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EMPIRE OF LIGHT

de Sam Mendes ***(*)

Empire Of Light

Hilary est la gérante d'un cinéma immense qui avait quatre salles, n'en a plus que deux en activité et reçoit peu de spectateurs sauf lors d'une avant-première prestigieuse...

Face à l'établissement aux belles briques rouges, la mer et les planches de la promenade d'une petite ville balnéaire anglaise, Margate dans le Kent. C'est là que J.M.W. Turner a peint ses toiles les plus célèbres, parce que, disait-il, le ciel y était le plus beau d'Europe. 

Dans ce cinéma, on trouve également le directeur (Colin Firth, c'est plus ce que c'était) qui convoque régulièrement Hilary dans son bureau et lui impose quelques services sexuels. Hilary refuse mollement puis se laisse faire. C'est triste et moche cette relation. L'ambiance avec les autres employés est plutôt plaisante et festive quand le chef n'est pas là. L'arrivée de Stephen un jeune homme noir vient mettre un peu d'originalité dans la routine. (On peut quand même se demander l'utilité d'engager une personne supplémentaire alors qu'il n'y a que quelques spectateurs par séance... mais sans Stephen le film n'aurait pas la même saveur).

Cela se passe au début des années 80 au cours desquelles sévissaient Madame Thatcher, le racisme et les skinheads. Ce ne sont pas les conditions idéales pour un jeune homme noir. Hilary (environ 50 ans) et Stephen (20 ans) se rapprochent et entament une relation sentimentale mais Hilary souffre de troubles psychiques, suit un traitement qu'elle oublie souvent de prendre et est régulièrement internée en hôpital psychiatrique.

Mon introduction vous met peut-être sur la voie, vous me trouvez sans doute hésitante et perplexe. Bingo ! j'ai trouvé ce film TRES déroutant. Après Damien Chazelle et son Babylon, Steven Spielberg et ses Fabelmans et compte tenu de la bande-annonce de cet Empire of ligth, je pensais que c'était au tour de Sam Mendes, réalisateur d'excellents films tels que American beauty, Les sentiers de la perdition, Les noces rebelles ou 1917, voire Skyfall, de nous conter ce qui l'avait amené au cinéma. C'est un peu vrai, mais pas vraiment. Il convoque tous ses souvenirs d'époque qui englobent beaucoup d'événements et provoquent de nombreux soubresauts scénaristiques. On ne sait pas vraiment où le film veut nous emmener, ce qu'il veut réellement nous dire.

L'action se déroule en grande partie à l'intérieur du cinéma et il semblerait que le comportement de la Hilary du film ait beaucoup à voir avec la maladie mentale de plusieurs membres de la Mendes's family, dont sa mère. Il est aussi question de la magie que peut procurer le fait d'entrer, de s'installer pour plusieurs heures dans une salle de cinéma au milieu de gens que l'on ne connaît pas et de savourer ou détester ensemble le même spectacle. Et il y a, c'est évident, quelques moments où le coeur cinéphile fait quelques bonds de plaisir. Il faut dire qu'elle est sublime cette salle de l'Empire, comme un théâtre. Que c'était beau ces rideaux rouges qui s'ouvraient sur l'écran ! Que c'était impressionnant ce projecteur qu'on ne voyait pas car le spectateur ne peut voir que le faisceau lumineux qu'il crée ! Bref, que c'est beau une salle de cinéma !

Mais si le réalisateur veut nous parler et nous montrer cette magie et malgré la beauté indéniable de son film (bravo au chef op', ces couleurs, ces lumières, good job, c'est l'un des meilleurs et plus grand atout du film), il s'égare, parce que dans cette salle et ce hall de ciné s'y jouent aussi la maladie mentale, l'amour de la salle de ciné complètement sublimée, la musique, le racisme, les émeutes et finalement rien ne semble complètement abouti. Et certaines scènes tombent d'on ne sait où, on ne sait pourquoi. Les confidences du projectionniste à propos de son fils par exemple !!! Et pourtant on aurait aimé passer un peu plus de temps en compagnie de ce projectionniste (Toby Jones), il parle si bien de la lumière, de la vitesse des images, de l'enchaînement des bobines...

J'ai eu beaucoup de mal à croire à l'idylle complètement factice entre Hilary, femme tourmentée, bi-polaire, joyeuse et soudain colérique voire violente et ce jeune homme calme et doux jamais vraiment en sécurité par ces temps racistes. Une amitié profonde et solide aurait sans doute été plus réaliste et crédible. Mais je ne suis pas scénariste. 

Et je vais peut-être surprendre et me faire des ami(e)s, mais Olivia Colman ne m'a toujours pas impressionnée. Je vois une tragédienne constamment seule et en représentation, qui a envie de se faire entendre au fond de la salle, ses partenaires sont transparents à ses yeux. Trop de grimaces, trop de sourires forcés et dans sa grande scène du II, trop de hurlements. L'impression aussi de l'entendre crier "Oscaaaaar" à chaque apparition. Pourquoi Sam Mendes n'a-t-il pas choisi son ex, Kate Winslet, elle m'aurait sans doute fendu le coeur ? Olivia Colman ne m'émeut pas. Mais je ne suis pas directrice de casting.

La musique tient une place importante dans le film. Stephen écoute The Specials, The Beat, The Selecter des groupes composés de musiciens noirs et blancs et essaie d'exprimer que "mélanger" des noirs et des blancs est possible. Manifestement ce métissage n'existe plus. 

Malgré la grande élégance du film, le fait indiscutable qu'on ne s'ennuie pas un instant, le scenario s'éparpille et trop de thèmes sont abordés et survolés. La romance m'a paru complètement artificielle mais, la dernière demi-heure m'a époustouflée. Lors d'une manifestation, les grévistes défilent devant le cinéma jusqu'à ce qu'arrivent les skinheads... Il me semble avoir vécu ce moment de grande tension en apnée, la main devant la bouche. L'agression de Stephen est d'un grand réalisme et fait sans doute allusion aux agressions récentes subies par des noirs américains aux Etats-Unis. J'ai trouvé la dernière demi-heure palpitante et me suis dit qu'en fait l'histoire la plus intéressante ici, était celle de Stephen (incroyable Micheal Ward, la révélation du film). Et puis, surgissent des photos et enfin un film sur l'écran et on se dit qu'une salle de cinéma a un merveilleux pouvoir consolatoire, elle est le lieu d'émotions puissantes, profondes et nécessaires. Et "la vie est un état d'esprit"...

Au chapitre de la compétition de la meilleure évocation de souvenirs cinéphiles le champion (par KO) est donc et sans conteste... Steven Spielberg.

La musique originale de Trent Reznor envoûtante, hypnotique m'a tenue en extase jusqu'à la fin du générique. https://youtu.be/1OAcKIoADpc

DREAMLAND devenu EMPIRE pour les besoins du film :

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Commentaires

  • Oui c'est déroutant et mauvais timing de sortir une semaine après The Fabelmans.

  • Tu n'es pas scénariste, tu n'es pas directrice de casting, j'ai l'impression que tu n'es pas réalisatrice non plus, mais qui es-tu ??

    Sinon, la bande annonce m'a plutôt plus. J'ai rien contre Olivia Coleman (même si je viens de me rendre compte que je ne l'ai vu dans aucun de ses films à part le très loin Tyrannosaur, presque uniquement des séries de Broadchurch au Night Manager. Je n'ai rien contre Sam Mendes même s'il ne peut plus se remettre au niveau de American Beauty (et oh oui, Kate Winslet, c'est autre chose, mais pourquoi tu n'es pas directrice de casting ?). Oui, je crois que ce film me plairait et peut-être que j'irai le voir...

  • Je ne suis rien, c'est affreux.
    Malgré mes réserves, ce film est à voir.
    Quant à Olivia Colman, je ne demandais pas mieux que de changer d'avis à son sujet mais elle en fait vraiment trop. J'y crois pas à ses malheurs. Je l'ai aussi vue dans La favorite (film éprouvant), dans The Crown que j'ai abandonnée (elle devient pénible (la série)), et elle m'avait déjà un peu gâché le plaisir de The father... je la trouve vraiment surestimée cette actrice et pas très bonne.

    Et si tu veux pleurer toutes les larmes qu'il te reste, direction The son (sans Olivia Colman, ouf !).

  • Un petit peu déçu, ça manque de rythme, surtout de souffle dans un récit trop monotone. Néanmoins, la photographie reste magnifique, et en prime une belle révélation pour donner la réplique à la merveilleuse Olivia Colman

  • Heureusement que je n'ai pas lu avant sinon je pense que je serais allé voir autre chose.
    Je sens que mon article va encore faire des ricochets.
    Je réclame un Oscar pour Roger Deakins. Et pourquoi pas pour Olivia.
    Vive les salles de cinéma.

    ps : "On peut quand même se demander l'utilité d'engager une personne supplémentaire alors qu'il n'y a que quelques spectateurs par séance... ", cette remarque m'a bien fait sourire.

  • Mais je suis mitigée aussi non ?
    Olivia non, pitié !!! mais qu'est ce que vous lui trouvez ?
    Roger le mérite.

  • Mitigée, c'est le mot. Comme une contradiction entre le contenu de l'article et les étoiles au fronton.

    Je le suis moins que toi. Cette histoire m'a touché. Je m'attendais à quelque chose de redondant après James Gray et Steven Spielberg, mais finalement Mendes entre par une autre porte dans la salle de ciné. Et c'est très beau aussi.

    Je suis certainement trop bon public.
    Quoique, dans le même registre, Chazelle reste pour moi le mauvais élève.

  • Je pense que c'est Olivia et son absence d'humilité et cette histoire d'amour qui ne m'a pas du tout convaincue qui provoquent ces réticences.
    Les larmes et les hurlements de cette actrice ne m'ont toujours pas touchée.
    Pour le reste, c'est superbement réalisé et la salle de cinéma qui console de la vie, franchement, j'adhère à 100 %. Je pense avoir été claire sur ce point.
    Et quand tu m'as demandé de t'orienter pour un film, je t'ai bien conseillé celui-ci. Je suis blanche comme neige.

  • J'avais envie d'aller le voir, mais avec ton billet je me dis bof .. bof .. en plus, tu dis que Colin Firth c'est plus ce que c'était. Je ne veux pas voir ça !!

  • Colin n'a qu'un petit rôle. Et oui, il ne vieillit pas de façon optimale.
    Et si tu n'as rien contre Olivia Colman, c'est un beau film à voir. La réalisation et le jeune Micheal Ward valent le déplacement.

  • Beaucoup aimé. Micheal Ward ? Quelle interprétation ! Quelle classe !
    Je te trouve bien sévère avec Olivia et Colin, en revanche.

    La réalisation est à tomber par terre et, à mes yeux, le film nous parle de bien d'autres choses encore que de la seule nostalgie des vieux cinémas (et de leur pouvoir "consolateur").

  • Complètement d'accord avec Martin. :-)

  • C'est beau cet accord :-)
    Je pense que vous avez lu en diagonale car il me semble que je dis bien que malgré mes réserves j'ai trouvé le film admirablement réalisé, d'une grande beauté et sans une minute d'ennui. C'est déjà beaucoup.
    Je dis aussi que le cinéma est bien plus que consolatoire même si c'est devant un film qu'Hillary laisse enfin s'exprimer une émotion.

    Dure avec Olive ? Sans doute, mais comment vous dire. C'est épidermique. Face à l'Oliviaphilie générale j'ai pourtant dit à un ami qui la trouve royale (ah ah ah) que j'étais prête à changer d'avis et c'est vrai, ça m'est déjà arrivé. Mais ce ne sera pas pour ce film et c'est plus fort que moi, dès que je vois ses dents et ses gencives j'ai envie de fermer les yeux. Et je trouve sa voix très moche. Et puis lors d'une interview radiophonique chez elle, elle a crié "ta gueule" à un de ses enfants (elle a le droit), ça l'a bien fait rire. Et encore une qui pense avoir inventé le jeu d'acteurs... Bref, elle a du taf pour m'atteindre.

    Pour en revenir au film, le merveilleux Micheal Ward essaie de nous faire croire à une improbable histoire d'amour mais il est bien seul face à une actrice qui joue seule... J'ai trouvé son histoire bien plus intéressante et touchante.
    Le film est déroutant mais la réalisation est magnifique et j'ai aimé evidemment qu'il se passe en majeure partie dans un merveilleux cinéma.

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