ils vont bien et il n'y a aucune raison de les séparer l'un de l'autre. Tom n'est pas en danger avec son père. Au contraire, elle partage et admet ce style de vie. Lorsqu'ils intègreront une communauté vaguement hyppie (pour faire vite) et que là encore Will aura du mal à s'intégrer alors que Tom sentira les prémices d'un désir de stabilité, elle dira à son père pour l'inciter à rester : "ces gens ne sont pas si différents de nous". Mais pour lui, ne pas vivre dehors, au seul contact de la nature, des feuilles et des branches est inconcevable. Nous comprendrons également les raisons de son inadaptation au monde civilisé.
 
La grande force et la grande intelligence du film est de ne pas opposer à toutes fins les différents modes de vie voire de socialisation en les jugeant. Il n'y a pas la vie dans la nature d'un côté et la civilisation de l'autre. Il y a beaucoup de bienveillance, pas de méchants dans ce film. Lorsque Tom et Will font du stop un routier dira simplement à Tom, surpris de voir cette jeune fille seule avec un homme sur la route : "si tu as des ennuis, c'est le moment de le dire". J'ai aimé cette façon simple d'aller à l'essentiel.
 
Au-delà du contraste nature/civilisation, ce qui intéresse surtout la réalisatrice je pense est la relation fusionnelle et magnifique entre un père et sa fille. Et là, elle a encore tout bon. Lorsqu'ils sont ensemble, on est émerveillé de cette osmose, de leur connivence. Et lorsqu'ils s'embrassent sans se toucher, on fond littéralement. Voir Will apprendre à sa fille comment survivre dans la réserve, construire et allumer un feu, cueuillir des champignons et aussi ce cacher sans laisser de traces est fascinant.
 
La seconde moitié du film a été tournée à Squaw Mountain, un ancien camping qui est maintenant une enclave hors du temps, nichée dans une vallée d'Oregon qui abrite les derniers arbres du coin, comme l'explique Debra Granik : "Les entreprises ont abattu tous les arbres environnants. [...] Il n'y a plus rien pour arrêter le vent à des kilomètres à la ronde et les arbres tombent les uns après les autres. C'est une communauté qui se bat pour garder une vie un peu bohémienne
 
Thomasin McKenzie est merveilleuse. On lui souhaite  la même carrière que Jennifer Lawrence qui avait débuté par un film d'une dureté équivalente. Et je découvre avec stupéfaction et sans surprise (oui, on n'est pas à une contradiction près) que c'est cette même réalisatrice qui est à l'origine du terrible Winter's Bone. Son papa de cinéma est Ben Foster qui nous avait plutôt habitué à des rôles de second couteau, bad guy voire franchement bas de plafond. Aux antipodes de ces précédents rôles, il est bouleversant et voir ses larmes couler ont fait couler les miennes...
 
Pour ces deux acteurs, pour ces deux personnages grandioses et humbles, constamment bouleversants tout en restant simples et sobres, ce film magnifique aurait mérité une sortie moins confidentielle.
 
Courez le voir tant qu'il est encore temps.

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MA FILLE de Naydra Ayadi **(*)

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Avec Roschdy Zem, Natacha Krief, Darina Al Joundi

Synopsis : Hakim et Latifa ont fui la guerre civile algérienne au début des années 90. Ils vivent depuis dans le Jura, avec leurs deux filles : Nedjma 14 ans, et Leïla, l’aînée, partie suivre ses études de coiffure à Paris. Trois jours avant Noël, Nedjma reçoit un SMS laconique de sa grande sœur. Elle ne pourra pas venir les rejoindre pour les fêtes, prétextant une nouvelle fois une surcharge de travail… Latifa s’en prend à Hakim et le pousse à aller chercher Leïla. Nedjma viendra avec lui, ils en profiteront pour découvrir Paris. À leur arrivée dans le salon de coiffure, ils apprennent que Leila n’y a en réalité jamais travaillé. C’est le voyage d’un père qui commence, dans Paris, une nuit, jusqu’à l’aube.

Guère de surprises dans ce film sincère et correct, mais il y a Roschdy Zem. Cet acteur exceptionnel est une bénédiction pour les réalisateurs. Il tire vers le haut TOUS les films auxquels il participe.

On comprend que les réactions d'un papa puissent être inattendues et imprévisibles lorsqu'il apprend que sa fille lui a menti et plus encore lorsqu'il imagine puis découvre ce qui lui est arrivé. On a plus de mal à admettre que cet homme doux, naïf et calme, un peu déconnecté du monde (il découvre Facebook…) puisse en quelques heures à peine comprendre et intégrer les codes des bas fonds parisiens de la nuit et tenir tête aux truands parfois violemment.

Tant pis, ce n'est pas grave. En cherchant sa fille aînée, Hakim se rapproche et apprend à connaître sa cadette qui l'a accompagné. Leur relation est belle et donne lieu à des scènes très touchantes. Roschdy Zem, dans son vieux pardessus râpé il s'en allait l'hiver l'été… est formidable tout le temps, toujours juste, très émouvant. A ses côtés, la jeune Natacha Krief l'est tout autant. Pour eux deux, leur interprétation, leur belle relation, le film vaut vraiment la visite de Paris by night.

Commentaires

  • Love no trace, je n'y vais pas parce que j'ai lu le roman et que je préfère rester sur son souvenir. Mais ton compte-rendu me fait envie tout de même ..

  • Ah oui dommage. La réalisatrice n'a sans doute pas trahi le livre.

  • L'affiche de Leave no trace m'a donnée envie, et puis finalement je ne l'ai pas choisi. Peut être cette semaine si est encore à l'affiche !

  • A Paris il doit l'être encore. C'est vraiment TRES beau.

  • Vu "Leave no trace" et, comme je m'y attendais, j'en suis sorti bouleversé, remué comme après "Winter's Bone". Debra Granik a vraiment une manière très simple, sans jugement, de filmer ses personnages. Elle sait les rendre attachants sans faire preuve de complaisance, ou pire de militantisme ("beaucoup de bienveillance, pas de méchants dans ce film" comme tu l'écris très bien, Granik n'est pas Ken Loach). "Je n'aime pas les gens entiers" dit-elle. C'est vrai qu'on sent un déchirement moral chez ses personnages, et les accompagne dans leur prise de décision, sans avoir besoin de valider leur choix. C'est très beau.

  • Oui c'est magnifique. Contente que tu l'aies vue et apprécié. Un film choc avec un grand Ben Foster et une craquante Thomasin qui a tout compris au personnage.

  • 'Ce film magnifique aurait mérité une sortie moins confidentielle.'
    Pitin ouiiii!! Vu ce soir, une merveille, thanks pour la découverte. ;-)
    'Dans le bois, où les secrets rampent
    La Terre si petite, un endroit, une maison, un rêve à moi ...'
    ( Moon Boat, chanson générique )
    ++

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