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LE RAVISSEMENT

d'Iris Kaltenbäch ***

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Avec Hafsia Herzi, Alexis Manenti, Nina Meurisse

Lydia a tout fait pour ignorer que son compagnon s'éloignait d'elle. Le jour où il lui annonce la rupture, elle réagit à peine mais ne va pas bien.

Son métier de sage-femme la passionne et elle n'est que douceur et bienveillance auprès des parturientes. Lorsque sa meilleure amie Salomé est enceinte, elle réagit encore une fois étrangement mais suit cette grossesse avec attention et se charge également de l'accouchement (inquiétant et très réaliste). Parallèlement, elle fait la connaissance de Milos, un machiniste (ne pas dire chauffeur de bus). Elle s'est endormie dans son bus. Au terminus, il l'accompagne jusqu'à une station de taxi pour éviter qu'elle soit seule la nuit dans un quartier peu rassurant. Ils décident d'aller au restaurant et passent la nuit ensemble. Pour Milos, ce n'est qu'une passade. Pas pour Lydia qui rêve d'une nouvelle histoire d'amour.

Son comportement paraît très étrange au spectateur mais pas du tout à son entourage... Et c'est ce qui coince un peu dans ce film qui m'a pourtant tenue en haleine d'un bout à l'autre. La voix off nous avertit d'emblée qu'il y aura un procès et que "l'accusée" sera Lydia. Entre ce qui est annoncé et ce que l'on voit, un long flash-back, pas un énième film de procès, mais l'examen de l'installation progressive chez Lydia d'une accumulation de mensonges de plus en plus ingérables.

En manque d'amour, Lydia découvre à la naissance du bébé de son amie que cette dernière ne développe pas l'instinct maternel qui doit être selon la norme (en plus de l'allaitement obligatoire) l'évidence chez la mère (le père n'entre pas dans l'équation) dès que l'enfant paraît. Pour soulager son amie, elle prend le bébé régulièrement en garde et s'y attache. A la suite d'un malentendu et d'une rencontre fortuite, Milos pense que le bébé appartient à Lydia. Elle ne le dément pas et dès lors multiplie les inexactitudes jusqu'à l'imposture et une forme de basculement coupable.

L'ultra moderne solitude, l'amitié, la maternité, la paternité, la rencontre d'une maïeuticienne et d'un machiniste... la réalisatrice explore ces thèmes avec beaucoup de justesse et d'empathie. L'opacité du personnage de Lydia est interprétée avec beaucoup de conviction par Hafsia Herzi qui réussit pourtant à nous rendre son personnage touchant. On ne parvient jamais réellement à la rejeter même si on la condamne, avec l'envie de lui dire aussi d'arrêter ses conneries. Autour d'elle Alexis Manenti dans un rôle inhabituel, aux belles réactions surprenantes et Nina Meurisse sont absolument formidables.

Même si j'ai parfois eu de la difficulté à croire à l'amitié fusionnelle qu'on nous annonce entre Lydia et Salomé, même si je n'ai pas compris pourquoi Paris, la banlieue et la Côte normande semblent écrasés sous un éternel hiver comme si l'histoire n'était pas suffisamment sombre qu'il faille encore y ajouter des couleurs ternes (excepté le blouson de Lydia) et une ambiance grise, le film m'a tenue en alerte. En plus de l'histoire particulièrement terrible, inspirée d'un fait divers, le visage et le regard d'Hafsia Herzi, tantôt amical, tantôt menaçant, énigmatique, impénétrable sont incontestablement les atouts de ce film perturbant plus que recommandable. Le double sens du titre est parfaitement mis en images.

Et pour finir sur une note qui m'a mise en joie, je me sens dans l'obligation de partager avec vous l'avis des Cahiers du cinéma dont a accouché en toute sobriété Charlotte Garson :

"Plutôt qu’un suspense moral dardennien (on songe à la palinodie du jeune père de L’Enfant, qui vend son bébé), Kaltenbäck a choisi une voie déceptive, mate. Du Ravissement de Lol V. Stein de Duras, à qui elle dit emprunter le substantif de son titre, subsiste surtout une diffraction énonciative, un amorti qui étend la soustraction du rapt à l’ensemble des personnages". 
Je ne sais s'ils carburent à la tisane de fougères ou s'ils ont abusé des fractales aux Cahiers mais ils pourraient nous faire profiter de la substance vous ne trouvez pas, parce que vraiment, l'automne c'est CHIANT ?

Commentaires

  • On peut encore publier un texte pareil aux Cahiers du Cinéma ? Pour te dégoûter d'aller voir un film, c'est garanti ! Elle parle à qui la critique ? Trop de films à voir en ce moment, celui-ci n'est pas en tête de liste.

  • C'est tout à fait ça, un repoussoir cette critique, cet avis, ce machin

  • Moi aussi je me suis interrogé en lisant la critique Des cahiers du cinéma, en 2 phrases elle donne envie de barrer le film de la liste des sorties ciné à faire.
    C'est vrai que l'amitié fusionnelle, à part le fait qu'elle est énoncée, apparaît peu dans le film. Mais le film m'a captivé. Je trouve Hafsia Herzi épatante surtout dans la scène où elle raconte l'accouchement.
    Oui il faut prendre le temps d'aller le voir.

  • Ils sont très forts... il y a longtemps que je (me) dis que Les cahiers , les Inrocks et Libé se donnent beaucoup de mal pour décourager les spectateurs.

    Contente que tu sois d'accord. J'ai parfois eu l'impression que Lydia n'aimait pas Salomé et que Salomé était un peu... bête.
    Et d'accord sur cette scène incroyable où elle raconte. On revit la scène que j'ai trouvée bien flippante. Hafsia est épatante. Elle m'a fait peur...
    Un film à voir.

  • Énonciative attention.
    Oui, tu aimerais j'en suis sûre.

  • J'ai rien compris à la critique des Cahiers
    En revanche, le film dont la BA ne m'avait pourtant pas du tout attirée, a été un coup de coeur. Je l'ai trouvé prenant du début à la fin.

  • Oui malgré une BA pas folichonne et une image bien terne, le film te prend, te tient et ne te lâche plus.

    Les cahiers me font rire. C'est pas possible d'être aussi pompeux !

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