In the loop de Armando Ianucci ***
Lors d’une interview à quelques jours du vote à l’ONU pour ou contre la guerre, le Secrétaire d’Etat Britannique Simon Foster commet une grosse bourde en employant un mot inapproprié. Le film décrit les réactions en chaînes et en cascades entre Londres et Washington pour tenter de contrer, comprendre ou rattraper la gaffe qui aboutira finalement à l’invasion de l’Irak…
On entre à Downing Street et à la Maison Blanche comme jamais auparavant. Ce n’est pas tant la visite des locaux qui surprend mais plutôt la bande de furieux limite psychopathes qui y sont installés. Entre les politiques, leurs conseillers, les secrétaires, les sous-secrétaires, les luttes, les haines, les coups bas, trahisons et autres peaux de bananes sont l’ordinaire et le quotidien. Les politiques n’ont d’autre ambition que le pouvoir. Les jeunes aux dents longues qui en approchent les arcanes sont prêts à tout pour se faire remarquer. Et au milieu de ce chamboule-tout réjouissant circule une espèce de conseiller en communication, intermédiaire entre tous les sous-fifres et le patron du 10 Downing Street. Responsable de la bonne marche de l’ensemble, ce bonhomme survolté pratiquement capable dubiquité tant il semble être partout et au courant de tout a une caractéristique bien spécifique : il est incapable de s’adresser à quiconque sans l’éreinter sous des tombereaux d’insultes.
Et c’est drôle. Très.
On ne peut que rire et s’esclaffer à la débauche d’injures, au flux ininterrompu de menaces, grossiéretés et autres noms d’oiseaux proférés ici. Toutes les phrases mériteraient de figurer dans un best of ou de devenir cultes. L’envie de prendre des notes pour se distinguer dans les « dîners en ville » démange tant l’imagination pittoresque et métaphorique est délirante et peu commune. Si le nombre de « fuck », « as » et « shit » est incalculable, les images fleuries et colorées abondent également et c’est un régal absolument hilarant.
Evidemment, il faut être prévenu. Apparemment une dame assise pas loin était plutôt « chocking » si j'en juge par le nombre de "rrrrooo" que j'ai entendus, alors que moi j’explosais littéralement de rire !
On rit donc, beaucoup et fort.
Et puis, la décision est prise après un vote et quelques manipulations de la vérité : « il y aurait » devient « il y a »… il n’en faut pas plus pour envahir l’Irak.
Et soudain on est glacé d’effroi.
Une nouvelle fois, le cinéma nous rappelle (comme s'il en était vraiment besoin) que le monde et son avenir, donc le nôtre, sont entre les mains d’une bande de tarés incurables.