Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 5

  • LA VIE AQUATIQUE de Wes Anderson ***


    Je suis allée me rincer les yeux dans ce bocal à poissons exotiques (après la "Petite Chartreuse", j’en avais grand besoin…) difficile à raconter car sous la loufoquerie pointe la satire. Une équipe de bras cassés autoproclamée spécialiste en océanographie réalise des documentaires sous-mariniers dont la ringardise n’a d’égale que la nullité, mais c’est ce qui est drôle.
    A la tête de l’équipe : Steve Zissou (Stivezi pour les intimes) mégalo pitoyable relativement conscient de sa médiocrité. Dans le casting une tripotée de stars décalées bien à l’aise dans ce numéro de comiques pince-sans-rire : Owen Wilson, Kate Blanchett, Willem Dafoe (irrésistible), Jeff Goldblum (trop rare), Angelica Huston.
    Mais surtout, surtout, haut du panier de crabes, cerise sur le clafoutis, le rare, le bizarre, le singulier, l’Unique qui pratique cette étrange religion : le comique métaphysique, le sexyssime, le drôlissime, le burlesque transcendental, le bouffon de l’abstraction, le champion du monde de l’humour à côté de la plaque, celui grâce à qui je n’ai plus peur des fantômes, celui qui me fait célébrer chaque année le « jour de la marmotte », avec qui je veux bien me « lost in translation », avec qui je veux chanter en duo en karaoké, celui qui me ferait acheter un bonnet rouge et un maillot de bain : Bill Murray !
    Pour eux tous, pour Bill, pour un adorable et merveilleux hippocampe arc-en-ciel, j’ai plongé dans cette vie aquatique et suis rentrée chez moi écouter « Ziggy stardust ».

  • LA PETITE CHARTREUSE de Jean-Pierre Denis°°


    Compte tenu de la critique unanime qui applaudit des quatre mains (la critique unanime applaudit toujours des quatre mains), j’ai presque honte de dire qu’à moi ce film n’a fait ni chaud, ni froid. Je suis passée complètement à côté et même davantage puisque je l’ai trouvé laid, mal joué, mal ficelé et ennuyeux au possible.
    Un homme, plutôt solitaire renverse une petite fille qui se retrouve dans le coma et refuse de parler à son réveil. L’homme, c’est Olivier Gourmet, acteur dramatiquement dramatique, qui souffle, soupire, s’essouffle beaucoup que c’en est insupportable : a-t'il un micro greffé dans la gorge ? Il est très contrarié d’avoir renversé la fillette bien qu’on lui répète à l’envi qu’il n’en est pas responsable. Du coup, il prend des douches, s’endort dans sa baignoire, se rince la tête dans l’eau glacée, saute à l’élastique, randonne par temps d’avalanche, sautille en écoutant Michel Portal (poulala...) sans oublier de souffler tout ce qu’il peut dans le micro… Tout cela l’occupe et le calme, mais pas tant que ça. Il tient une librairie, mais pas n’importe quelle librairie, non, la merveille des merveilles, la « shop around the corner » dont on a tous rêvé.
    La mère de la petite c’est Marie-Josée Croze et bien que son personnage porte un sublime prénom… elle est absente, « transparente comme une bulle de savon » (c’est dit dans le film), pas maternelle pour deux sous et qui, plutôt que de veiller sur sa petite sub-claquante préfère quitter la région, la placer dans un centre pour comateux qui se réveillent de temps en temps et dire à Olivier Gourmet qu’il n’oublie pas d’aller lui souffler dans la figure quand il en a l’occasion.
    A un moment, Marie-Jo et Olivier sont dans un camion, ils roulent. Marie-Jo a la gerbe, elle demande à Olivier de s’arrêter. C’était une ruse : elle lui saute dessus et ils font l’amour dans le fossé par moins 15 au bord de l’autoroute. Quand ils se relèvent, ils ont des feuilles collées partout sur eux : c’est très beau !!!
    En un mot, tout ceci dure une heure et demie et j’ai l’impression d’avoir passé trois mois dans la salle.

  • LE CAUCHEMAR DE DARWYN de Hubert Sauper ***

                                 
    La perche du Nil poisson soi-disant goûteux a été introduite par inadvertance dans le Lac Victoria en Tanzanie dans les années 60. Les serial-killer qui avait gros appétit a dévoré sans exception toutes les espèces animales présentes dans le lac provoquant ce qui est et sera une catastrophe écologique. Des officiels réunis pour envisager des solutions regrettent : « ce n’est pas bien de ne montrer que le mauvais côté des choses, il faut aussi montrer le côté positif… ». Le positif, cherchons-le.
    Ce poisson, très prisé en Europe fait depuis, l’objet d’un commerce qui en a enrichi… quelques-uns. Un ou deux cargos décollent chaque jour emportant avec lui environ 50 tonnes de poissons. Ce qui, au départ ne semblait être qu’une enquête sur un commerce et les risques écologique dans la « région » s’est avéré rapidement beaucoup plus édifiant. Il se trouve que la Tanzanie crève de faim, une véritable famine sévit. Des tonnes de poissons expédiés en Europe, il ne reste que les carcasses pourries (la tête et les arêtes) sur lesquelles grouillent les asticots. Des squelettes en décomposition des poissons émane de l’ammoniaque qui provoque des maladies. Ces restes sont distribués à même le sol à la population comme base de leur nourriture dans des espèces de camions poubelles…
    Les hommes pêchent le poisson, les femmes réduites à la prostitution s’offrent pour 10 dollars la nuit aux pilotes russes et australiens, des brutes alcooliques qui n’hésitent pas à les battre ou accessoirement à les tuer. Le sida fait des ravages : environ 10 à 15 personnes meurent chaque mois, sans avoir eu accès à aucun traitement. Les religieux (…) en profitent pour asséner leur couplet : « se prostituer c’est pas bien, mais porter un préservatif, c’est un péché… » (no comment, je préfère ça va m'énerver).
    Les enfants sont complètement livrés à eux-mêmes, abandonnés. Ils dorment en groupes par terre dans les rues : une cabane en carton serait un luxe. Les jeunes filles se glissent dans les groupes de garçons les plus jeunes car si elles s’approchent trop des ados, elles risquent de se faire violer. Quant aux jeunes garçons, ils utilisent les restes des emballages en plastique des poissons, les font fondre et se fabriquent une colle qu’ils sniffent le soir. Grâce à cela, ils s’endorment rapidement et s’ils se font tabasser ou violer pendant la nuit.. ils ne sentent rien !
    Devant ce constat, le réalisateur s’est posé la question de savoir ce que pouvaient bien apporter les avions en provenance de l’Occident. Des médicaments, de la nourriture ??? Des armes…

  • TROUBLE°° de Harry Cleven

    Deux Magimel pour le prix, c’est bon à prendre malgré ses cheveux jaune paille et sa mine renfrognée. C’est sans compter avec Natacha Régnier anti-actrice monolithique, mono-expressionniste et insupportable, Olivier Gourmet, acteur tragiquement tragique qui s’est fait la tête de Lénine pour l’occasion (je ne sais pas pourquoi), un enfant acteur tête à claques et un réalisateur qui essaie de faire du sous de Palma en recyclant du sous sous Hitchcock et qui balance un coup de cymbale tous les trois plans pour vous faire bondir de votre siège (sans cela c’est sûr, on pourrait dormir)/
    Les histoires de famille glauques avec cadavre dans le placard : non, non et non quand c’est filmé avec les pieds.

  • TEAM AMERICA – WORLD POLICE* de Trey Parker et Mark Stone

                  

    La première demi-heure est réjouissante : pastiche explosif à grand renfort de décibels des interventions étazuniennes à travers le monde et des films qui y font référence. Il ne manque ni un « mother fucker » ponctuant chaque phrase et ni une bannière étoilée flottant au vent. Les GI US interviennent partout pour sauver le monde des terroristes et chaque fois laissent le pays en ruines et les habitants hagards. Le Caire, sa Pyramide, son Sphyns, le Canal de Panama sont rayés de la carte. Paris n’est pas épargné : la Tour Eiffel, l’Arc de Triomphe, le Louvre sont bousillés. La vision du français par l’américain est assez désopilante : il porte un béret, un machin ou un truc sur la tête, toujours mais pas forcément une baguette sous le bras, les voitures sont des DS, et le français s’appelle « Jean-François ».
    Les décors sont très beaux, les « poupées » expressives et tout allait bien jusqu’à la deuxième partie où là… revirement complet : les acteurs américains démocrates (Susan Sarandon, Tim Robbins, Sean Penn et compagnie) emmenés par Alec Baldwyn sont responsables de tous les maux de la terre et des « busheries » menées de par le monde. Michaël Moore comment un attentat suicide, les acteurs prennent les armes et sont tous exterminés par la World Police. Pas un mot des Schwarzie, Bruce Willis et Mel Gibson qui soutiennent leur président chéri qui n’est même pas cité.
    Tirez sur tout le monde : je suis d’accord, mais dans ce cas, il ne faut oublier personne.

  • PRENDRE FEMME de Ronit Elkabetz ***

    prendre femme - 

    Entre un mari gentil, doux, qui ne boit pas, qui ne la bat pas, qui travaille (le rêve pour une femme) MAIS qui n’intervient dans l’éducation des quatre enfants que pour constater « voilà le résultat de l’éducation que tu leur donnes », et qui mène sa vie au rythme du Talmud et des prières à la synagogue, et un amant qui a trop hésité et lui offre en cadeau un sandwich à l’harissa… une femme hésite et pète un câble !
    C’est un film magnifique et surprenant : la plus grande scène de ménage hyper réaliste jamais vue depuis « Qui a peur de Virginia Woolf ».
    Un monde fou gravite autour de cette femme : son mari, quatre enfants, une grand-mère, un amant, des amies, quatre ou cinq frères, des oncles, des voisins… et tout se passe pratiquement dans les 10 m² d’une cuisine. Tout le monde réagit, intervient, se mêle pour que ce couple se réconcilie. On comprend que cette femme, malgré des velléités d’indépendance et d’émancipation étouffe et suffoque jusqu’à une scène d’hystérie insoutenable.
    La femme c’est Ronit Elkabetz, elle est divine, on dirait Maria Callas, le mari c’est Simon Abkarian (magnifique) et l’interprétation est sans faille.
    A voir avec en cerise sur gâteau une scène très « In the mood for love » avec violon obsédant, ralenti et pluie battante… et comble de la sensualité : UN BAISER ! Ce qui tendrait à prouver que les marocains sont plus entreprenants que les chinois.

  • MOOLAADE de Sembene Ousmane**

     

    Où l’on apprend que 38 pays sur 45 que compte l’Afrique pratique encore cette torture que les hommes appellent pudiquement « purification ». Comme eux sont naturellement purs, on ne leur coupe rien !
    Le traitement de ce sujet lourd est simple et l’interprétation enthousiaste et réjouissante. Deux scènes d’excision sont évoquées hors champs. C’est insoutenable. Les fillettes sont emmenées de force et leurs hurlements sont insupportables.
    Les hommes, plutôt consternants de bêtise et de lubricité ne sortent pas grandis de cette histoire. Les femmes par contre y sont à l’honneur, vaillantes, combatives, victimes non consentantes, admirables.
    Un beau film.

  • BE COOL de F. Gary Gray°


    Evidemment John Travolta est impayable en Chili Palmer imperturbable qui ne bouge pas une oreille même avec un gros calibre braqué entre les yeux. Evidemment Uma Thurman est délicieuse et magnifique et Harvey Keitel irrésistible.. Mais les autres !!! Ce ne sont que des caricatures de personnages bas de plafond et pas drôles.
    Comme il est toujours intéressant de chercher ce qui va dans un film plutôt que ce qui ne va pas, je dirai que Steven Tyler (chanteur d’Aérosmith), piètre acteur et pub vivante pour la chirurgie esthétique ratée est une bête de scène absolument ahurissante et qu’en une seule scène il capture l’écran. C’est toujours ça.
    La meilleure réplique, la voici. Un apprenti comédien harcèle Travolta pour obtenir une audition dit :
    « quand est-ce que vous me rappelez ???
    quand ton téléphone sonnera !! »
    Je sais, c’est peu.