Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

SAINT OMER

d'Alice Diop *

SAINT OMER d'Alice Diop, cinéma, Kayije Kagame, Guslagie Malanda, Valérie Dréville, Aurélia Petit

Avec Kayije Kagame, Guslagie Malanda, Valérie Dréville, Aurélia Petit, Xavier Maly

Laurence Coly, une jeune femme noire est jugée aux assises de Saint Omer pour avoir abandonné son bébé de 15 mois sur la plage pendant la marée montante. La petite fille meurt noyée et étouffée.

Le film s'inspire de l'histoire de Fabienne Kabou qui a tué son bébé en 2013 et a été condamnée.

Rama, une jeune prof de lettres et romancière parisienne, noire également assiste au procès. A nous de faire le lien entre les deux histoires et comprendre que le procès provoque des turbulences dans l'esprit de Rama qui a tendance à tout ramener à sa petite personne. A tout confondre, tout mélanger et à se faire du mal.

Oui vous l'avez compris, je n'ai pas aimé ce film. Alice Diop revendique l'aspect profondément politique de son film et de tout ce qu'elle fait en règle générale. Elle revendique de démontrer aux yeux du monde la place de la femme noire dans la société. Et effectivement il y a plusieurs femmes noires dans le film : Rama, Laurence, leurs mères respectives, les soeurs de Rama. So what ? J'ai du mal à comprendre que mettre au centre du propos une femme infanticide, le pire meurtre au monde, soit particulièrement judicieux. Dès lors doit-on comprendre qu'on doit expliquer cet acte par le fait que Laurence n'a pas eu une vie facile puisque la réalisatrice assure que l'acte et le fait d'être noire ont un lien ? Je n'ai strictement RIEN compris tant le film est confus à de multiples reprises. Et affreusement mal réalisé.

Mais ne tenez absolument aucun compte de mon avis puisqu'il a obtenu le Lion d'Argent du Meilleur Premier Film à Venise et qu'il représentera la France aux prochains Oscar. Les bras m'en tombent !

D'abord, voyons la scène d'ouverture : des étudiants et leur prof (Rama) regardent un documentaire au cours duquel à la fin de la guerre 39/45 des femmes sont tondues en place publique. S'ensuit une tirade pompeuse où la prof explique qu'ils vont étudier Marguerite Duras (j'aurais dû prendre des notes). La scène de la tonte des femmes, totalement gratuite, ne trouve aucune justification dans la suite du film.

L'aspect quasi documentaire du procès n'est pas indigne d'intérêt mais rapidement on comprend que tout sera centré sur d'une part l'indéniable érudition (elle serait doctorante) et l'élocution de l'accusée, et d'autre part son attitude froide, opaque, impénétrable. Elle assure avoir agi sous l'emprise de forces occultes, d'avoir été maraboutée. Elle énonce de façon mécanique sa vie difficile (sans donner de détails), son accouchement solitaire dans l'atelier de son compagnon (atelier de quoi ???) de 30 ans son aîné et marié par ailleurs, pendant l'absence de celui-ci. Et toutes sortes d'éléments troublants comme le fait de ne pas avoir déclaré l'enfant, de ne jamais le sortir et d'attendre de l'instruction de comprendre pourquoi elle a tué son bébé que pourtant elle aimait, allaitait, dorlotait.

Le film aurait pu être intéressant s'il s'était concentré sur le procès et l'étude de la personnalité obscure et mélancolique de l'accusée. Hélas la réalisatrice semble complètement se désintéresser du cas de Laurence pour se préoccuper de celui de Rama. A de nombreuses reprises, on voit ce personnage se déplacer, traverser une rue, se rendre à la gare, en temps réel. C'est loooooooong. Cela n'a strictement aucun intérêt, tout comme ces plans sur son visage (particulièrement inexpressif) ou ces périodes de sieste dans l'hôtel lorsqu'elle attend que les audiences reprennent. Rama aurait eu une vilaine maman qui lui criait dessus. On a droit à plusieurs scènes muettes où la mère et la fille sont ensemble, ne se parlent pas. Il ne se passe rien. On saura juste que si Rama... quand Rama deviendra mère : elle ne veut pas lui ressembler. S'agit-il de ne pas ressembler à sa propre vilaine mère ou à une vilaine mère infanticide comme Laurence (qui a l'audace de lui adresser un sourire pendant une audience) ? On ne sait pas. Gros suspense. On s'en fout parce qu'on nous prend pour des cons. Et l'actrice compose une épouvantable interprétation entre moue boudeuse et regard fixe.

Le procès ne fait qu'énumérer les faits sans le moindre recul ni analyse et seul un témoin, le père de l'enfant, aura les honneurs de la barre avec l'impression dérangeante qu'à un moment c'est lui qu'on juge. Bien sûr, le garçon n'est sans doute pas à la hauteur mais les mensonges et cachotteries de l'accusée avaient plutôt tendance à le désarçonner.

Je ne m'éternise pas. Ce qui motive mon unique étoile est la présence de la merveilleuse et rare Aurélia Petit dans le rôle de l'avocate. Sa plaidoirie troublante et vibrante est le seul moment fort du film. Elle interroge la place de la maternité dans la vie des femmes qui enfantent d'autres femmes qui a leur tour seront composées des mêmes cellules, comme une chimère ("Une personne avec deux ADN dans un seul corps. Un être qui, génétiquement, à la fois lui-même et quelqu'un d'autre". J'ai vécu deux ans avec une chimère, car c'est le principe d'une greffe). Mais là encore la réalisatrice se plante lamentablement en imposant des plans fixes insistants sur les visages en larmes de quelques personnes de l'assistance. Nous avons alors l'injonction de pleurer avec violons en fond sonore.

Elle conclut son ratage intégral en nous privant de la plaidoirie de l'avocat général et de ses réquisitions et du verdict (smiley avec les yeux en l'air).

Commentaires

  • Bonjour Pascale, je suis entièrement d'accord avec ce que tu écris. J'ai vu le film en avant-première dimanche dernier et je n'ai pas encore écrit de billet... J'aurais tellement aimé aimer ce film mais dès que l'on sort du procès proprement dit, on s'ennuie ferme. C'est vrai que le début avec les femmes tondues et Marguerite Duras est hors sujet et les scènes avec Rama sont absolument sans intérêt et je n'ai pas compris à quoi servait ce personnage. L'actrice qui interprète Laurence m'a émue, l'avocate aussi. Valérie Dréville : boarf. Et j'aurais aimé connaître le verdict et entendre d'autres plaidoiries. Le film aurait dû durer 1h20 au lieu de 2h. Dans la salle où j'étais, j'ai entendu des soupirs d'ennui et une dame a dit à une autre qu'elle a failli partir avant la fin. Bon dimanche.

  • Bonsoir dasola, Je comprends que tu aies du mal à écrire sur ce film complètement raté. Le personnage inutile de Rama, les femmes tondues... où voulait-elle en venir ?
    Bonne soirée.

  • C'est bien ce que je craignais au vu des extraits. C'est déjà un sujet casse-gueule, alors s'il est raté en plus, ça ne peut pas passer. Qui sélectionne pour les Oscars ??

  • Ce doit être l'Académie qui se réunit pour sélectionner les films ! Incompréhensible. La France ne risque pas de l'avoir cette année encore.

  • En apprenant qu'un film allait être fait sur ce triste événement je me suis dit que ce film m'intéresserait sûrement.
    Venise a décuplé mon envie de le voir.
    La bande annonce a réduit tout a néant !

  • Je n'ai pas vu la BA. Je vais la regarder tiens.
    Indépendamment du sujet, c'est raté. Je me demande encore quel est l'intérêt de ce personnage nombriliste (l'écrivaine dépressive) et l'actrice joue tellement mal !

  • Prix Louis-Delluc ex æquo pour Pacification et Saint-Omer. En attendant les oscars...

  • Oui, un ami m'a dit que ce double prix était pour moi :-)
    Je suis sans voix !
    Et j'ai lu l'article à propos d'Alice Diop dans Télérama. Quelle prétention et cette façon de se sentir concernée voire de s'identifier... et puis plus du tout, je n'ai rien compris à son propos.

  • Quand j'ai vu la BA je me suis "oh là j'irai pas voir ça, c'est quoi ce ton théâtral là ?". Puis j'ai vu les récompenses, les critiques presse, forcément je me suis dis que la BA devait pas représenter le film. Mais j'hésite encore et ta critique me donne plutôt envie de passer mon tour.

  • Ah c'est sûr que pour se faire un avis, il faut le voir. :-)
    Mais Prix Louis Delluc, je suis estomaquée. Et c'est tellement mal joué. En plus du reste. Une intello qui se regarde le nombril !

Écrire un commentaire

Optionnel