Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

LES COULEURS DE L'INCENDIE

de Clovis Cornillac ***

1154054.jpg-r_1920_1080-f_jpg-q_x-xxyxx.jpg2072707.jpg-r_1920_1080-f_jpg-q_x-xxyxx.jpg

Avec Léa Drucker, Benoît Poelvoorde, Alice Isaaz, Olivier Gourmet, Clovis Cornillac, Jérémy Lopez, Alban Lenoir, Fanny Ardant, Nils Othenin-Girard, Olivier Rabourdin, Octave Bossuet, Jana Bittnerova

Février 1927. Après le décès de Marcel Péricourt, sa fille, Madeleine, prend la tête de l'empire financier dont elle est l'héritière.

La fortune nouvelle de Madeleine et la lecture du testament font des envieux et des mécontents. En particulier Charles Péricourt, frère du défunt qui s'attendait à mieux que 300 000 Francs et Gustave Joubert banquier, conseiller et ami de la famille qui se voit éconduit par Madeleine. Ce dernier ne tarde pas à ruminer l'affront. Aidé par le veule Charles, ils organisent et réussissent la ruine de Madeleine. La "crise de 29" est proche et on ne sait plus très bien où placer son argent. Madeleine, complètement inexpérimentée en matière de finances a fait confiance aux deux hommes et s'est faite plumer en deux temps trois mouvements. Ruinée, elle se retrouve à la rue ou presque avec son fils handicapé, quitte son hôtel particulier et demande, perdue, à son chauffeur : "comment s'y prend-on dans la vraie vie ?" Nous n'en sommes qu'au premier quart d'heure du film qui dure 2 h 15, que l'on ne voit pas passer.

Les amoureux de la superbe plume de Pierre Lemaître (j'ai depuis lu Au revoir là-haut mais pas encore Les couleurs de l'incendie, je suis toujours en retard d'une trahison) et des histoires qu'il nous raconte, ne pourront crier à l'hérésie puisque le romancier est lui-même à l'origine du scenario et à l'écriture des dialogues. Par contre, il est difficile de ne pas faire le parallèle avec le merveilleux Au revoir là-haut qu'Albert Dupontel avait réalisé il y a cinq ans, puisque ce film en est la suite.

A ma grande surprise, et à ma grande joie, Clovis Cornillac s'en sort avec les honneurs avec son film plus que correctement réalisé et mené grâce à une immersion totale dans le Paris (puis le Berlin) des années 20. Je l'ai dit, pas une seconde d'ennui au cours de la projection. Là où l'acteur réalisateur échoue par contre, c'est à hisser ses personnages au niveau de ceux que Dupontel avait dépeints avec tellement d'affection. Clovis Cornillac ne leur a pas accordé la puissance émotionnelle, l'humour et la tendresse que Dupontel avait développée. Seules les deux filles de Charles qu'ils cherchent absolument à caser, arrachent quelques sourires, mais c'est davantage pour se moquer d'elles. Il n'y a donc aucun personnage réellement sympathique et émouvant dans cette affaire.

Nous sommes ici au coeur d'une vengeance féminine au pays des médiocres et des envieux. Et parce que Madeleine est une femme trahie, aux prises avec des hommes sans scrupules, malveillants, rapaces dans une période difficile où commencent à poindre les couleurs de l'incendie (montée du fascisme, du nazisme et autres ismeries), j'ai entendu parler de féminisme. Mouais, faut pas pousser. Mais il est vrai que les femmes ici représentées, Madeleine donc, Léonce sa "suivante" et Solange la cantatrice doivent se débattre et tenter de s'en sortir dans un monde d'hommes. Clovis Cornillac s'octroie le rôle du seul personnage masculin aimable du film, en la personne de Lucien Dupré, le chauffeur. Il a le droit et il s'en sort d'ailleurs très bien.

Entre grande dépression et montée des menaces à travers le monde (ô punaise, j'ai l'impression de parler d'aujourd'hui !!!) le réalisateur réussit une superbe reconstitution d'époque. La première scène, les obsèques de Marcel Péricourt, rassemble le tout Paris dans une cérémonie fastueuse filmée de façon fluide et mobile. La scène est spectaculaire. La caméra se faufile à travers la foule et parcourt les couloirs et étages de l'hôtel particulier. Tout le monde est à la recherche de Paul, 11 ans, le fils de Madeleine. Que l'on finit par voir s'envoler de la fenêtre et s'écraser sur le cercueil de son grand-père. La scène est une réussite et on ne peut s'empêcher de repenser à l'envol d'Edouard (frère de Madeleine) dans Au revoir là-haut. Y-aurait-il une inclination particulière des très jeunes hommes de cette famille à se suicider par défenestration ? Contrairement à Edouard, Paul ne meurt pas mais reste paralysé. Nous apprendrons beaucoup plus tard les raisons qui l'ont conduit à cet acte.

Je vous laisse découvrir le reste. Une histoire de vengeance donc, menée de façon implacable par une femme calme et déterminée. Les nombreux personnages secondaires sont tous savoureux, Fanny Ardant impériale lorsqu'elle interprète le Choeur des esclaves juifs devant un parterre de nazis et Hitler en personne, Olivier Rabourdin en commissaire futé, Alice Isaaz plus belle et énigmatique de film en film, mais aussi l'étonnante Jana Bittnerova qui ne prononce pas un mot de français mais se fait comprendre grâce à son enviable énergie. Les têtes d'affiche sont parfaites, en premier lieu Léa Drucker qui porte une grande partie du film, perdue parmi les hommes comme sur l'affiche et ses scènes délicieuses avec Clovis Cornillac, Olivier Gourmet plus vil que jamais, Benoît Poelvoorde d'une autorité impressionnante. L'interprétation est absolument convaincante. Les rebondissements nombreux et délectables.

La seule chose qui manque à ce spectacle appréciable et recommandable, l'émotion.

Commentaires

  • Bonsoir Pascale, j'ai vu ce film en avant-première dimanche dernier avec mon ami. On a passé un très bon moment. Poelvoorde, Gourmet et Jérémy Lopez en méchant de service sont bien. L'émotion, on la sent un peu avec le personnage de Fanny Ardant avec Paul. Bonne soirée.

  • Bonsoir dasola.
    Je trouve que la relation entre Paul et Solange est mal exploitée alors qu'elle doit être plus forye dans le livre j'imagine.
    Voilà plusieurs jours que je ne peux accéder à ton blog.

  • @Pascale
    Pour aller sur le blog de dasola, et/ou pour y laisser un commentaire, il faut être tenace et patient: la plateforme canalblog est d plus en plus horrible "en général" (problèmes de serveurs ou de bande passante?)...
    (s) ta d loi du cin, "squatter" chez dasola

  • En tant qu'administrateur/modérateur/statisticien du blog de dasola, tu pourrais peut-être l'inciter à se diriger vers une autre plateforme.

  • Bonsoir Pascale,
    je suis retournée au cinéma après une longue pause... J'ai lu Couleurs de l'incendie alors je me suis laissée tentée par le film.
    Alors, j'ai trouvé vraiment lisse et oui comme tu le dis l'émotion n'y était pas ... Et pourtant les personnages de Lemaître le sont tant remplis d'émotions.
    La mise en scène je l'ai trouvée trop "propre". Bref, j'ai pas passé un mauvais moment mais je me suis un peu ennuyée, j'ai même failli m'endormir...
    Je deviens trop sévère je crois mais Dupontel avait bien mieux fait même s'il avait un peu changé la fin ... (oui il y a souvent des défenestrations ....)
    Dommage car M Dupré, oups, Clovis Cornillac est un acteur que j'aime beaucoup...
    J'ai du coup préféré de beaucoup le livre cette fois encore ...
    Il y a longtemps que je n'ai pas été emballée par un film... soupir

  • Bonjour Didi,
    Ton commentaire me donne encore plus envie de lire le livre pour y trouver l'émotion qui manque totalement ici.
    Pour te réconcilier avec le cinéma, tu peux peut-être tenter Armageddon time.

  • Coucou,
    Merci pour ton conseil ;-)
    Quant au livre "Couleurs de l'incendie" oui, oui, oui, au niveau des émotions c'est excellent. D'ailleurs il me reste Miroirs de nos peine" dans cette trilogie.
    Bisous et bonne soirée

  • L'émotion c'est quand même un peu la base :-)

  • Je n'ai pas lu la trilogie de Lemaitre et je n'ai pas été tentée par "Au revoir là haut" de Dupontel. Celui-ci peut-être ... ne serait-ce que pour la brochette d'acteurs.

  • Alors là si je peux me permettre, tu passes à côté de bons moments :-) je crois que tu adorerais les livres de Pierre Lemaître. Et le film de Dupontel avait rendu les personnages bouleversants. Et il y avait de l'humour aussi. L'émotion et l'humour sont totalement absents ici. Et le film d'Albert avait une belle brochette d'acteurs aussi dont Niels Arestrup, assez génial.

  • Pas aussi dithyrambique, notamment parce qu'il souffre de la comparaison avec Dupontel, et aussi parce que le "féminisme" du film est plutôt bancal je trouve. Mais cela reste un tèrs joli film, plutôt bien fait, la présence de l'auteur impose heureusement une cohérence légitime.

  • Je ne me trouve vraiment pas dithyrambique sur ce coup là et je dis assez précisément que le film souffre un peu de la comparaison et que le féminisme ben... non, y'en a pas.

  • Manque d'émotion dans une telle histoire ? C'est un peu dommageable non ?
    Ma femme l'a vu ce week end (de mon côté, je suis resté avec ma douleur, mais j'arrête de me plaindre) et m'en a chanté les louanges. Je pense que le film aurait pu me plaire quand je te lis. Et puis j'aime bien la tête que s'est fait Cornillac : sans doute passait-il un casting pour un biopic sur Vladimir Ilitch Oulianov. ;-)

  • Able je sais pas mais dommage oui.
    Nonobstant, le spectacle est plaisant et la vengeance rondement menée. Le casting se régale. Surtout Gourmet et Poelvoorde : grands numéros.
    Tu trouves que Clovis a une tête de Vlad ?
    Au début j'ai cru qu'il avait un rôle secondaire, insignifiant... et puis non. Il se dirige bien :-)

    Mais tu souffres encore ?
    C'est un peu long. Change de toubib.

  • https://medias.unifrance.org/medias/133/232/256133/format_page/couleurs-de-l-incendie.jpg
    Et
    https://mf.b37mrtl.ru/rbthmedia/images/2017.12/original/5a28853115e9f90e227aa021.jpg
    On sent le bolchevisme qui affleure non ?

  • Ah mais oui ça fouette le kolkhoze.

  • Même si je trouve que cela n'est pas très flamboyant, film agréable a regarder avec de belles reconstitutions et des personnages dont on suit les aventures avec plaisir.

  • Voilà, un film agréable :-)

  • J'ai bien aimé. Il ne restera pas pour moi comme le film de l'année, mais j'ai bien aimé. Cornillac monte dans mon estime depuis quelque temps. C'est un acteur décent et, visiblement, il aime son métier. Son travail de réalisation est plus que correct - et en tout cas, à mes yeux, sans fausse note.

    L'intérêt de cette suite de "Au revoir là-haut" est qu'on peut la voir indépendamment. Et je crois que c'est même préférable de ne pas la considérer comme une suite. Je n'ai pas lu le livre, mais je suis d'accord avec toi pour dire qu'il manque ici une émotion, une flamme, que "Au revoir là-haut" avait su porter à une haute intensité. Reste de très bonnes choses et le plaisir de voir un rôle féminin central confié à Léa Drucker, qui s'en sort très bien sans faire d'esbroufe.

  • Ben non, LE film de l'année c'est As Bestas.
    Moi aussi j'apprends à aimer Clovis. Il est sincère ce garçon.
    On peut la considérer comme pas la suite mais c'est quand même la suite. J'aurais d'ailleurs bien aimé retrouver Émilie Dequenne. Mais Léa est très bien.

  • Cela se regarde sans déplaisir. Les méchants sont réussis. Clovis Cornillac se taille un rôle sur mesure (un peu trop à mon goût). Étant donné que, comme "Au revoir là-haut", c'est adapté d'un roman de Pierre Lemaitre et qu'il a lui-même participé à l'adaptation, on ne peut que constater l'écart qui sépare ce film-ci de celui d'Albert Dupontel, au niveau de la mise en scène.

  • L'écart est de taille et tient en grande partie à l'émotion absente.
    Mais ça joue bien et on ne s'ennuie pas ce qui est énorme vu comment je me suis ennuyée au menu et à Saint Omer.

Écrire un commentaire

Optionnel