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ALLEZ AU CINÉMA VOIR BENNI et LA COMMUNION

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Pour la "reprise"... j'ai envie de vous conseiller vivement deux films car ils ont été pour moi, à la fois des coups de cœur, des coups au cœur et de véritables uppercuts.

Autant vous le dire, ce ne sont pas des comédies.

Mais on a suffisamment rigolé depuis trois mois non ? :-)

 

Je vous garantis deux films hors du commun. Même si je ne suis pas sûre de pouvoir revoir le premier  (Benni, découvert au dernier Festival International du Film d'Annonay) tant il m'avait bouleversée. Mais la période de confinement que nous avons vécue donne au thème de ce film une actualité brûlante et désolante.

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BENNI de Nora Fingscheidt *****

annonay 2020 - benni de nora fingscheidt,cinéma

Avec  Helena Zengel, Albrecht Schuch, Gabriela Maria Schmeide, Lisa Hagmeister, Victoria Trauttmansdorff

Benni a neuf ans, c'est une enfant traumatisée et agressive. Négligée par sa mère, une célibataire incapable de s'en occuper, elle est enfermée depuis sa petite enfance dans une violence qu’elle n’arrive plus à contenir.

Les services sociaux en ont la charge et essaient de lui trouver un environnement favorable. Parfois abrutie de médicaments, aucune solution permanente ne fonctionne. Son dernier espoir réside dans la personne de Micha, un auxiliaire de vie scolaire spécialisé dans l'accompagnement des adolescents à problèmes. Après avoir passé quelques jours ensemble dans la forêt, un tournant majeur semble se dessiner. Mais Benni n'a que 9 ans, bientôt 10, et aucune structure n'est en mesure de l'accueillir de façon durable. La merveilleuse assistante sociale qui l'accompagne reçoit 37 refus à ses demandes d'accueil. Et après tous ces renvois, tout le monde refuse de l'accueillir.

J'ai hésité à mettre des étoiles à ce film tant il est difficile et parfois à la limite de l'insoutenable. Je suis sortie de la salle totalement abattue et incapable de voir tout autre film après. Et malgré les propos rassurants de la réalisatrice qui nous assure que la petite actrice (Helena Zengel a aujourd'hui 12 ans et tourne avec Tom Hanks) va bien, je suis allée immédiatement après le film m'assurer sur les internet qui savent tout qu'elle allait bien. Evidement, ce n'est pas rassurant pour les autres enfants dans la situation de Benni (ils existent bel et bien) mais au moins l'actrice n'est pas traumatisée. voici cet astre :

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Je sais qu'au cinéma, j'ai toujours eu, et de plus en plus, de mal avec le sort des enfants malmenés. Mais le cas de Benni atteint des sommets. Je ne me souviens plus avoir autant pleuré au cinéma car Benni est une petite fille dont l'existence déchire le cœur. On découvre son corps couvert de bleus, de croutes qu'elle s'inflige elle-même lors de ses crises. Son moyen d'expression le plus sûr est la colère. Elle se bat. C'est une "petite guerrière" comme l'appelle Micha qu'elle va rencontrer et commencer par rejeter.

Benni nous renvoie à nos failles, celles de ne pas réussir à s'occuper d'une enfant sauvage. Les failles d'un système, celles de l'humanité aussi. Un constat terrible, épouvantable, insupportable. Et pourtant tout sonne juste dans cette histoire difficile. Et je vous assure que le réalisme ne sombre pas dans la complaisance, le voyeurisme et le misérabilisme.

La réalisatrice dissèque la détresse, la rage de Benni petite fille à la tenue rose fluo qui s'oppose à la noirceur de sa vie. Pourtant elle mange des sucettes, câline son doudou, fait encore pipi au lit et par dessus tout ne rêve que d'une chose : vivre avec sa maman. Cette dernière est le genre de femme fragile qui doit faire un enfant (elle en a 3) à chaque fois qu'elle a une relation quelque peu durable avec un mec. Elle aime ses enfants, à sa façon, mais, sans travail et complètement à côté de la plaque, elle est incapable de s'en occuper. La réalisatrice ne pose pas un regard méprisant et accusateur sur elle. Au contraire, on la plaint et comme sa fille on a envie de l'aider.

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Ensuite le désarroi des services sociaux, des médecins touchés comme nous par cette enfant malheureuse capable d'élans de tendresse bouleversants suivis de brusques crises de rage et de colère. Chacun met tout en œuvre pour lui porter secours, pour la comprendre, l'aider. Il faut parfois 3 personnes pour la maîtriser et l'envoyer en hôpital psychiatrique où son regard implorant est tourné vers la porte.

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Lors de l'échappée belle avec Micha en forêt, on respire quelques instants. Ce sont pour elle les plus belles vacances de sa vie. Micha rectifie : "c'est une mesure éducative", et elle rétorque : "c'est la meilleure mesure éducative de ma vie". Mais je vous mets au défi de ne pas fondre en larmes lorsque Micha, innocemment, lui fait découvrir la magie de l'echo...

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La réalisation de Nora Fingscheidt est à la hauteur de son sujet, pleine de rage, de fureur parfois. Et la musique qui s'apaise magnifiquement lors du générique sans pour autant nous rassurer… est également rageuse. Et si la réalisatrice nous force parfois à fermer les yeux tant on craint le pire, il est impossible de ne pas suivre jusqu'au bout l'histoire de Benni qui nous bouleverse. Ses rares larmes déchirent le cœur, ses rares sourires emplissent de joie.

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La direction d'acteurs est absolument exceptionnelle. L'interprétation d'Helena Zengel est au-delà des mots. Mais celles de Micha  (Albrecht Schuh) et de l'assistante sociale (Gabriela Maria Schmeide) sont à la hauteur. Ils incarnent l'humanité et la compassion.

La bande annonce peut vous donner une idée assez juste du film. J'ai conscience que la façon dont je vous en parle peut vous faire fuir mais ne pas faire la connaissance de Benni serait dommage. Contrairement à la personne qui avait présenté le film à l'époque : je n'ai pas aimé la fin…

 

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LA COMMUNION de Jan Komaza ****

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Avec Bartosz Bielenia, Eliza Rycembel, Aleksandra Konieczna

Daniel, 20 ans, se découvre une vocation spirituelle dans un centre de détention pour mineurs. Hélas, son casier judiciaire l'empêche d'accéder aux études de séminariste. Envoyé dans une petite ville pour travailler dans un atelier de menuiserie, il se fait passer pour un prêtre et prend la tête de la paroisse. L'arrivée du jeune et charismatique prédicateur bouscule alors cette petite communauté conservatrice.

Exceptée l'histoire d'amour inutile (l'amitié entre les deux jeunes gens est plus belle que leur historiette sans issue), d'autant que la demoiselle du "couple" réussit elle aussi une belle émancipation, je vous recommande vivement ce film rare, ambitieux et déroutant.

Cela commence comme un film de prison avec ce que cela comporte de violence et d'horreur. La violence fugace et intense ressurgira à plusieurs moments car bien qu'habité et inspiré par une foi sincère, Daniel sera régulièrement rattrapé par son passé et un certain déterminisme social. Ce qu'il a fait, on l'apprendra d'une façon très subtile, assez tard dans la narration et il faut saluer la réalisation très habile qui nous maintient dans un état de tension permanente. C'est par hasard que Daniel endosse le rôle du prête absent. Rien de prémédité dans cet acte. Au départ il voulait juste impressionner une fille voire lui extorquer son respect. Et c'est vrai que dès qu'il lui montre le col romain qu'il a subtilisé au prêtre de la prison, de moqueuse, la demoiselle se fait plus respectueuse.

La Communion s'inspire d'une histoire vraie et elle est tellement extraordinaire qu'on aurait du mal à l'imaginer. Cette imposture fait osciller le film entre chronique cléricale, thriller et échos de la vie d'une petite communauté unie dans le souvenir d'un drame survenu un an plus tôt. Nous découvrirons également la nature de l'évènement dramatique peu à peu. L'efficacité de tout ce que le réalisateur mène de front dans cette histoire est remarquable. Même s'il s'attache en particulier au personnage fascinant de Daniel de toutes les scènes et interprété de façon remarquable par Bartosz Bielenia, un garçon au visage d'ange, de nombreux personnages prennent leur place et sont bien esquissés en quelques phrases ou scènes. Le charisme de Daniel et la qualité de ses prêches sincères auront vite fait de séduire tout le village qui se précipitera aux messes et aux séances de confession.

Mais au-delà de l'imposture, il y a l'authentique désir de rédemption de Daniel mais aussi son exceptionnelle empathie et sa disposition sincère encore une fois, au pardon. Son aisance à soigner les plaies profondes qui dévastent quelques personnages est impressionnante et la scène où il encourage ces gens qui souffrent à se libérer de leur colère et de leur chagrin est un moment très fort. Et plus que de religion, malgré le parcours christique de Daniel, le film parle effectivement de pardon et de rédemption. Et c'est très fort et très beau, jusqu'à une image finale puissante.

Pour interpréter ce personnage hautement romanesque et charismatique, le réalisateur a trouvé un interprète idéal en la personne de Bartosz Bielenia. J'ai lu qu'il avait un côté mi James Dean, mi Jean Seberg ! C'est faux et je suis bien meilleure au jeu des ressemblances. Il est le clone d'August Diehl et de Christopher Walken. Même regard inquiet voire inquiétant parfois, dont il joue admirablement, mêmes cernes, et même implication totale dans un rôle très fort. Mais peu importe à qui il ressemble, son interprétation parfois hallucinée, parfois d'une douceur remarquable devrait lui ouvrir les portes de bien beaux rôles.

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Commentaires

  • Ouf, c'est du lourd ! Nous avons entendu parler de ce film allemand (évidemment). A retenir, bien sûr, à condition de le retrouver...

  • Du très lourd... Il devrait sortir dans les salles Art et Essai. Et vous pourrez me traduire systemsprenger s'il vous plaît ?

  • C'est bien parce que c'est vous ;)
    Traduit littéralement le titre veut dire "dynamiteur de système". On a donné ce nom aux enfants qui font "exploser le cadre de la pédagogie", des enfants très violents et en grande difficulté.

  • Merci.
    C'est tout à fait le portait de Benni.

  • Alors moi je trouve qu'il ressemble à Cillian Murphy !
    J'ai choisi d'aller voir La communion, et pour mon retour au ciné, je suis absolument ravie et 100% d'accord avec toi.

    J'ai noté Benny aussi :=)

    C'est top de retourner dans les salles (avec prudence, bien sur ^^)

  • Bof... pas trop. En tout cas on est loin de James Dean ou Jean Seberg.
    Très bon choix.

    Benny... j'aimerais "la" revoir, mais c'est tellement, TELLEMENT dur.

    Oui oui, bien masquée comme il faut.

  • Bonjour Pascale, je suis sortie bouleversée de Benni. J'ai aimé la fin aérienne. Est-ce que Benni va s'en sortir. Il faut y croire mais ce n'est pas gagné. Un très grand premier film. Bonne journée.

  • Bonjour Dasola, Oui, c'est pour moi un très grand film.
    Mais contrairement à beaucoup, j'ai trouvé la dernière image désespérante.

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