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L'AMOUR ET LES FORÊTS

de Valérie Donzelli ***

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Avec Virginie La Divine Efira, Melvil Poupaud, Bertrand Belin,  Dominique Reymond, Marie Rivière, Romane Bohringer, Virginie Ledoyen

Rose est persuadée pouvoir trouver l'homme idéal à sa soeur jumelle Blanche, même si cette dernière n'a pas l'air particulièrement pressée d'entamer une nouvelle relation après une rupture.

Blanche est prof de français et lors d'une soirée à laquelle elle s'est rendue contrainte et forcée par Rose (non mais qui appelle ses jumelles Blanche et Rose ? Des triplés et on avait une Pivoine ou une Pervenche en prime) elle rencontre Grégoire Lamoureux (là encore, zéro pointé pour le choix du patronyme, mais ce doit être l'humour donzellien). La conversation s'entame et se fait rapidement intime et complice. Les regards ne trompent pas. Blanche troublée hésite un peu comme surprise que cela puisse être si simple mais Grégoire dévore des yeux cette splendeur (c'est Virginie je vous rappelle au cas où vous auriez vécu sur Mars ces derniers temps) et ne doute pas un seul instant être l'homme providentiel que sa soeur cherchait pour elle.

La relation démarre sur les chapeaux de roue (OMG l'expression !) s'emballe, mais elle n'est que douceur, partage, connivence et passion. Et si l'on ne s'attarde pas trop sur les attitudes et regards de Grégoire qui sont comme des prémices avertisseurs du monstre qu'il va devenir, on ne peut que succomber comme Blanche à son charme et à sa douceur. Mais le spectateur a un temps d'avance sur Blanche et le prologue du film ne nous laisse aucun doute : l'histoire va mal finir et on aura souvent l'envie de hurler à Blanche de se méfier, de ne pas croire, ne pas pardonner, réagir.

Pour l'instant, le couple immaculé passe devant Monsieur le Maire. Ils sont si beaux, tellement bien assortis.l'amour et les forets,valérie donzelli,virginie efira,melvil poupaud,bertrand belin,  dominique reymond,marie rivière

Grégoire prétend qu'il est muté. Blanche, amoureuse et émerveillée quitte sa mère et sa soeur chéries, sa Normandie natale pour les joies du plateau Lorrain et la charmante ville de Metz. Autant dire, au bout du monde, loin de TOUT (je sais de quoi je parle) sauf de la place Stanislas et de son petit train qui carbure désormais à l'électricité. Un premier enfant pointe le bout de son petit nez rose, Blanche hésite à le garder, puis un second arrive. Grégoire encaisse difficilement le fait qu'elle veuille reprendre le travail. Mais dès lors qu'elle retravaille, il se fait insistant, omniprésent, cherche à contrôler ses horaires. Peu à peu, Blanche avec nous découvre les manoeuvres, mensonges et manipulations de Grégoire mais comment résister à un homme qui sait si bien vous détourner de vos chagrins, vous rassurer dès que vos yeux s'embrument (très jolie scène chantée très Jacques Demyenne (ou Christophe Honoréenne) dans la voiture) pleure lorsqu'il découvre lors d'une émission à quel point il se comporte mal, demande pardon et affirme "je te veux pour moi tout seul" ? Comment ne pas le rassurer lorsque constamment il se dénigre et se sous-estime ? Comment se douter que derrière ces affirmations d'amour se cache un malade, un homme possessif, tourmenté ?

Je m'arrête là sur la description de la descente aux enfers. Le film est adapté du roman éponyme d'Eric Reinhardt qui a secoué pas mal de femmes (et d'hommes ?) lors de sa sortie. Je ne l'ai pas lu et j'ai dû éteindre ma radio tant l'auteur donnait de précisions lors de la promotion du film jusqu'à révéler l'épilogue. Je retire également tout ce que j'ai dit à propos des réalisateurs qui s'attardent un peu trop sur le physique des actrices. Valérie Donzelli gratifie les spectateurs d'un insistant full frontal de Virginie nue et ne montre quasiment pas un centimètre de peau de Melvil. Donc acte.

Le film est porté par l'incandescence de deux acteurs en apesanteur. Je ne vois pas ce qu'on peut dire de plus sur le jeu de Virginie Efira. Ici on en a d'ailleurs deux pour le prix d'une puisqu'elle interprète les deux jumelles. Qu'elle soit constamment juste, précise, incroyable, convaincante ne devrait plus surprendre. Pourtant elle continue de (me) fasciner. Quant à Melvil Poupaud, on peut dire qu'il interprète également un double personnage tant son évolution du début à la fin du film est spectaculaire. Il semble que ses regards, ses sourires, ses expressions peuvent toutes être interprétés à double sens. Et sa voix parfois presque métallique est glaçante. D'amoureux sincère et transi il se transforme en sombre monstre qui doute, impose, persécute et met une femme progressivement, insidieusement sous son emprise. Il est terrifiant. Bertrand Belin dans un petit rôle de l'homme consolatoire est formidable même s'il m'a fait un peu peur aussi...

Certains couples viennent ensemble aux séances. J'aimerais être une petite souris pour entendre les conversations qui suivent. Beaucoup de femmes viennent seules aussi. J'espère que celles qui reconnaîtront leur calvaire réussiront à l'identifier et pourront (ré)agir car on ne sait que trop ce que peut être l'issue de telles emprises. A ce titre le film est utile.

Commentaires

  • Je ne suis pas fan de Donzelli. Je suppose que ça se ressent. Ses effets de floutage m'ont agacée et dautres choses que j'ai déjà oublié. Sans ses 2 acteurs très convaincants le film serait évidemment différent...

  • Le plateau lorrain, l'autre bout du monde. Metz et Oulan-bator, même combat ! Presque la même steppe...

    Et du coup, j'ai furieusement envie de lire le roman éponyme d'Eric Reinhardt dont j'avais déjà beaucoup entendu parlé avant. (c'est ce qui m'a poussé à aller voir le film) (non ce qui m'a poussé, c'est tout de même Virginie).

    Un beau film, intense, grave, lourd. Deux formidables acteurs, Virginie et Melvin, sublimes... Et bonus, il est inquiétant ce Bertrand, mais c'est ce qui semble faire son charme, j'ai beaucoup apprécié sa micro-présence...

    et pour finir mon long discours en musique,
    https://www.youtube.com/watch?v=cbhYH1-WUrQ

  • Oui, loin de TOUT !
    Pas sûre que je lise le roman, il m'a bien agacé le Eric dans le poste.
    Pour Melvil et Virginie : aucune hésitation. Côté réalisation, c'est scolaire et comme le dit le Prince, aucun suspense.
    Et évidemment, j'aime beaucoup Bertrand, sa sexitude, sa voix, j'en suis sur le cul...

  • Un peu perdu dans l'Hypernuit de ce film tout de même le Bébert, non ?

  • Un très bon film, intelligent et plein d'acuité jusqu'à ce full frontal, puisqu'il permet la première "incursion" perverse et narcissique de l'amant en insistant lors de la montée des escaliers. Logique décalage de nudité puisque c'est lui qui mène... Un film excellent film à mettre en perspective avec le film encore plus puissant "Jusqu'à la Garde" (2018) de Xavier Legrand

  • La perversité de Grégoire est bien autre que sexuelle donc le full frontal est inutile.
    Le film manque de suspense.

  • Moi aussi je me suis questionné sur la nudite de l'un et pas de l'autre. Car au début c'est quand même quelques minutes de partage et d abandon...
    J'ai trouvé qu'il y avait un peu de suspens notamment quand il "enquête"'sur la tromperie et pendant un moment je voyais bien un fin avec arc et cible.
    Dommage pas d'image de Nancy ou de Metz.
    Mais comment il doit être difficile de s'extirper de l'emprise de ces'personnes...

  • L'écart de temps de nudité entre les hommes et les femmes doit être assez considérable au cinéma...

    Oui c'est vrai, l'épisode forêt, arc et flèches m'a beaucoup intriguée, mais ça fait un peu flop.
    Aucun intérêt que ça se passe à Metz ou à Lefrincoucke puisqu'on ne voit jamais la ville. Il aurait été intéressant de montrer la différence entre la mer et la ville continentale mais je suppose qu'elle l'aurait filmée par temps de pluie près des mines fermées...
    Avant de se rendre compte qu'on est sous emprise, le temps est également très long. La façon de ces personnes de demander pardon régulièrement (comme les hommes alcooliques et violents) est tellement irrésistible si tu as un peu de coeur.

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