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NIGHTMARE ALLEY

de Guillermo del Toro ***

NIGHTMARE ALLEY de Guillermo del Toro, cinéma,

Avec Bradley Cooper, Cate Blanchett, Toni Collette, Rooney Mara, Willem Dafoe, Richard Jenkins, Ron Perlman, Mary Steenburgen

Dans les années 30 Stanton Carlisle fuit son passé et une histoire trouble. Il croise la route d'un cirque ambulant dont le patron lui offre dans l'urgence un emploi d'homme à tout faire.

Charismatique et baratineur, Stan ne tarde pas à s'offrir les bonnes grâces de Madame Zeena (pas farouche non plus) la voyante. Au contact de l'époux alcoolique de la dame, Stan, bon élève, apprend rapidement l'art de feindre des dons de télépathie. Le "truc" vient de ce qu'un code est établi entre le faux télépathe et son assistante. Une jeune femme timide et trop naïve, Molly, au numéro surprenant devient sa maîtresse. Ils vont quitter le cirque, monter leur propre numéro de téléphathie jusqu'à la rencontre avec une pseudo-psy, Lilith Ritter avec qui Stan va monter une escroquerie de plus grande envergure qui ne sera pas sans conséquence.

Ascension, gloire et déchéance sont les mots qui pourraient résumer rapidement ce film très bien, très beau et pourtant assez décevant car il est de Guillermo del Toro et qu'on en attend forcément plus de lui que ces deux heures trente de grand barnum assez prévisibles qui durent et s'éternisent. On est loin de la douceur terrible du merveilleux et surprenant La forme de l'eau par exemple.

Le film dans sa première partie évoque évidemment La monstrueuse parade des Freaks de Tod Browning (1930) qui relataient la vie et la révolte des membres d'un cirque atteints de malformations physiques spectaculaires. Les numéros du cirque de ce cauchemar sont tous destinés à effrayer ou à berner le pigeon moyen prompt à avaler des couleuvres. Il est aussi le lieu de l'exploitation de la misère humaine. La "formation" d'un "geek" (qui n'est pas ici un passionné no life de jeux vidéo et compagnie mais un débile) est détaillée avec délectation par Clem le patron (Willem Dafoe toujours dans la continuité de ses personnages malsains). Stan s'en offusque sans (presque) rien faire pour le pauvre hère réduit à l'état bestial et chargé de divertir la foule. Les autres numéros sont tous des entourloupes qui ravissent le public.

Mais le film est aussi l'adaptation du roman éponyme de William Lindsay Gresham et le remake du film Le charlatan d'Emund Goulding (1947). Pourtant le réalisateur assure que ses sources d'inspiration sont certains films noirs des années 50 et 60. Et effectivement, le film devient noir dès lors que le personnage de Lillith Ritter apparaît et déroute Stan et Molly de leur trajectoire de succès routinier. Leur numéro de télépathie bien rodé est en effet devenu l'attraction phare des endroits chics de New-York. Hélas, l'interprétation sans frein et incontrôlée de Cate Blanchett en vamp langoureuse et indomptable ne laisse AUCUN doute (et pourtant je suis la première à me laisser berner au cinéma et ailleurs) sur ses mauvaises intentions. A son contact, Stan à qui on ne la faisait pas jusque là devient un crétin des Alples.

Il y a donc plusieurs films en un. La première partie consacrée au cirque est intéressante mais peine à faire démarrer l'intrigue. On comprend que le réalisateur s'éternise un peu et n'ait pas envie de délaisser ce fantastique décor mais on s'installe, on attend et... on admire les images et l'esthétique reconnaissable du maestro. Ensuite, la prévisibilité de l'intrigue et Cate donc qui en fait des tonnes déçoit même si la réalisation reste brillante. On assiste néanmoins là à la révélation de monstres aux difformités non plus physiques mais mentales et Molly (Rooney Mara) restera le seul personnage doux et humain de l'histoire.

Par contre, j'imagine que la dernière demi-heure risque d'en décevoir beaucoup. C'est pourtant ma préférée. On se réveille enfin, on tremble, on doute (enfin), on se demande comment Stan devenu incontrôlable va réussir son arnaque et on se dirige vers un final qu'évidemment je n'ai pas vu venir malgré les indices semés ça et là.

Bradley Cooper, irréprochable dans le rôle de Stan (il prend un bain, se fait laver par Toni Collette et sort du bain) est formidable de bout en bout.

nightmare alley de guillermo del toro,cinéma

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Commentaires

  • Je pense que le film est d'abord un hommage (multiple). Cela explique la lenteur, certains plans appuyés, le jeu d'acteurs comme Cate (elle fait ce qu'on lui dit de faire). On sent venir pas mal de choses à des kilomètres : la relation Stanton-Molly (et la manière dont elle va tourner), la relation Stanton-Ritter, la "révélation" du passé du héros (avec son père), la grosse arnaque et son dérapage. L'intrigue ne compte que deux (demi) surprises : la découverte de ce qui est arrivé à la psy dans le passé et l'évolution finale du couple (celui du juge) qui a perdu son fils à la guerre. Mais, comme c'est très bien filmé, avec de beaux décors, une lumière et une photographie au top, on se laisse volontiers emporter.

  • Loin de moi l'idée de détourner de ton adoration de Cate. Qu'elle vienne d'elle ou du réalisateur, l'interprétation d'une femme fatale pourrait être plus subtile.
    La reaction de la femme du juge est effectivement surprenante.
    J'ai déjà oublié ce qui est arrivé à Cate par le passé, c'est dire si le personnage m'a peu intéressée.
    Et c'est rare mais oui la réalisation et l'interprétation (de Bradley) sont les atouts.

  • Pas si décevant finalement.
    Cate m'a effrayé, j'imagine que l'idée de Del Toro était d'en faire une créature entre fascination et répulsion, pareille aux monstres de la foire. Et puis Stan n'a pas besoin d'elle pour se mettre dans la mouise, son ego fait ça très bien tout seul (dans le roman il devient même pasteur avant de rescussiter les morts).
    C'est tout l'objet du roman de Gresham qui s'en prend à ceux qui se prennent pour dieu (belle idée de Del Toro avec l'horrible fœtus Henoch) et son propos n'a rien perdu de son actualité.
    "Nightmare Alley", comme "West Side Story" de Spielberg, revisite un classique à la lumière d'aujourd'hui, c'est à dire sous un ciel sombre, avec des reflets inquiétants et dramatiques dans les deux cas.
    La traduction de dialogues ici est parfois assez calamiteuse. Le "Geek" n'est pas un "cretin" comme le prétendent les sous-titres, je préfère "le vampire-humain" comme dans le roman. Et je crois que dans la version de Goulding, on dit simplement "le monstre". On est nettement plus proche du personnage.
    Par contre, je confirme, pas de fin édulcorée comme dans la version Goulding exigée par Zanuck, mais une conclusion aussi sèche que celle du roman.

  • Je m'attendais à plus d'exaltation de ma part.
    Cate m'a agacée tant son interprétation manque de subtilité. On peut être une femme fatale manipulatrice sans que ce soit écrit sur ton front (ex. Gene Tierney dans Péché mortel) et c'est bien plus effrayant.
    Oui Stan ne devait qu'attendre cette femme pour se plonger dans le caca. Il semble rapidement s'ennuyer le garçon :-)
    J'imaginais bien en voyant le film que la traduction de geek n'était pas aisée.
    Le fœtus est effrayant (plus que Cate).
    J'ai bien compris que la monstruosité était davantage dans les âmes que dans les corps.
    Ravie de cette fin terrible. J'ai maintenant bien envie de lire le roman.
    J'ai commandé Le charlatan :-) (et le beau Tyrone devra faire ses preuves car, même en marcel blanc, je le trouve un peu lisse le garçon, contrairement à Bradley sans marcel...).
    P.S. : tu as cliqué sur mon lien ?

  • Là aussi complètement d'accord (décidément ;) ) Le grand soucis du film réside dans l'absence totale de suspense éventé aussitôt que la psy rencontre le charlatan dans son bureau... Mais heureusement, sur le reste Del Toro se rattrape (un peu)...

  • Oui, c'est l'effet 2022 :-)
    Oh oui la vamp qui clame : je suis une garce manipulatrice, quelle erreur !
    Mais ya du niveau quand même.

  • J'ai préféré la première partie, même si lente à démarrer, car j'aime qu'on m'installe un univers. Dès lors qu'il a volé de ses propres ailes avec le tragique que l'on connait, l'inéluctabilité de son destin m'a de moins en moins importé. En revanche, formellement, c'est une grande réussite et le cast est aux petits oignons.

  • J'ai bien aimé cette partie mais j'attends trop que ça commence et qu'il se passe enfin quelque chose.
    Le casting est top mais Cate est vraiment trop prévisible et ça gâche.

  • Ayant pris part à un mini-festival consacré au cinéma de genre, j'me suis mis en retard avec les sorties "grand public" récentes, mais je vais essayer de le voir sans trop tarder. Peut-être bien la semaine prochaine...

  • Et oui, on ne peut être partout.
    Ce film devrait te plaire.

  • Je l'ai ENFIN vu. Je confirme : il m'a plu. Même si j'ai senti quelques longueurs. Et je confirme que Cate est meilleure dans un registre plus sobre, même si ça n'a pas gâché mon plaisir.

  • Le début peine à faire démarrer l'intrigue et Cate est excessive dans ce rôle qui demandait plus de subtilité comme dans la version de 1947 où la vilaine a l'air d'un ange.

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