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JEAN-PAUL BELMONDO

9 avril 1933 - 6 septembre 2021

jean paul belmondo

Quelle photo et quel film choisir ? Ce fut difficile. Hier soir j'ai divagué de chaîne en chaîne, un peu agacée de constater qu'au moins 8 chaînes avaient choisi de déprogrammer et qu'il m'était impossible de m'arrêter sur un film en particulier. Je reconnais m'être attardée sur Itinéraire d'un enfant gâté. Le film vaut ce qu'il vaut mais l'interprétation de Jean-Paul Belmondo est irrésistible. De mémoire je dirais qu'à l'époque de ce film Lelouch et lui étaient en pleine déprime et qu'ils étaient allés au bout du monde soigner leur mal-être dans les scènes tournées en Polynésie. Cela donne à son beau visage buriné une mélancolie qu'on lui connaissait peu.

Quel acteur ! L'Académie ne s'y était pas trompé en lui attribuant le César du Meilleur Acteur pour ce film en 1989.

jean paul belmondo

Récompense qu'il avait élégamment refusée. "Les récompenses, il faut les donner quand on est jeune. Là, ça faisait je ne sais pas combien d'années qu'on ne me donnait rien donc je n’avais pas du tout envie de le recevoir. [...] Non pas par aigreur mais je pense que quand j'étais jeune au conservatoire j'aurais aimé recevoir un prix, je ne l'ai pas eu. Je pense qu'il faut récompenser les jeunes et pas les gens qui ont fait toute une carrière".  Pas rancunière, la même Académie l'a acclamé en un vibrant hommage pour l'ensemble de sa carrière en 2017. Cette fois, Belmondo s'était rendu à la Cérémonie.

jean paul belmondo

Pour la photo, j'ai choisi celle de Cartouche. Dans l'impertinence et la flamboyance de ses 30 ans, il était beau. Lui dont un prof avait dit qu'il n'aurait aucune carrière et aucun succès auprès des femmes. La vie et son incroyable obstination ont fait mentir ce piètre jugement. Quel talent et quel séducteur ! Moi, je l'ai toujours trouvé beau.

Je suis triste. Il est un de mes acteurs préférés. Je l'ai aimé dans tous ses films même les plus nigauds. Il avait ce truc en plus, indéfinissable qui fait la marque des plus grands. Il me faisait rire, il m'émouvait. Il reste à jamais ses films bien sûr, mais aussi son physique, son incroyable visage, sa voix, son sourire, sa gentillesse, son optimisme inébranlable. Je crois qu'on peut parler de panache !

Choisir un seul film ? Difficile. Mes préférés sont sans hésitation : Pierrot le fou, Un singe en hiver et la Sirène du Mississipi parce que Belmondo amoureux c'est quand même exceptionnel mais j'aimais aussi le casse-cou suspendu à un hélicoptère en caleçon à pois rouges.

Et sa voix, inoubliable.

Je pense à sa famille bien sûr mais aussi à Alain Delon  qui, si je n'oublie personne, reste le seul grand fauve de cette génération exceptionnelle.

jean paul belmondo

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UN SINGE EN HIVER d’Henri Verneuil ****

un singe en hiver -

Encore un miracle du septième art. Moi qui suis allergique au degré terminal aux poivrots et autres pochtrons qui prétendent que la moindre fiesta ne peut se faire sans être imbibé jusqu’aux yeux, qui affirment qu’on ne peut décoller du réel en dessous de trois grammes par litre, je me prosterne néanmoins devant ce film qui fait l’éloge de la cuite, l’apologie de l’ivresse ! Un véritable plaidoyer pour l’ivrognerie.

Il faut dire que les deux pochards ici présents élèvent la biture à un niveau artistique qui enivre !!! Et le singe égaré, comme on en rencontre en Orient au moment des premiers froids, c’est Jean-Paul Belmondo qui confirme la révélation qu’il fût dans A bout de souffle et tient toutes les promesses de l’acteur majuscule qu’il a toujours été. (Ah oui, j’aime Belmondo, le saviez-vous ?).

A force de voir et revoir ce film… l’histoire passe carrément au second plan (pourtant elle est belle et forte) et je ne vois plus que la rencontre de deux acteurs-monstres sublimes et d’un dialoguiste hors pair qui leur a mis en bouche une avalanche de répliques cultes qu’ils savourent et nous servent avec délectation. L’un vieillissant, Gabin, qui n’a pas eu son compte d’imprévus, « j’en redemande » hurle t’il, et semble passer le flambeau à l’autre, Belmondo, admirable. Il le prend sur son cœur : « dans mes bras fils, tu es mes vingt ans ! ». La tendresse et l’admiration que ces deux géants se portent sont palpables à l’écran.

Le mieux pour vous redonner l’envie d’avoir envie est de déguster ceci :

« Depuis qu’il a arrêté de boire, il a viré sournois ».

« Le picon bière, ça pardonne pas. C’est de ça que mon pauvre papa est mort ».

"- Oui monsieur, les princes de la cuite, les seigneurs, ceux avec qui tu buvais le coup dans le temps et qu'ont toujours fait verre à part. Dis-toi bien que tes clients, ils vous laissent à vos putasseries, les seigneurs. Ils sont à cent mille verres de vous. Eux, ils tutoient les anges !

- Excuse-moi, mais nous autres, on est encore capables de tenir le litre sans se prendre pour Dieu le Père.

- Mais c'est bien ce que je vous reproche. Vous avez le vin petit et la cuite mesquine. Dans le fond vous méritez pas de boire. Tu t'demandes pourquoi y picole l'espagnol ? C'est pour essayer d'oublier des pignoufs comme vous. »

« Je ne vous apprendrais rien en vous rappelant que Wang Ho veut dire fleuve jaune et Yang Tse Kiang fleuve bleu. Je ne sais si vous vous rendez compte de l'aspect grandiose du mélange : un fleuve vert, vert comme les forêts comme l'espérance. Matelot Hénault, nous allons repeindre l'Asie, lui donner une couleur tendre. Nous allons installer le printemps dans ce pays de merde ! »

« Mais c'est d'ta faute ! Si tu buvais plus vite, elle serait déjà là ! Les choses entraînent les choses... Le bidule crée le bidule... Y a pas de hasard ! Allez ! On rentre à la caserne ».

Et puis à la toute fin Albert et Gabriel se séparent dans un train pour ne plus jamais se revoir sans doute : une poignée de mains, le sourire ému de Belmondo, le regard attendri du jeune pour le vieux… et la dernière image emplie de la détresse de Gabin, seul sur le quai…

… « et le vieil homme entra dans un long hiver ».

Un miracle qui vous fait descendre le Yang-Tsé-Kiang et voir Manolete !

Albert : « A la gloire des fusiliers marins d'Extrême-Orient !

Gabriel : A Manolete ! Tué à Linarès par le taureau Isleiro ! »

En résumé, le bidule crée le bidule.

Je vous dis : MAGIQUE ! Tchin.

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LA SIRENE DU MISSISSIPI de François Truffaut ****

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François Truffaut rime, s’accorde avec cinéma… et dès lors que son nom est prononcé, des milliers d’images s’imposent mais quel film peut l’emporter, s’il fallait faire un choix unique ? Jules et Jim, Les 400 coups, L’histoire d’Adèle H, La femme d’à côté, La nuit américaine,  Le dernier métro … sans compter les autres, tous les autres ?

Et pourtant, celui qui est si cher à mon cœur n’est sans doute ni le plus aimé ni le plus populaire. La Sirène du Mississippi est comme Truffaut le disait lui-même un grand film « malade » et c’est justement ce qui m’anéantit, cette fragilité, cette douceur et cette cruauté. Je ne révèlerai rien de l’intrigue (polar haletant, suspens alambiqué exotique et amoureux) pour les chanceux qui ne l’ont pas encore vu. Catherine Deneuve avait 26 ans et Jean-Paul Belmondo 36 et c’est déjà tout un voyage, toute une promesse !

Elle est Julie (et aussi Marion) garce sublime, angélique, à la fois impitoyable et vulnérable : IRRESISTIBLE. Il est Louis, l’objet, l’instrument, le jouet qui se laisse engloutir dans cet abyme d’amour absolu. Il est la victime consentante, éblouie, anéantie d’un amour tyrannique. Jean-Paul Belmondo fait une composition magistrale de cet homme qui se laisse piétiner, broyer le cœur et ne répond aux exigences et aux extravagances qu’avec encore et encore plus de douceur.

« Vous êtes adorable. Vous savez ce que ça veut dire ? Digne d’adoration ».

Il avait déjà été ravagé d’amour dans un autre film souffrant : « Pierrot le fou » de J.L. Godard, et voir cet acteur si viril, si vigoureux, si drôle souvent, ainsi dévasté « est une joie, et une souffrance aussi »… Avec Deneuve, ils forment un couple en harmonie permanente. Les avoir réunis devient une évidence. C’est magnifique.

Et pourtant Jean-Paul Belmondo se plaignait de l’extrême connivence qui existait entre Deneuve et Truffaut. Il disait « j’ai l’air d’un con entre eux deux mais je le fais quand même… ».

Le fond et la forme du film ne sont pas sans évoquer Hitchcock, jusque dans le chignon vertigineux de Catherine Deneuve, réplique de celui de Kim Novak dans « Vertigo ».

Par ailleurs, Truffaut réutilisera des répliques et des dialogues entiers dans « Le dernier Métro » dans la bouche de Catherine Deneuve encore et Gérard Depardieu cette fois. Réentendre les mêmes phrases au mot prêt  11 ans plus tard était un pur moment cinéphile délicieux à consommer sans modération, avec délectation.

L’histoire nous entraîne de la Réunion à la Côté d’Azur pour finir dans la neige, en Suisse, et la dernière minute de la dernière scène réserve encore un ultime rebondissement amer et cruel qui me laisse à chaque vision, perplexe, insatisfaite, triste et désolée de les quitter…

Commentaires

  • Quel bel hommage, Pascale ! Souvenons-nous des belles choses. Jean-Paul a forcément quelque chose d'immortel. Sérieux, la mort ? "On ne paie plus, on ne salue plus, on méprise"... non mais !

    Et un grand merci de repasser tes chroniques sur ces deux très grands films que sont "Un singe en hiver" et "La sirène du Mississippi". "Cartouche" reste mon préféré, peut-être aussi parce que Claudia Cardinale (et Jean Rochefort), mais ils ne sont pas loin derrière.

  • Merci. Oui la mort, on méprise. Elle va pas nous faire virer sournois en plus !

    Ah Cartouche... coeur, coeur, coeur. Pourtant Claudia lui avait bien dit : 'amuse-toi, ça empêche de mourir'...
    Mais j'aime aussi quand, après la mort de Claudia il dit, en repartant au combat perdu d'avance, un truc du style : faites que ça aille vite... Je pleure.

  • Chapeau l'artiste, et chapeau l'hommage. Double chronique ajoutée d'un superbe clin d'oeil à l'élégant Cartouche, total respect. "Charmé, positivement charmé" je suis.
    Pas de "billet retour" hélas pour le pochetron d'un "Singe en Hiver". Toc toc badaboum, le boxeur étendu pour le compte, après vingt ans de combat sans perdre une once de bonne humeur pour se redresser d'un premier uppercut cérébral. Un grand monsieur y a pas de doute.

  • Merci.
    Hier soir, tard A bout de souffle. J'avoue que ce film... bref... Et que Jean Seberg, certes toute mignonne n'est pas une actrice de folie. Par contre Jean-Paul Belmondo en face, quelle performance et des répliques encore une fois cultissimes. Et sa façon de mourir chez Godard : "merde" dans Pierrot le fou, et "C'est vraiment dégueulasse" ici. Que le flic traduit par : "TU es vraiment dégueulasse".
    Incroyable qu'Anna Karina et Jean Seberg se payaient le luxe de s'ennuyer avec Bébel et le trahissaient (dans ces films). M'étonne pas de Godard sûrement jaloux.
    La bonne humeur jusqu'au bout. Croisé plusieurs fois dans les festivals. Il était CHARMANT.

  • "A bout de souffle", j'adore (même avis que toi néanmoins sur la Jean pas si géniale), quand Poiccard nous envoie nous faire f... Bref, à revoir pour que je puisse republier mon vieil article dessus.
    Tu as eu bien de la chance de croiser ce charmant Monsieur.

  • Si vous n'aimez pas la mer...
    Dans ce film, il anéantit tous les autres.
    Et torse nu au lit... yououououou ,!

  • J'suis peut être pas très beau, mais ch'uis un grand boxeur.

  • - Quelle est votre ambition dans la vie ?
    - Devenir immortel et mourir.

  • Ça c'est pas du Jean-Paul, c'est du Jean-Pierre.

  • C'est ça chipotons.

  • Je suis triste aussi ; c'est un type que l'on aurait aimé avoir comme copain. J'ai réécouté une interview de lui sur France-Culture, quelle intelligence il avait en plus. Et l'élégance d'être toujours de bonne humeur. Je n'ai pas pu fixer mon attention non plus sur un seul film j'ai zappé d'une chaîne à l'autre. J'ai revu il y a peu "un signe en hiver". Toujours aussi savoureux.

  • Oui un gars bien. Ses interviews sont un régal. Et son respect du public, quel bonheur. "Ce sont eux qui paient leur place..." qu'il disait. Et sa gaieté communicative...
    Soirée infernale ce soir là.
    On les reverra plus tranquillement plus tard, un film à la fois.
    Hier j'ai revu A bout de souffle. C'est unique cette façon qu'il a eu de faire passer ce machin. Sans lui ça aurait été insupportable. Jean Seberg est jolie sans plus.

  • Hier, soirée "ciné" familiale. Il fallait que je présente Bébel et ma progéniture, inculte qui n'avait encore jamais vu de film avec Bébel. L'as des as, j'ai proposé, programmé. Remarque, moi aussi cela faisait très longtemps que je ne l'avais pas vu, le film, Bébel...
    Un bon moment, ensemble, sur un canapé, bons souvenirs à garder en mémoire....

  • Mon fils m'a dit qu'il pensait n'avoir jamais vu de Belmondo !!! Alors mes petits enfants !!!
    Je n'ai aucun DVD. Je ne saurais par quel film commencer. L'as des as est un bon choix je crois. Intermédiaire entre le bon acteur et le cascadeur.
    Le magnifique me tente... L'homme de Rio, Les tribulations... même si je suis plutôt fan de son cinéma d'auteur.

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