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GOUTTE D'OR

de Clement Cogitore ***(*)

Goutte d'or

avec : Karim Leklou, Malik Zidi, Yilin Yang

Synopsis : Ramsès, trente-cinq ans, tient un cabinet de voyance à la Goutte d’or à Paris. Habile manipulateur et un peu poète sur les bords, il a mis sur pied un solide commerce de la consolation.

L’arrivée d’enfants venus des rues de Tanger, aussi dangereux qu’insaisissables, vient perturber l’équilibre de son commerce et de tout le quartier. Jusqu’au jour où Ramsès va avoir une réelle vision.

Le film est tout à la fois le portrait d'un quartier de Paris comme on le voit rarement, entre misère urbaine, chantiers et travaux qui semblent ne jamais finir et celui d'un homme à la fois arnaqueur certes mais aussi sensible à la détresse des gens en deuil. La façon dont il mène son commerce et comment il perce les secrets les plus intimes de ses "clients" est assez drôle en fait. Nos i-phones et smartphones sont des mines de renseignements précieux.

Même s'il est clairement menacé par les autres gourous du quartier parce qu'il empiète sur leur territoire, Ramsès n'a peur de rien ni de personne. Jusqu'à ce que débarque une bande de petits marlous venus du Maroc qui ne parlent pas un mot de français et ont fait de la violence leur quotidien.

Ce moment de bascule du film est un peu confus. Les gamins semblent vraiment tomber de nulle part et on comprend mal leurs intentions. Et ces moments d'une énergie folle laissent peu à peu place à une véritable émotion. Ces jeunes sont des mineurs non accompagnés, des chiens fous perdus et sans collier, qui survivent de larcins, dorment dehors, sont à la fois harceleurs et victimes. De têtes à claques ils deviennent bouleversants, ce sont des enfants et rien ni personne ne les protège. Les petits acteurs sont des "premiers de la classe" dans la vraie vie paraît-il, ils sont tous étonnants.

Karim Leklou les accompagne. Escroc sympathique, grand frère compatissant, il a avec son propre père des relations fortes qui donnent lieu à deux scènes exceptionnelles entre mysticisme et tendresse.

Après le fantastique et surprenant Ni le ciel ni la terre, après l'éprouvant, hallucinant et magnifique Braguino un film en forme de paradis perdu, Clément Cogitore démontre à nouveau quel réalisateur intense et passionnant il est. Ce qu'a confirmé Karim Leklou présent à Annonay qui parle de son métier et de ce film avec un bonheur et une passion communicatifs. Cet acteur est absolument passionnant à écouter. Je suis ravie d'avoir pu le rencontrer et découvrir ce film coup de poing (selon la formule).

Commentaires

  • Celui-ci je l'aurais bien mis en top liste mais il ne passe pas dans mon ciné (et pourtant il y a du choix). J'ai l'impression que les films de Cogitore se font désirer. J'avais beaucoup aimé son premier (avec déjà un flottement fantastique) et une superbe exposition de photos avec un imaginaire riche au musée d'art moderne de Strasbourg, avant qu'il ne se lance dans le cinéma. Pas encore vu Braguino.

  • Ah dommage !
    Braguino est EXCEPTIONNEL.
    Ce Cogitore est vraiment un personnage très intéressant et Karim en parlait encore avec passion ce matin chez notre Cher Lolo.

  • Le quartier de la goutte d'or est aussi un personnage important du film.. Tourné dans un autre lieu l'atmosphère aurait été sans doute très différente.
    Karim Leklou essaie de protéger un peu ces gamins perdus. Mais y aurait tant a faire....
    Pensée pour l'acteur qui joue le rôle du père. Ahmed Benaissa. Acteur algérien mort lors de la promotion du film pendant le festival de cannes.

  • Oui ce quartier est incroyable. On a du mal à croire que c'est en France, à Paris.
    Ces gamins parfois effrayants font beaucoup de peine.
    Karim Leklou ne cesse de rendre hommage à cet acteur à chacune de ses interventions. Il a 2 très belles scènes dans le film

  • Chouette, il passe chez moi ! je crois n'avoir encore rien vu de ce réalisateur (je sais, j'ai de grosses lacunes).

  • Attention c'est un film TRÈS noir. Pas réjouissant.
    Clément Cogitore est un réalisateur que j'adore, j'ai vu ses 3 films, mais ça rigole pas.

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