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  • ROMANZO CRIMINALE – Michele Placido****

    « Il était une fois l’Italie… » : quatre petits malfrats encore adolescents rêvent de conquérir Rome. Quelques années plus tard, ils ne sont plus que trois et après un enlèvement qui se solde par l’assassinat du Baron enlevé et la remise de la rançon, ils décident de ne pas dépenser bêtement l’argent mais de le mettre en commun pour passer à la vitesse supérieure…
    Le premier exploit de Michele Placido est de rendre ces délinquants sympathiques alors qu’ils sont violents, cruels, sadiques et irresponsables avec peu d’états d’âme. Pour le reste, il ne manque rien à cette histoire de truands : l’amitié virile à la vie/à la mort, l’ivresse que procure l’argent, la drogue, les ruptures, les trahisons, la grandeur puis la déchéance. Sans oublier la pute au grand cœur (Anna Mouglalis : bof !) amoureuse et aimée à la fois d’un des truands et du commissaire qui les traque sans relâche.
    Le réalisateur et la caméra sont littéralement amoureux des acteurs et de la ville qui sont filmés de façon virtuose. La tension qui ne faiblit pas un instant va au contraire crescendo tout au long de l’évolution des personnages qui semblent parfois pris dans un « jeu » qui les dépasse. Même si leur implication et leurs accointances avec la mafia, les terroristes des Brigades Rouges, la politique et la franc-maçonnerie sont quelque peu obscures, il n’en reste pas moins un document passionnant sur l’Italie des années 70/80 où les images d’archives s’intègrent parfaitement et subtilement au récit (l’assassinat d’Aldo Moro (revoir le parfait « Buon Giorno Notte » de Bellocchio), l’attentat de la gare de Bologne).
    Le lyrisme du film qui emporte tout sur son passage n’est pas sans rappeler le merveilleux film fleuve « Nos meilleures années » de Marco Tullio Giordana qui couvrait déjà un peu la même période mais avec des personnages plus positifs pris eux aussi dans la tourmente.
    Quant au casting, c’est un sans-faute avec en tête le très très beau et très intense Kim Rossi Stuart, bloc parfois mutique, figure quasi christique vers la fin qui n’hésite pas à se faire injecter du sang contaminé pour être « libre ». Lui aussi évoque à de nombreuses reprises le Mateo (Alessio Boni) de « Nos meilleures années » : perdu, écorché vif et amoureux de Roberta (Jasmine Trinca : magnifique).
    Malgré la violence inhérente à ces films de gangsters « scorcésiens », on rit parfois. Notamment lors d’une scène où « Le Libanais » (Pierfrancesco Favino : parfait) et Freddo (Kim Rossi Stuart) discutent sur une plage et le Libanais hésite entre devenir dictateur ou empereur… romain, cela va de soi… Dans une autre scène Roberta emmène Freddo dans une église voir une toile du Caravage. Envoûtée, émerveillée par l’œuvre d’art, elle lui demande son avis. Il lui répond « c’est bien peint ».
    En résumé, tout dans ce film est exemplaire (si l’on excepte la moralité douteuse des « héros ») des dialogues à la mise en scène nerveuse et énergique qui sait se calmer dans les moments plus intimistes, très réussis eux aussi, sans oublier la musique, reflet idéal de ces années troublées.
    Un sans-faute, à voir absolument.

  • L'ivresse du pouvoir de Claude Chabrol**

    (enlève tes lunettes Jean-François Balmer, je t'ai reconnu)
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    La performance survoltée, hystéri-comique d'Isabelle Huppert est à des années lumières de "Gabrielle" et ça fait un bien fou de la voir si dynamique, énergique, autoritaire et vivante ! Néanmoins il est de toute première urgence qu'elle se débarasse de ce tic : une moue nerveuse, proche de la grimace ponctue chacune de ses phrases, c'est très laid et très agaçant. 
    Quant à l'affaire... Elf ou pas, on sait que le pouvoir n'est pas dans les mains d'une juge obstinée qui semble parfois vouloir se "venger" de ne pas être née du côté des nantis, qui essaie de faire éclater avec entêtement la justice et la vérité.  Rien ne neuf sous le soleil donc. En tout cas, c'est du bon Chabrol qui ne ressemble pas à du Chabrol. (Et puis, il y a la voix de Jean-François Balmer !!! mais trop peu...).
    En résumé, il me semble que ce film, agréable à voir, est trop léger et humoristique pour faire trembler qui que ce soit.

  • La Passion du Christ de Mel Gibson **

    Par ce film j'ai appris que Mel Gibson est un gros con, dévot, sadique, qu'il a élevé plein de mouflets à coups d'Evangiles bien placés, qu'il ne sort jamais sans sa Bible, que son père est en partie responsable de l'Holocauste et aussi qu'il a cloué Jésus lui-même de ses propres mains. Jamais plus, je crois, je n'oserai prétendre qu'un jour j'ai pu apprécier cet homme-là !

    Néanmoins, athée par choix et décision, quoique baptisée, confessée, communiée par obligation, j'ai toujours considéré Jésus comme un brave type qui n'a pas mérité ce qui lui est arrivé. Cinéphile par passion et sadique par procuration, je n'ai pas dû rater beaucoup de films qui racontent la vie de Jésus... Aujourd'hui, mécrante confirmée et future ex.Melgibsonienne, jai vu La Passion. Je suis sortie de la projection sonnée, vaguement nauséeuse. Je me suis souvenue du chemin de croix de mon enfance où, pauvre candidate à la communion solennelle, je suivais à travers l'église un curé qui me racontait sans émotion la Passion. C'était long, pénible, éprouvant, interminable... Et pour la première fois j'ai vu au cinéma ce qu'ont dû être pour cet homme ces épreuves, ces tortures au nom de quoi ??? Ici nous sommes loin des visions romantiques imposées jusque là par des cinéastes frileux. Evidemment, Jim Caviezel (Jésus) est très rapidement transformé en steack tartare mais néanmoins on voit un homme qui souffre et doute au-delà de toute limite et non un surhomme insensible à l'inommable.

    Jamais je n'aurais imaginé que le le cinéma pourrait faire plus de mal que la religion. A cause des croyanges, des intolérances, la paix sur la terre pour les hommes de bonne volonté est dans l'impasse. Et tout ce bruit, toutes ces réactions ahurissantes à un film (jamais ou rarement jugé comme film) confirment deux choses : qu'on ne peut pas parler de tout à tout le monde et, surtout, que cinéma et religion ne font pas bon ménage.

  • AURORE ° de Nils Tavernier


    Il flotte autour de ce film l’ombre de Jacques Demy (l’atmosphère enchanté) et de « Peau d’Âne » (les relations quasi incestueuses du frère et de la sœur)… mais hélas seulement l’ombre, et on s’ennuie ferme au palais.
    Une jeune princesse, Aurore (ça ne s’invente pas) doit épouser un riche prince qu’elle n’aime pas pour sauver le royaume ruiné de son père. La princesse ne vit que pour et par la danse mais il se trouve que cette pratique est interdite dans ce royaume. Aurore est donc contrainte de beaucoup se déshabiller (les robes de princesse : ça gêne aux entournures) pour faire ses entrechats en cachette.
    Si l’on n’est pas comme Nils Tavernier passionné par la danse classique, fasciné par les beaux corps musculeux et anorexiques, ce film laisse de marbre. Ce fut mon cas.
    Carole Bouquet est parfaite en reine blessée et sacrifiée. François Berléand étonne en roi qui gâche sa vie et son amour au nom de l’autorité. Quant à la jeune Aurore, je suppose que ce doit être une grande danseuse, cela n’en fait pas une actrice. Diaphane et souriante, elle traverse le film au ralenti et comme en apesanteur. On doit pouvoir trouver cela gracieux et admirable, pour moi ce fut exaspérant, à la limite du supportable. Je croyais vivre un conte de fées, ce fut une épreuve.

  • UN… DEUX… TROIS… DANSEZ de Marilyn Agredo***


    De nombreuses écoles des quartiers défavorisés de New-York ont mis en place depuis plusieurs années un programme de danses de salon (dites danses de société aux Etats-Unis) pour les élèves des classes de CM². Ecoles publiques étant synonyme là-bas de pauvreté, ce sont des enfants de toutes origines dont certains parlent à peine l’anglais qui sont inscrits d’office à ce programme destiné à une forme d’intégration.
     Le miracle s’accomplit sous nos yeux au long d’une année scolaire où l’on voit ces enfants de 9 à 11 ans, d’abord gauches et patauds devenir de véritables virtuoses de la samba, du tango et du swing. Les professeurs, du genre de ceux qu’on aimerait rencontrer plus souvent, sont aussi enthousiastes que les enfants, voire plus. Il paraît même que certains enfants proches de la délinquance ont trouvé un véritable sens à leur vie avec ces cours.
    Hélas, il a fallu que tout ceci soit récupéré, transformé en compétition annuelle qui mène à une finale où les meilleurs sont sélectionnés. Les épreuves éliminatoires donnent lieu à de véritables scènes d’effondrement chez certains enfants qui ne comprennent pas, alors qu’ils ont accompli tout ce qu’on leur demandait, pourquoi ils sont évincés. A ce moment, le film devient vraiment déchirant. Dommage.
    Malgré cette réserve, il n’en reste pas moins un documentaire absolument formidable et captivant.
    De nombreuses écoles des quartiers défavorisés de New-York ont mis en place depuis plusieurs années un programme de danses de salon (dites danses de société aux Etats-Unis) pour les élèves des classes de CM². Ecoles publiques étant synonyme là-bas de pauvreté, ce sont des enfants de toutes origines dont certains parlent à peine l’anglais qui sont inscrits d’office à ce programme destiné à une forme d’intégration.
     Le miracle s’accomplit sous nos yeux au long d’une année scolaire où l’on voit ces enfants de 9 à 11 ans, d’abord gauches et patauds devenir de véritables virtuoses de la samba, du tango et du swing. Les professeurs, du genre de ceux qu’on aimerait rencontrer plus souvent, sont aussi enthousiastes que les enfants, voire plus. Il paraît même que certains enfants proches de la délinquance ont trouvé un véritable sens à leur vie avec ces cours.
    Hélas, il a fallu que tout ceci soit récupéré, transformé en compétition annuelle qui mène à une finale où les meilleurs sont sélectionnés. Les épreuves éliminatoires donnent lieu à de véritables scènes d’effondrement chez certains enfants qui ne comprennent pas, alors qu’ils ont accompli tout ce qu’on leur demandait, pourquoi ils sont évincés. A ce moment, le film devient vraiment déchirant. Dommage.
    Malgré cette réserve, il n’en reste pas moins un documentaire absolument formidable et captivant.