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SORRY WE MISSED YOU

de Ken Loach **

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Avec Kris Hitchen, Debbie Honeywood, Rhys Stone

Ricky, Abby et leurs deux enfants vivent à Newcastle. Leur famille est soudée et les parents travaillent dur. Alors qu’Abby travaille avec dévouement pour des personnes âgées à domicile, Ricky enchaîne les jobs mal payés ; ils réalisent que jamais ils ne pourront devenir indépendants ni propriétaires de leur maison. C’est maintenant ou jamais !

Une réelle opportunité semble leur être offerte par la révolution numérique : Abby vend alors sa voiture pour que Ricky puisse acheter une camionnette afin de devenir chauffeur-livreur à son compte. Mais les dérives de ce nouveau monde moderne auront des répercussions majeures sur toute la famille…

Ken Loach est toujours en colère et se tient encore informé de tout ce que le troisième millénaire fait subir aux plus démunis. Un tel engagement, une telle révolte forcent le respect et l'admiration. Cette fois c'est l'ubérisation ultralibéraliste de la société qui le met en pétard.

Son héros, Ricky, a enchaîné depuis des années tous les boulots manuels qui existent. La première scène, formidable, est un entretien d'embauche où un patron lui vante les mérites de l'indépendance et de devenir auto-entrepreneur. C'est très simple, il lui suffit d'acquérir une camionnette et d'assurer les livraisons. Il ne travaillera pas "pour" cette entreprise, mais "avec". Payé à la livraison, plus tu bosses, plus tu gagnes. Ricky est courageux et bosseur. Les heures ne lui font pas peur mais il sera ultra connecté grâce au "gun" dont le patron (interprété magistralement par Ross Brewster dont c'est le premier film) parle comme feu le Sergent Instructeur Hartman de Full Metal Jacket parlait de l'arme des soldats : "Ça, c'est mon fusil. Il y en a beaucoup comme ça, mais lui, c'est le mien. Mon fusil, c'est mon meilleur ami. Lui, c'est ma vie. Je dois en être maître, comme maître de ma vie. Sans moi, mon fusil n'est rien. Sans mon fusil je ne suis rien..."  L'appareil scanne, géolocalise aussi bien le colis à transporter que le livreur, il sait en temps réel combien de temps Ricky quitte son camion, qui n'aura d'autre choix que de courir 14 heures par jour au point de ne même plus pouvoir s'arrêter pour uriner et fera ses besoins dans une bouteille, de s'endormir au volant et aussi d'être dévalisé par des voyous. Ricky de plus en plus éreinté par les cadences ne lâche rien. Sans compter qu'un client n'est pas toujours aimable ou facile à trouver.

A la maison, les ennuis s'amoncellent également car le fils aîné de Ricky, 15 ans se met en échec scolaire, a honte de son père qui subit la situation d'après lui, enchaîne les conneries. Les dettes s'accumulent. La femme de Ricky n'a plus de voiture et se rend par les transports auprès des personnes âgées ou handicapées dont elle s'occupe. C'est une demi sainte qui porte la compassion, la détresse du monde sur ses épaules et sera désespérée lorsqu'elle profèrera quelques insultes. Sans contrat de travail, elle aussi enquille les heures jusqu'à épuisement sans reconnaissance. La petite de 11 ans particulièrement clairvoyante lorsqu'elle accompagne son père en tournée (une belle journée, mais un client bien intentionné les dénoncera...) refait pipi au lit.

Tout est sombre. Aucune lumière, aucun espoir n'apparaît, au contraire. Et d'ailleurs Ken Loach ne parvient pas à conclure son histoire. Pourtant la famille est belle, s'aime et résiste, les acteurs sont formidables alors que la plupart ne sont pas professionnels. Mais à force de les charger de tous les malheurs et humiliations Ken Loach alourdit et dessert le propos.

Avec Moi, Daniel Blake j'avais été bouleversée. Ici, cette accumulation doloriste de mouise m'a étrangement détachée des personnages. Je m'en veux car Ken Loach reste un réalisateur majeur, exemplaire parmi les plus cohérents.

Commentaires

  • Ton avis est en retrait par rapport à celui de Dasola. De toute façon, je ne rate pas les Ken Loach, il est quand même le seul à traiter certains sujets avec des acteurs crédibles.

  • Pour le sujet et les acteurs crédibles aucune déception.
    Tu me diras si tu es d'accord avec moi ou Dasola.

  • Je t'avoue que même si j'aime Ken Loach, la bande annonce ne m'a pas donné envie. Si j'y vais ça sera juste pour son nom, mais c'est pas encore décidé.

  • Difficile d'ignorer ou de passer à côté d'un Ken Loach. Sa colère est admirable, ses personnages aussi mais trop "lisses" et eux manquent de colère.

  • Il est loin le temps des bouleversantes "raining stones", film qui m'a fait découvrir Loach. Dans ce que tu dis de cette "accumulation doloriste de mouise", j'ai l'impression de me relire sur "Moi, Daniel Blake". Je crois que celui-ci va encore m'énerver. Je vais peut-être passer mon tour.

  • Si Daniel Blake t'a agacé, alors celui-ci devrait te mettre hors de toi.
    Je ne désespère pas de retrouver des raining stones, des vents qui secouent des Barleys voire de rire avec une part d'ange...

  • Bonsoir Pascale, et bien moi, j'ai préféré ce film ci à Daniel Blake avec une fin ouverte et sombre mais cohérente. Bonne soirée.

  • Bonjour dasola, j'ai vu ton avis. Évidemment on ne peut qu'être touché mais cette avalanche de deboires, je n'en pouvais plus.
    Et je ne suis pas fan des fins sans fin...

  • J'ai trouvé que c'était du grand Kenny, très sombre avec une fin logique, face à cet engrenage sans fin, qui ne fait qu'enfoncer les travailleurs aliénés. Un film qui formerait presque une sorte de dyptique avec Moi, Daniel Blake.

  • Je trouve qu'il aurait dû faire tomber cette avalanche de mouise sur plusieurs personnages, une autre famille par exemple. Dans Daniel Blake il y avait l'histoire de la jeune femme en parallèle...
    Oui c'est sombre et pessimiste.
    Même si je suis consciente que parfois la scoumoune se concentre et ne s'arrête pas.

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