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  • Transmerica de Duncan Tucker***

    Un road-movie réussi est une belle occasion pour les personnages de faire connaissance, d’apprendre à se connaître, à s’aimer, de subir quelques mésaventures et de faire les rencontres utiles ou dérangeantes qui jalonnent le voyage. Celui-ci ne fait pas exception à la règle du genre et nous offre un parcours d’est en ouest sur les routes poussiéreuses, désertes et ensoleillées des Etats-Unis.

    Bree, jadis un homme, n’a plus que quelques jours à attendre pour subir l’ultime opération qui fera d’elle définitivement une femme. Mais elle reçoit l’appel d’un ado paumé qu’elle sort d’une prison New-Yorkaise et qui serait le fils né d’une liaison hétéro sans suite qu’elle/il aurait eu jadis. C’est ensemble qu’ils feront le trajet jusqu’en Californie où chacun court après son rêve, son identité, ses origines…

    Les scènes se succèdent de façon un peu linéaire et sans trop de surprise mais la surprise vient néanmoins de l’interprétation époustouflante de Felicity Huffman. Pour une fois, c’est une femme qui joue le rôle du transsexuel, le rôle d’un homme qui veut devenir une femme. Felicity Huffman est stupéfiante, tour à tour fragile, déterminée et parfois aussi, un peu cocasse mais jamais vraiment ridicule. Pour elle, en priorité, il faut voir ce joli film plein de bons sentiments.

    j'ajoute cette photo, car on y retrouve le "Kicking Bird" de "Danse avec les Loups", Graham Greene...

  • HOMBRE de Martin Ritt ***

     

    Fan de westerns, la cinéphile trouve bon et salutaire de parfois se rincer les yeux en faisant un bond de quelques décennies en arrière et plonger dans la dv-thèque haut de gamme…
    Arizona, 1884. Élevé par les Apaches, John Russell, hérite de son père adoptif et « blanc » et se retrouve contraint de voyager dans une diligence dont les sept passagers, très « conservateurs » n’apprécient guère la présence de cet indien bâtard. Parmi eux, un couple très bourgeois a détourné des milliers de dollars destinés à nourrir les indiens dans les réserves… Très vite John Russel est relégué hors de la diligence près du cocher. Mais attaqués par des hors-la-loi, ils se rendent à l’évidence, John Russel est leur seul espoir pour s’en sortir.
    Au-delà du western filmé dans des décors naturels gigantesques et désertiques, ce magnifique film intelligent, rigoureux, incisif et sans fioritures est une ode pour la tolérance et contre le racisme orné de dialogues brillants et servi par des acteurs exemplaires.
    Tout en haut en haut du casting, Paul Newman, minéral, impérial, exemplaire, sans tics, sans excès : une présence ! D’abord misanthrope, solitaire, asocial mais blessé, humilié, rejeté il prouvera ce qu’est l’humanité. LA réplique du film : lorsque Jessie une des passagères se dévoue pour aller sauver une autre passagère retenue prisonnière, elle dit à John Russel :
    -         « je ne vous demande que votre couteau… », il répond :
    -         « vous me demandez beaucoup plus que ça madame ».

    Evidemment, il prendra la place de Jessie pour aller au secours de la prisonnière : héroïsme, sacrifice, délicatesse, courage !!! et là, comme il est précisé sur la jaquette du DVD : « si « HOMME » se dit « HOMBRE », alors… Paul Newman est un HOMBRE ! ». Yeah !!!

  • Les filles du Botaniste de Dai Sijie**


    Se sentir bien dans les bras d’une personne du même sexe est dangereux et mortel et même si An et Mi Ling trouvent un temps leur Brokeback Mountain dans une espèce d’Eden asphyxiant et vénéneux, il ne fait pas bon enfreindre les codes de la Chine post Mao et Révolution Culturelle.
    Min Li, jeune orpheline de 20 ans, part faire un stage chez un maître botaniste glacial et autoritaire qui règne sur son jardin et sa fille An de façon despotique. La proximité et la complicité des deux jeunes filles se transforment vite en un sentiment sensuel et passionné qui rend leur séparation inconcevable. Pour ne jamais être séparée elle mette au point un stratagème plutôt risqué qui se révèlera redoutable.
    Alors pourquoi, malgré la beauté et la conviction incontestables des deux actrices, malgré la singularité du jardin et des plantes qui la composent (phalliques ou toxiques entre autres), malgré la brutalité des hommes (mari violeur, père tyrannique) qui contraste avec la douceur des deux filles reste t’on parfois (pas toujours) un peu à l’écart de l’histoire ???
    Le décor, l’environnement sont à couper le souffle et donne l’envie de plier armes et bagages illico pour aller visiter ces endroits à tomber par terre, et pourtant la cinéphile n’est pas prompte à s’ébaubir aisément devant la faune et la flore au cinéma (trouvant qu’il y a déjà suffisamment de boulot avec l’espèce humaine). Mais les ébats amoureux des deux jeunes filles sont filmés de façon un peu banale (proche de la niaiserie chichiteuse de David Hamilton… les anciens se souviendront) : chaque mouvement l’une vers l’autre semble ralenti (il doit y avoir d’autres façons de montrer la délicatesse et la douceur) et baigner dans une vapeur blanchâtre. Il faut ajouter à cela une musique d’ascenseur vraiment hideuse qui vient appuyer lourdement certaines scènes alors que la musique traditionnelle recèle de véritables trésors et que la Chine ne doit pas manquer de compositeurs. Je tiens donc particulièrement à citer Eric Lévy qui plombe le film lamentablement et honteusement.
    En résumé, c’est un film « entre deux », parfois superbe et passionnant, parfois insipide… et ça m’embête de dire ça tant j’avais aimé « Balzac et la petite tailleuse chinoise », une splendeur.

  • Les enfants du Pays de Pierre Javaux*


    Bonne nouvelle, les dérapages que l’on aurait pu craindre sont évités et si ce n’est un gros plan insistant sur une boîte de Banania « y’a bon » (ah ah ah), cela reste humainement et objectivement correct : au Sénégal, comme de ce côté-ci des colonies, il y a des sages intuitifs, des bergers, des analphabètes et des gens cultivés.
    Nous sommes en 1940 dans un village déserté des Ardennes où ne restent que trois irréductibles : un vieil homme (Michel Serrault définitivement cantonné dans les rôles de papy bougon… mais on lui pardonne en souvenir de Monsieur Arnaud, du docteur Petiot, de « Mortelle randonnée », de « Garde à vue » etc…) et ses deux petits enfants.

    Un matin, débarquent 6 tirailleurs sénégalais qui se sont égarés et cherchent à rejoindre leur régiment. Après avoir dépassé la méfiance et les à priori, les soi-disant méchants sauvages apprivoiseront les soi-disant gentils blancs dans une succession de saynètes charmantes.
    C’est un film un peu didactique, mais pas trop, un peu drôle, mais pas trop, un peu poétique mais pas trop… Voilà, c’est un film un peu… mais pas trop ! Il est conseillé pour toute la famille alors, courage et bonne chance pour expliquer à vos loupiots pourquoi cette gentille fable sur la tolérance et l'acceptation de la différence se termine par une horreur absolue même si une voix off à la toute dernière minute vient essayer de nous faire croire que ça n’a pas existé.
    Quelle connerie la guerre !!!

  • The Secret Life of Words de Isabel Coixet***

    A une époque pas si lointaine, je jugeais les films en fonction du nombre de litres de larmes versées ! La méthode vaut ce qu’elle vaut et le cœur d’artichaut de la cinéphile a beaucoup saigné par périodes. S’aventurer dans une salle où est projeté « The secret life of words » sans kleenex, ce qui fut mon cas, est une entreprise qui relève de la haute voltige.

    Travaillez sans filet si vous le souhaitez mais je vous aurai prévenus.

    Un homme, Josef (Tim Robbins : waouh !) est victime d’un accident sur une plate-forme pétrolière. Gravement brûlé et intransportable, une infirmière est envoyée sur place. L’infirmière, Hannah (Sarah Polley : douce et délicate) compétente mais mystérieuse semble cacher un lourd secret. Elle est sourde et pour s’isoler encore davantage, elle débranche parfois son appareil. Josef a été rendu aveugle provisoirement suite à son accident. Entre l’homme blessé, quelque peu humilié d’être dépendant pour les actes quotidiens les plus intimes et la jeune femme silencieuse se crée un lien étrange. Il parle, s’essaie à l’humour, pose des questions, se dévoile, se confie… Elle reste muette.

    Jusqu’au jour où, sans doute poussée par l’imminence de leur séparation, elle se met à déverser des flots de paroles ininterrompus, elle est intarissable et révèle dans les moindres détails son terrible secret que seuls viendront troubler les sanglots de Josef…

    C’est grandiose et bouleversant avec en point de mire l’horreur, l’amour et la compassion. Alors pour ce genre de mélo : je dis oui à 200 %.

    Ajoutons à cela une BO chavirante avec entre autres Paolo Conte, Tom Waits et Antony (l’ange des anges) et deux acteurs renversants, vulnérables et attachants, et vive le cinéma.

  • OSS 117, Le Caire Nid d’Espions de Michel Hazavanicius***

    La question est clairement posée dans le film, Hubert Bonnisseur de la Bath allias OSS 117 est-il d’une intelligence hors norme ou un con intégral ??? La réponse est sans appel et nous affirmons sans hésitation : c’est un con absolu.

    Mais revenons au film. L’intrigue un peu maigrichonne se barre en quenouille et n’est d’ailleurs absolument d’aucun intérêt, même si l’on y croise, entre autres, des nazis qui réclament « une seconde chance ». C’est vrai pourquoi les nazis seraient-ils toujours les méchants ?

    Par contre, ce qui est attirant c’est l’hommage au « cinéma de papa » et aux premiers James Bond. Dès le générique kistschissime et la musique ringarde, on est plongé dans ce cinéma désuet des années 50/60 et c’est magnifiquement réalisé. Filmé en scope et en technicolor, le film accumule les plans larges et puis la caméra se rapproche et se fixe sur un visage grimaçant qui récite avec emphase un dialogue ridicule. Chaque personnage attend que l’autre ait fini sa phrase avant d’intervenir. Des flash-back hilarants nous montrent OSS et son meilleur ami sur une plage : ils jouent au jokari et semblent ne se déplacer qu’au ralenti. Quand ils sont en voiture, les personnages ont un écran (très visible) qui défile derrière eux, ce qui a pour avantage de ne pas décoiffer la dame et permettre une conversation comme dans un salon. On est dans une ville avec la Tour Eiffel en arrière-plan et hop, un panneau explicatif nous indique : « Paris », idem pour un endroit avec le Colisée, c’est « Rome » etc, etc… Et en prime, un petit cadeau : une poursuite (à pied) désopilante dans les ruelles du Caire très très Hitchcockienne, pas moins !

    Le Caire est un véritable nid d’espions internationaux dont la « couverture » est pour tous et chacun d’eux l’élevage de bœufs, moutons ou poulets. Sauf pour le belge, véritable éleveur infiltré parmi les espions. Oui, je sais, ça se complique. Sauf également pour notre OSS 117 qui prend très au sérieux son pseudo rôle de directeur d’un élevage de poulets au lieu de s’intéresser à sa mission !!!

    OSS 117, comme chacun sait, à moins d’être spéléo et d’avoir vécu ces dernières semaines au fond d’une grotte, c’est Jean Dujardin et comme il le dit lui-même : « un peu de Sean, beaucoup de conneries »… Effectivement et désolée, mais il n’y a pas d’autre mot et hisser la connerie à ce niveau de sublime c’est du grand art. OSS est un con (le répètera t’on jamais assez), c’est un beauf, inculte, macho, homophobe, raciste, borné, qui n’aime que la castagne. Comment Jean Dujardin qui assume, parvient à faire passer cette indigeste pilule, c’est tout le mystère de son «art» et du formidable capital sympathie qu’il trimballe mais aussi de l'intelligence du film qui dès qu'il profère un propos (plutôt des lieux communs) raciste ou homophobe le fait contrer par une réplique qui le remet à sa place en le ridiculisant : cassé !

    Incapable de découvrir le moindre indice même quand il saute aux yeux, infoutu de faire la plus petite déduction même sur une autoroute semée de cailloux blancs, les énigmes se résolvent d’elles-mêmes et lui valent les encouragements et l’admiration de ses supérieurs. Devant la réussite de sa mission au Caire, son chef décide de l'envoyer en Iran : "chouette, dit-il, ça me permettra de reprendre l'avion..."

    Autour de lui, deux OSS girls belles et futées craquent malgré tout pour ce bellâtre idiot. Il faut dire qu’il porte le maillot de bain à ceinture et le smoking en alpaga comme un prince et qu’il a beaucoup dû regarder le grand Sean pour pouvoir traverser une salle où tout le monde se retourne sur son passage sans rire et sans être ridicule. Par ailleurs, il apprend l’arabe en trois jours, il chante magnifiquement bien et danse le mambo et le twist à faire pâlir John Travolta, il se recoiffe (raie et gomina) d'un seul mouvement de la main, il articule ses dialogues improbables avec une diction irréprochable.

    Franchement, bouder ce plaisir serait dommage, car « la blanquette est bonne ».

  • V pour Vendetta de James Mc Teigue**

    Ça commençait plutôt bien. Dans un futur proche, un pays vit sous un régime totalitaire : couvre-feu à 23 h (sinon vous risquez de vous faire trucider, ou violer, ou les deux par les membres de la milice qui rôde : « Le Doigt »), tyran qui aboie ses ordres et ses discours via des écrans géants (c’est John Hurt qui s’y colle… oui, oui comme dans « 1984 »), portrait du tyran de 2 m sur 1 dans tous les foyers, expériences médicales réalisées sur des cobayes vivants, déportation des homosexuels et de tous opposants au régime, médias contrôlés par l’état, exercice du pouvoir basé sur la terreur… et j’en passe. C’est de la fiction. Mais tout le monde a reconnu l’Angleterre… et de ce côté-ci de la baguette et du béret, c’est assez comique de voir comment les yankees traitent leurs amis rosbif.

    Une nuit qu’une gentille mignonne, Evey (Natalie-Amidala-Portman) est sur le point d’y passer, surgit hors de la nuit un inconnu à cape noire qui la sauve d’un sale quart d’heure… C’est ici que la cinéphile toujours en quête du super héros prêt à sauver la planète ou à défaut, à rétablir la démocratie là où elle a déserté, s’écrie : « alleluia » !!! Evidemment le héros manie le sabre à double lame comme personne et porte la cape et les bottes de belle façon (Bravo à Hugo Weaving sous le masque : Oscar de l'acteur humble…) mais il porte aussi un masque un peu grotesque (et une perruque à la Chantal Goya), réplique du visage d’un anarchiste du XVIIème qui souhaitait faire sauter le Parlement pour restaurer la souveraineté du peuple. Bien. Et justement, faire sauter le Parlement, Big Ben et tout le tremblement, c’est le but du héros…

    Appelons-le V, pour Vendetta.

    Jusque là tout va bien, c’est beau, bien fait, mouvementé, intrigant et mystérieux. Il y a même de bien belles scènes, comme celle où des milliers d’anonymes masqués comme V, avancent désarmés vers une troupe casquée, bottée, armée jusqu’aux dents (entre autre).

    Là, on a un peu envie de lever la main en signant V, pour Victory...

    Et puis on s’aperçoit que les motivations de V n’ont pour seul objectif que la vengeance personnelle. En effet, dans un autre temps, il fut un cobaye de la médecine qui l’a transformé en steak tartare (d’où le masque) avant qu’il ne s’échappe… ce qui l’a rendu très cultivé, très solitaire, collectionneur, un peu à l’ouest (il se prend pour Edmond Dantès) et immunisé contre les rafales de mitraillette. Devenir poseur de bombinettes par revanche personnelle n’est déjà pas bien glorieux mais ce qu’il fait subir à Evey (Natalie-Skywalker-Portman… qui a vraiment un don pour se mettre dans les pattes de tous les mecs qui sont du côté obscur…) pour qu’elle n’ait plus jamais peur de rien et trouve la liberté est assez hallucinant et inexplicable. Là, est le premier dérapage incontrôlé de ce film qui hésite entre héroïque fantasy, satire politique et histoire d'amour. Et oui, Evey et V s'aiment d'amour. A cela s'ajoute une histoire d'amour lesbien qui tombe comme un cheveu sur la soupe dans la dernière demi-heure du film : on avait compris, avec un peu plus de subtilité, que les homosexuels n'étaient pas les bienvenus (magnifique Stephen Fry)...

    Faire l’apologie de la violence, de la torture (sur et contre la personne qu'on aime le plus au monde. !!!) et du terrorisme pour gagner l’indépendance, je dis NON et excusez-moi, je vais vomir…

  • 16 Blocs de Richard Donner *

    Que peut-on attendre d’un film qui s’intitule « 16 blocs » (4 pâtés de maison in French) ??? Rien. Donc, impossible d’être déçue.

    David Morse mâchouille un chewing-gum deux heures durant (traduction : « je vous la joue cool, mais je suis un ripoux ») et Bruce Willis, flic, bedonnant (bravo les effets spéciaux : un coussin caché sous la chemise et hop le tour est joué), suant, couperosé et ex ripoux tente de se racheter une conduite.

    A un moment, remake cheap de « Speed » : un bus lancé à toute berzingue est sommé de ne pas freiner en plein New-York. Si, si, je vous assure, allez-y voir si vous ne me croyez pas.

    Sinon… euh, l’histoire… j’ai oublié.

    La question existentielle récurrente me taraude à nouveau : Bruce Willis et Harrisson Ford étant hors compèt., qui nous reste t’il pour sauver le monde ???

    Ne me dites pas Collin Farell, vu ce qu’il a fait à Pocahontas, on est dans de beaux draps.

  • April Snow de Jin-ho Hur***

    In-Su et Seo-Young ne se connaissent pas. Ils se rencontrent à l’hôpital où leur conjoint respectif se trouve dans le coma suite à un grave accident de la route. Rapidement ils découvrent qu’ils étaient amants et vivent leur chagrin et leur colère chacun de leur côté dans le même hôtel qu’ils ont choisi face à l’hôpital.

    Quoiqu’ils fassent, ou qu’ils aillent, ils se rencontrent, s’ignorent, s’évitent puis leurs regards se croisent enfin et l’amour qui ne se dit pas, finira pas se faire.

    Si c’est sans surprise, il n’en reste pas moins que c’est admirable et n’est pas sans rappeler le sublime et déjà très silencieux « Locataires » de Kim Ki-Duk. Tout est d’une délicatesse et d’une justesse inouïes. Contrairement à ce côté-ci de la planète, les coréens ne semblent pas être des amoureux très démonstratifs. Du coup, le moindre regard, le moindre baiser, la moindre caresse deviennent torrides. Tout est vibrant, raffiné, subtil. Les deux acteurs, d’une beauté renversante, semblent constamment tendus et fiévreux, tourmentés par la culpabilité de reproduire le même schéma adultérin, partagés entre la tentation de cet amour naissant, impossible et l’attente anxieuse du réveil de leur conjoint…

    In-Su étant technicien de concert, nous assistons à quelques intermèdes chantés vraiment emballants : une séance de répétition d'un rappeur coréen, un concert (style Star'ac) dans un stade-arène. Et tout à coup, cette douce histoire un peu hors du temps s'anime de modernité. Etonnant.

    C’est un mélo avec final déchirant mais sublimé par le savoir faire d’un réalisateur venu du pays du matin calme où il neige en avril…

  • Sophie Scholl les derniers jours de Marc Rothemund****

    Sophie Scholl, 22 ans, étudiante, vit à Munich avec son frère et en 1943, ils sont à la tête d’une organisation pacifique et résistante « La rose blanche ». Ils rédigent et distribuent des tracts, de plus en plus souvent, de plus en plus nombreux dans lesquels ils dénoncent avec les mots la « politique » d’Hitler et le national socialisme. Ils essaient de mobiliser la jeunesse en leur ouvrant les yeux sur les idées rances du nazisme, sur la guerre dévastatrice menée à travers l’Europe, sur le racisme et l’antisémitisme du régime… Le concierge zélé de l’université la surprend en train de jeter des tracts et aussitôt elle et son frère sont arrêtés.

    L’interrogatoire de trois jours qui s’ensuit se transforme rapidement en un véritable duel psychologique où la jeune fille parvient dans une scène magistrale à couper le souffle, à faire vaciller toutes les idées, les « valeurs » de son futur bourreau (très intense et déconcertant Gerald Alexander Held) qui semble fasciné, conquis puis admiratif. Dans la plupart des films, il y a LA grande scène, celle-ci emporte tout.

    Ce film est porté tout entier par une actrice sidérante Julia Jentsch (déjà vue dans « The Edukators » et « La chute »). Sa puissance, son intensité, son beau visage volontaire et obstiné, son calme et sa détermination font de Sophie Scholl une véritable héroïne de roman. Mais Sophie Scholl a réellement existé, hélas, car son destin est foudroyant. Face à ses juges lors d’une parodie de justice, elle est parfaite, imperturbable (à aucun moment, elle ne versera la moindre larme devant ses tortionnaires), ne reniant aucun de ses idéaux, ne trahissant personne, prédisant la fin de l’Allemagne nazie, elle en impose… alors que le juge éructe et vomit ses insultes. Il hurle et s’agite, elle est calme et résolue, étonnamment sereine.

    Ce film intense, dérangeant et bouleversant est traité sans pathos. Bravo.