FORBIDDEN HOLLYWOOD
Dans le cadre du Cycle Fordidden Hollywood dont je vous parlais ici, ou le jour où je suis tombée amoureuse de Norma Shearer, voici encore trois pépites pré-code Hays qui ont fait se dresser les cheveux sur la tête des membres des ligues de vertu américaines.
L'ANGE BLANC de William A. Wellman ***
Avec Barbara Stanwyck, Joan Blondell, Clark Gable
Lora Hart, jeune femme courageuse et dynamique décide d'être infirmière par vocation. S'occuper des autres est sa priorité. Après un court apprentissage en clinique et son diplôme en poche, elle trouve un emploi dans une famille bourgeoise où deux petites filles sont gravement malades. Anémiques, elles ne sont nourries que de lait. Lora découvre que le chauffeur de la famille pousse la mère à boire en vue de la déposséder de sa fortune, avec l'aide du médecin de famille. Ils sont prêts à sacrifier les deux enfants.
En dehors du fait que le film déjouait tous les interdits que Code Hays qui entrerait bientôt en vigueur, il faut noter la première scène (reprise à l'identique à la fin du film) où l'on est carrément à bord d'une ambulance lancée à vive allure à travers la ville. On a presque tendance à se pencher à droite et à gauche pour maintenir l'équilibre.
Dès la scène suivante, Lora se confronte à une infirmière en chef qui abuse de son petit pouvoir pour lui refuser le poste d'infirmière, qu'elle obtiendra pourtant grâce au grand patron qui tombe sous son charme. Lora rencontre sa collègue qui deviendra son amie, un interne qui évidemment veut "se faire" la nouvelle infirmière, puis un gentil truand blessé qu'elle ne dénonce pas et avec qui elle va finir par lier avec aplomb une relation presque fraternelle au début... J'adore quand elle lui dit : "vous n'êtes pas très beau mais je ne peux nier que vous arrivez toujours au bon moment".
Tout cela va très vite et en quelques instants, toutes les cases anti code Hays sont cochées : jeunes femmes qui se déshabillent (normal, les infirmières se mettent en tenue), truand très sympathique, jeune femme alcoolique, femmes battues, sans parler des petites filles mourantes. De quoi faire s'évanouir les ligues de vertu.
Il y a presque deux films en un. Deux parties distinctes, la première légère et pleine d'humour et la seconde plus sombre où Lora, le point de liaison entre les deux parties, doit déjouer les plans de l'affreux chauffeur, interprété par Clark Gable dans un nouveau rôle de méchant. Droit dans ses bottes (et encore sans moustache)... j'avoue qu'il m'a fait rire avec sa taille serrée dans son costume noir de chauffeur.
Barbara Stanwyck absolument ravissante et énergique mène la danse !
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LA BELLE DE SAÏGON de Victor Fleming ***
Avec Jean Harlow, Clark Gable, Mary AstorGene Raymond
Séduisante prostituée recherchée par la police de Saïgon, Vantine trouve refuge dans la plantation de Dennis Carson. Vantine et Dennis ne tardent pas à tomber dans les bras l’un de l’autre mais le bel aventurier s’éprend bientôt de l’élégante et inaccessible Barbara Willis, récemment arrivée sur la plantation avec son mari.
Ce film est la version 1930 de Mogambo qui verra le même Clark Gable vingt ans plus tard aux prises avec la sublime Ava Gardner et la fade (dans ce film) Grace Kelly. Décidément, le temps ne fait rien à l'affaire pour que ce garçon y comprenne quelque chose aux filles. Ici il est aveugle à l'amour sincère de la prostituée qu'il aura la muflerie de payer alors qu'elle lui fait comprendre qu'elle l'aime et succombera aux charmes de la bourgeoise, Mary Astor très bien. Dennis va réussir à écarter pendant un temps le mari, trop naïf et confiant pour imaginer que sa femme puisse le tromper. Pendant quelque temps ils vivront leur "amour" sous le regard désolée de Vantine.
Vantine, c'est Jean Harlow. Je ne suis pas sûre de l'avoir déjà vue dans un film. Je ne la trouve vraiment pas d'une beauté à tomber. Je pense que son absence de sourcils y est pour beaucoup. C'est très laid un front et un regard sans sourcil. Mais elle est ce genre d'actrice et de fille pétillante, espiègle et drôle que j'adore. Ici, bien qu'ayant à faire à un pignouf elle garde son optimisme et sa joie de vivre communicative.
Les coolies sales, bêtes, paresseux (aucun défaut ne leur manque) sont traités moins bien que des animaux dans la plus parfaite indifférence de tous. Et la jungle de pacotille, entièrement reconstituée en studios n'en est pas moins belle, dépaysante et torride pour autant.
Ici bien sûr ce sont la présence d'une prostituée, l'adultère et le bad boy sympathique qui ont dû défriser les cul-bénits.
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THE MIND READER de Roy Del Ruth **(*)
Avec Warren William, Constance Cummings, Allen Jenkins
Chandler est le roi de l'escroquerie. Arracheur de dents sur les fêtes foraines (il couvre les hurlements de ses patients par la musique), vendeur de lotions miraculeuses pour les cheveux... ses arnaques sont souvent révélées et il doit changer de "profession" et de région. Aidé de ses complices Frank et Sam, Chandler s'improvise voyant et devient Chandra. Il rencontre Sylvia et les deux jeunes gens tombent amoureux. Lorsqu'elle découvre la supercherie, elle veut rompre mais n'y parvient pas. Sauf que les mensonges répétés de Chandler poussent une jeune femme qui a cru à ses prédictions au suicide et beaucoup de couples à divorcer. Chandler assure qu'il va rentrer dans le rang mais encore une fois ne réussit pas à tenir sa promesse. Il devient le Docteur Monroe et continue de s'improviser voyant...
L'histoire est un peu tarabiscotée et s'inscrit dans l'époque de la grande dépression où la débrouille a dû permettre à beaucoup de s'en sortir tant bien que mal. Le burlesque du début cède la place à une seconde partie beaucoup plus sombre avec un suicide par désespoir, une blessure mortelle par balle et un procès impliquant une innocente.
J'ai été moins sensible à ce film qui bénéficie pourtant d'une interprétation exemplaire, Warren William est très séducteur, Constance Cummings ravissante et j'ai beaucoup aimé la fin apaisée mais le gouffre entre le burlesque du début et la noirceur de la suite m'ont sans doute gênée.
Commentaires
Belle brochette ! Je n'ai vu aucun des trois. Je ne connais le Wellman que de nom (aperçu dans les listes filmo de ce réal que j'aime beaucoup), évidemment j'ai très envie de le découvrir. Je dois admettre que celui avec Jean mmmh Harlow me tente aussi. Je te conseille "Hell's Angels" de l'aviateur fou Howard Hugues dans lequel elle porte un dos-nu comment dirais-je... profond.
Toujours sur les bons coups le Clark, avec ou sans moustache. ;-)
Le Hell's angel est dans mon viseur depuis que j'ai vu Aviator... mais pas pour le décolleté de Jean.
Le Wellman est vraiment bon. Pas de gras, pas une scène de trop. C'est vif et bourré d'humour. Et Barbara...
Clark a l'air un peu couillon.