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ÇA TOURNE À SÉOUL ! COBWEB

de Kim Jee-Woon ***

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Avec Song Kang-Ho, Im Soo-Jung, Jung-se Oh

Séoul, 1970 : le réalisateur Kim vient d'achever le tournage de son film Cobweb au grand soulagement de toute l'équipe.

Moqué par les critiques et par ses pairs, il est pourtant persuadé (il reçoit la visite en pensées de son maître décédé) qu'en modifiant la fin de Cobweb, le film deviendra un chef-d'oeuvre incontournable. Les producteurs, les acteurs, la censure... à peu près tout le monde rejette ce projet. Aidé par la fille de la productrice, Kim réussit à convaincre jusqu'au moindre figurant de reprendre le tournage. Il enferme toute l'équipe dans le hangar du studio et refilme les dernières scènes qui n'ont absolument plus rien à voir avec celles de la version initiale. Personne ne comprend rien à ce qu'il fait et le chaos s'installe.

Le film dans le film est presqu'un genre à part entière. Il nous fait découvrir l'envers des décors ce qui est à la fois frustrant, enthousiasmant et jubilatoire. Les ficelles du "comment qu'on fait" sont toujours assez surprenantes je trouve. C'est d'autant plus intéressant ici qu'on voit successivement les répétitions d'une scène, le tournage (souvent en noir et blanc) et le résultat final. Et même si le résultat donne un film d'une médiocrité déconcertante, son tournage est néanmoins un condensé de petits miracles, de trompe-l'oeil, de bricolages et d'idées géniales.

Je ne nie pas que le film est un peu long (2 h 13 min là où 1 h 30 aurait suffi) et que l'hystérie et la pagaïe générales sont parfois fatigantes. Entre les amourettes de plateau, la jeune actrice capricieuse, l'acteur amoureux, l'actrice plus âgée qui ne comprend plus rien, les portes qui claquent, les importuns qu'on alcoolise pour s'en débarrasser... certains moments sont répétitifs. Mais ce trop-plein est largement compensé par des moments de pur délire qui confinent au génie. Le tournage d'une scène en forêt où l'actrice principale,  allergique au faux sang, refuse de jouer est remplacée par la fille de la productrice absolument pas actrice mais qui connaît le rôle par coeur, est obligée de se cacher derrière ses cheveux pour qu'on ne la voit pas est hilarante. Comme celle où le réalisateur convainc le producteur ravi que de nombreux communistes périront au cours de l'histoire, où celles où il doit expliquer ce qu'est un "plan séquence" (en français dans le texte, pas de traduction en coréen). On rit beaucoup, presqu'aussi essoufflé que les protagonistes qui s'agitent, courent, virevoltent et gesticulent. On se demande parfois où tout cela va aboutir.

On est largement récompensé de la patience parce que l'interprétation est un régal et que retrouver le grand Song Kang-Ho (Sympathy for Mister Vengeance, Memories of murders, The host, Le bon, la brute et le cinglé, Snowpiercer, Parasites, Les bonnes étoiles... pour ne citer que ceux-là) est une garantie de qualité.

Le réalisateur nous offre sa vision des affres de la création cinématographique sur le mode burlesque malgré la période où il place son intrigue (dictature militaire, censure permanente). Mais surtout, et cette séquence finale vertigineuse, virtuose, époustouflante vaudrait à elle seule le déplacement, dans une longue scène qu'il a décortiquée lors des scènes précédentes, le réalisateur nous présente le produit fini d'un plan-séquence interminable orchestré de main de maître qui nous laisse bouche bée, abasourdi par tant de maestria. Et là, on applaudit.

Commentaires

  • Ce que tu décris fait penser à un film d'Ed Wood traité à la façon de "la Nuit Américaine". Ça a l'air curieux, loufoque, et pourtant j'ai du mal à me motiver.
    Ma fille l'a vu et elle a bien aimé aussi.

  • Ah dommage, tu trouverais grandement du grain à moudre, ne serait-ce que pour ce dernier quart d'heure prodigieux.

  • Je suis 100% d'accord avec toi. Le film est beaucoup trop long, et la fin tarde trop SPOIL : le voir assis à la fin du tournage suffit à comprendre qu'il n'est pas satisfait, merci bien, pas besoin de surexpliquer ! En revanche j'ai trouvé certaines scènes super drôles, d'autres tellement belles ! Parfois les deux même ! Donc mitigée mais heureuse de l'avoir vu :)

  • Et ou la scène de tournage du plan séquence vaut à elle seule le déplacement !

  • C'est tout à fait ça. Trop long mais des scènes exceptionnelles.
    Et celle de la fin... on reste sans voix.

  • Même si c'est effectivement trop long et un peu répétitif, le film contient suffisamment de moments jouissifs pour en conseiller la vision. C'est à la fois une leçon de cinéma, une fable politique, une satire des faiblesses humaines et une œuvre de cinéphile, pour cinéphiles.

  • Voilà, tu as tout dit.

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