À LA MERVEILLE de Terrence Malick °°°
Neil aime Marina.
Marina aime Neil.
L'amour les aime.
A la Merveille (le Mont St Michel), ils s'aiment, contemplent la mer, respirent l'air du grand large, courent sur le sable mouvant, se sourient, se caressent le visage.
Ils vivent à Paris avec Tatiana, la fille de 10 ans de Marina.
Elle appelle Neil "papa". Bonheur.
L'amour les aime.
Dans les parcs et jardins de la capitale, Marina sautille, lève les bras vers le ciel et tournicote en gloussant. Neil lui court derrière en soupirant.
Quelque chose manque.
Neil et Marina et Tatiana s'en vont vivre en Okhlahoma, dans un trou.
L'amour les aime !
Le soleil caresse les champs de blé, le soleil rougeoie à travers les branches des arbres... grands, très grands les arbres, les sentiers poudroient, les épis de blé flamboient, les feuilles mortes se ramassent à la pelle et le vent soulève les voilages blancs de la maison au parquet impeccable tantôt vide, tantôt pleine de meubles.
Neil travaille. Il fronce les sourcils. Il y a des matières toxiques dans l'eau. Le monde va mal.
Marina gambade, caracole dans les champs. Elle lève les bras au ciel et fait valser sa robe qui tourne en se bidonnant. Neil essaie de la rattraper en s'agaçant.
Neil fronce les sourcils. Marina porte un stérilet. L'amour fout le camp. Mais les fonds marins sont beaux, les voilages valsent délicatement au vent et le parquet est tout souillé. Neil et Marina se sont battus.
Quelque chose manque.
Marina retourne vivre en France. Tatiana retourne vivre chez son père.
L'amour fout le camp et le père Quintana, missel à la main, doute : "Dieu, je te sens, mais je ne te vois pas".
Neil retrouve Jane une copine d'enfance.
Jane bondit dans les prés, lève les bras au ciel en souriant et tourne sur elle-même. Neil lui court après.
Jane aime Neil. Pas Neil.
Marina revient.
Triste.
Marina trompe Neil.
Colère.
Elle lève les bras au ciel, fait tourner sa robe mais ne rit plus. Elle se confesse et mange l'hostie.
Où est l'amour ? Où est le Terrence Malick de The tree of life, Badlands, La ligne rouge, Le Nouveau Monde ou Les Moissons du Ciel ?
Terrence Malick n'aime plus rien d'autre que sa caméra et les paysages qu'il filme, magnifiquement certes. Mais son cinéma, s'il continue ainsi va ressembler à un interminable et très très ennuyeux interlude. Il déteste les acteurs dont il couvre TOUS les dialogues d'une musique assommante. Seule la voix off fait office de narration et les textes susurrés sont d'une niaiserie affligeante, un ragoût poético gnangnan.
Il n'y a rien.
Rien à ressentir,
rien à aimer.
Et pourtant, la dernière réplique est :
"L'amour nous aime. Merci".
P.S. : Ben Affleck est très très bien !