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PETER VON KANT

de François Ozon ****

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Avec Denis Ménochet, Khalil Gharbia, Stefan Crepon, Isabelle Adjani, Hanna Schygulla

Peter Von Kant, réalisateur en vogue partage son appartement et martyrise Karl, son assistant, son homme à tout faire, son souffre douleurs.

Par l'intermédiaire de son amie l'actrice star Sidonie, il rencontre Amir dont il s'éprend instantanément. Après un premier rendez-vous Peter propose au jeune homme de s'installer chez lui et de l'aider à devenir acteur.

Peut-être serais-je moins enthousiaste si je connaissais l'oeuvre originale dont François Ozon s'inspire : Les larmes amères de Petra Von Kant de Rainer Werner Fassbinder. Hélas je ne l'ai pas encore vu, mais je compte y remédier parce que ce film donne furieusement envie de découvrir son modèle. Les puristes crient au scandale, à la trahison et supposent que Ozon se moque de Fassbinder. C'est peu probable voire impossible puisque François Ozon est totalement admiratif voire hanté par l'oeuvre de Fassbinder. Le film fut d'abord une pièce de théâtre mise en scène par Fassbinder lui-même qu'il a ensuite réalisé. Et moi, j'ai d'abord envie de remercier Ozon de nous donner l'envie de re-découvrir l'oeuvre originale (et toute la filmographie de Fassbinder) parce qu'il s'en inspire de façon libre et néanmoins inspirée et que son film est une adaptation (pas un remake fidèle comme semblent à la fois le déplorer et le reprocher les inconditionnels fassbinderiens). 

Comme Fassbinder et toute proportion gardée, Ozon nous permet de sortir de la routine cinéphile en nous proposant un film audacieux et fascinant. Il choisit la forme théâtrale et jamais on ne sortira de l'appartement magnifique de Peter. A l'inverse du film de Fassbinder, il s'agira ici d'une passion homosexuelle ce qui permet à Ozon de placer Fassbinder lui-même au centre du récit en faisant du personnage principal un réalisateur à succès. Et offrant à Denis Ménochet clone troublant de son modèle, un rôle magnifique, monstrueux et bouleversant.

L'humour du début où Peter traite Karl comme moins qu'une serpillère va peu à peu laisser place à une profonde mélancolie car aux premiers temps frémissants de l'amour partagé entre Peter et Amir succèdent les affres de la trahison et les tourments de la jalousie. Et brusquement le film se met à puer le sexe triste, l'alcool et le tabac froid. Les apparitions survoltées de Sidonie interprétée par Isabelle Adjani, géniale et en pleine autodérision en star cocaïnée ne parviendront pas à calmer le désespoir de Peter de plus en plus délaissé puis rejeté par Amir. "Je te dégoûte ? Tu me trouves trop gros ?" lance-t-il à son magnifique amant, d'une beauté à se damner. Et là, les larmes amères de Peter Von Kant, le cataclysme émotionnel qu'il éprouve incarné par l'interprétation monumentale de Denis Ménochet atteignent le spectateur en plein coeur.

La performance physique impressionnante de Denis Ménochet vampirise le film. Ne reculant devant aucun excès, aucune humiliation, ne craignant ni le ridicule, ni la cruauté de son personnage, il sublime littéralement ce Peter, s'offre à nu dans tous les sens du terme, capable des larmes les plus déchirantes et des propos les plus aigris voire désobligeants et injustes notamment vis-à-vis de sa mère (lumineuse Hannah Schygulla), de son amie ou de sa fille.

Autour de lui, notons la présence du très beau Khalil Gharbia mais surtout la révélation ébouriffante de Stefan Crepon (le clandé Pacemaker du Bureau des légendes) dans le rôle de la victime plus que consentante, le discret, malmené, muet et omniprésent Karl.

Ajoutons que le décor, la lumière, la musique sont magnifiques.

Faire l'impasse sur ce film serait une erreur.

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Commentaires

  • Un des films de Ozon qui m'a le plus déçu... Il ne transcende jamais l'histoire, c'est un peu mollasson tandis que les personnages sont trop antipathiques pour qu'on s'y attache un temps soit peu. Tu parles d'humour, j'en ai pas vu une once mais effectivement l'alcool triste et le tabac froid est bien présent. Et bon point pour l'esthétique générale.

  • La façon dont Peter traite Karl, j'ai trouvé que c'était fait avec humour. Et j'ai trouvé leurs deux personnages TRES attachants.
    L'appart et les cadrages sont très beaux.

  • J'y suis allé pour Mon Isabelle, toute en dérision il est vrai. Khalil Gharbia étincelle et je trouve Denis Menochet très bon a partir du moment où il est quitté.... Avais vu pas mal de film de Fassinber il y à quelques années. Mais je ne sais plus si celuia en fesait parti. Ravi de revoir Hanna S très souvent présente dans des films français ces derniers temps ( la prière.. Le mystère Harry Pick. Tout s'est bien passé....)

  • J'ai trouvé Denis Ménochet extra du début à la fin. Isabelle formidable comme Hannah.
    Mais Stefan m'a bien plus impressionnée que Khalil.

  • Je comptais faire l'impasse sur cet Ozon, mais tu m'invites puissamment à réviser mon choix. Je connais mal Fassbinder et je n'ai pas vu "les larmes amères..." J'ai peut-être une chance de me laisser avoir.

  • Ah oui mais non, c'est interdit de le rater.
    Heureuse de te donner envie.

    Par contre je ne te remercie pas.
    Je termine à l'instant La chair et le sang.
    Quelle purge ! J'ai tenu jusqu'au bout parce que Rutger me fascine. Il est d'une beauté insensée et il joue merveilleusement bien. Il est le seul d'ailleurs dans ce film.
    Jenifer a l'air d'avoir 12 ans, ce qui est très gênant compte tenu du nombre de viols qu'elle subit. Son personnage opaque (choisir le fadasse ou le badass !) a fini par me fatiguer.
    En outre j'ai trouvé le film visuellement très laid.
    Et cette fin débile... au scouououours !
    La veille j'avais apprécié les presque 3 heures de Les plus belles années de notre vie (6 ou 7 Oscar en 1947 dont MON Fredric) ça n'a rien à voir mais ça a quand même une autre gueule.

    Je te recommande aussi plus que vivement le Ennio.

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