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SOLEIL VERT (DVD)

de Richard Fleischer ****

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avec Charlton Heston, Leigh Taylor Young, Edward G. Robinson, Chuck Connors

C'est une nouvelle fois en lisant l'article que lui consacre Strum que j'ai eu envie de revoir ce film, dont la révélation en cours de récit m'avait déjà fait forte impression il y a quelques décennies années.

Adaptée du roman de Harry Harrison, l'action de cette dystopie cauchemardesque sortie en 1973 sur les écrans, se situe en... 2022. Je regrette presque de n'avoir pas attendu quelques mois avant de le revoir. Où en serons-nous en 2022 ? Ici, pas question d'épidémie mais de dérèglement climatique irréversible. Autant dire que si l'idée était encore vague dans l'esprit du commun des mortels en 1973, on voit aujourd'hui à peu près de quoi il s'agit. Être prévenus ne change rien au processus manifestement.

L'état du monde nous est révélé en suivant le parcours de quelques personnages dans un New-York surpeuplé (40 millions d'habitants pour la seule ville) accablé par une canicule permanente (une moyenne de 33° la nuit). La chaleur et la surpopulation ne sont pas les seules calamités. Les ressources naturelles sont épuisées, la végétation et les animaux ont disparu et il règne sur la ville une pollution qui déverse une poussière verdâtre.

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Les pauvres, la plupart sans logement s'entassent dans des cages d'escalier pour trouver le repos la nuit. Les gens meurent dans la rue laissant des enfants orphelins. Ils n'ont accès qu'à une nourriture synthétique en plaquettes rouge ou jaune, sans goût. Par contre le Soleil vert, prétendument à base de plancton, produit plus rare distribué par la société Soylent et un peu plus agréable à consommer provoque des émeutes lors des arrivages du mardi. Ces émeutes sont promptement résolues par un ramassage des émeutiers à la pelleteuse

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Le peuple, pour mettre fin à ses tourments, a le choix de se faire euthanasier volontairement en se rendant au "foyer" et se voir offrir vingt minutes de pur enchantement juste avant de mourir.

Evidemment les plus riches s'en sortent mieux, vivent dans des logements salubres, consomment de la viande, des fruits et des légumes devenus denrées rares hors de prix et sont chouchoutés par de très jeunes femmes élégamment appelées mobilier (furniture en VO). Elles sont affectées à un appartement et deviennent la propriété des locataires successifs s'ils veulent bien d'elles. Elles s'estiment heureuses lorsqu'elles ne sont pas battues. C'est le cas de la jeune Shirl qui vit depuis quelques années avec Simonson, l'un des dirigeants de la Société Soylent.

Pour nous mener vers une révélation glaçante, on suit l'enquête de Thorn, policier chargé de l'enquête sur le meurtre de Simonson justement. Il est aidé par le vieux Sol avec qui il partage un logement minable. Le vieil homme semble détenir la mémoire du monde quand il était encore vivable. Le film commence d'ailleurs par une succession d'images montrant à quelle vitesse l'industrialisation de la planète dès le XIXème siècle a mené à la surpopulation et à la pollution.

Le flic s'aperçoit rapidement que tout est mis en oeuvre, jusque par sa hiérarchie pour l'empêcher de mener à bien son enquête. Ce qu'il va découvrir est au-delà de ce qu'il pouvait imaginer.

Solidement porté par Charlton Heston le réalisateur filme ce cauchemar dans une ambiance de fin du monde poisseuse et crasseuse. Il ne s'embarrasse pas de fioritures et boucle l'histoire en 1 heure 30 sans temps mort.

ATTENTION : SPOILER

Deux scènes marquent durablement les esprits. Ce sont celles dont je me souvenais précisément et qui m'ont encore impressionnée hier et même fait verser une larme. Celle où Thorn rentre chez lui et donne à son ami Sol le fruit de son butin : une tranche de viande, une tomate et une salade. Le repas qu'ils font les montrent muets, souriants, heureux, au bord de l'extase. En 1973, on pouvait sans doute en sourire. Aujourd'hui, on est moins tenté de croire que l'idée que ces aliments puissent devenir mythiques soit inconcevable.

L'autre scène est celle de la mort de Sol pour laquelle il a réclamé d'entendre de la musique classique. Sur un écran géant sont projetées des images de la Terre avant la pollution. Thorn derrière une vitre assiste son ami et découvre le monde qu'il n'a pas connu, des paysages somptueux, des animaux en liberté au son du 1er mouvement de la Symphonie N° 6 de Beethoven (la Pastorale) et Peer Gynt de Grieg (Impressions du matin). L'émotion qui étreint à la vue de ces images et à l'écoute de cette musique est décuplée par les larmes que verse Charlton Heston. Il me semble avoir lu un jour que l'acteur pleurait vraiment car Edward G. Robinson très malade mourait quelques jours après la fin du tournage. Une scène puissante inoubliable.

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Commentaires

  • Un film vu à sa sortie, un film remarquable, bouleversant et qui nous aura marquées ! Une science fiction qui maintenant n’est plus très loin de notre réalité. Ce n’est pas un pour nous changer les idées ...

  • Remarquable et bouleversant, les deux mots qui résument bien ce film.
    Les films ça change de toute façon les idées.

  • Un film qui m'avait beaucoup marquée à sa sortie. C'est vrai qu'aujourd'hui, au point où on en est, on doit le regarder autrement.

  • Oui, on le voit forcément différemment compte tenu de l'époque et de l'âge aussi...

  • Hello Pascale... et belle semaine à toi !

    On m'en a tant parlé en bien et ta chronique allant dans ce sens, je tâcherai de le voir la prochaine fois qu'il passera dans mon radar à films classiques. Du coup, ça vaut le coup d'attendre l'année prochaine...

  • Oui, je pense qu'il doit faire partie des films qu'il faut avoir vu. Je suis vraiment contente de l'avoir revu. C'était fort.
    Bonne semaine Martin.

  • Ce qu'on appelait autrefois un film "d'anticipation" éco-catastrophiste. Cette préscience aujourd'hui laisse songeur. Certes, on n'en est pas encore à ramasser les émeutiers comme les feuilles mortes. Encore que, dans certains pays...
    Je constate que tu es comme moi dans une humeur de (re)voyure des classiques. Tout comme Strum d'ailleurs, qui nous avait sorti pour ce film sa plume des grandes heures.

  • Depuis un an je classique à tire larigot... mais je me suis remise vaguement à écrire.
    La plume des grandes heures de Strum ? Je n'ai pas l'heur de connaître celle des petites.
    Comme la tienne d'ailleurs.
    Allez zou, c'est cadeau, je suis d'humeur primesautière et ça dure depuis des heures... mais que se passe-t-il ?

  • L'abus de Soleil Vert peut-être ?

  • Une indigestion.

  • E sì, quel film potrebbe essere realizzato quest'anno. è come un mad dream...

  • Un chef-d'oeuvre du grand Fleischer ! Dont j'ai effectivement parlé récemment. Et un film bouleversant comme tu dis, ayant moi aussi versé "ma petite larme" devant la scène avec Sol. A défaut de salles ouvertes, cela fait du bien de chroniquer ses DVD préférés, non ? Content de te voir réécrire. Les jeux, cela va cinq minutes ! ;)

  • Oui un film incroyable que tu m'as donné envie de revoir.
    Les jeux ça devait être transitoire. Je ne pensais pas que ça durerait si longtemps... Cela dit voir ces images m'a donné envie de revoir certains films.

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